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“Ils posent des questions stupides sur un ton impoli et ils croient qu’ils sont courageux. Je préfèrerais qu’ils posent des questions très dérangeantes et incisives sur un ton courtois.” J’ai relevé cette phrase, à propos de journalistes, dans un article d’Ariane Minouchkine dans l’Humanité de ce samedi. Inutile donc d’en dire plus sur ce que je pense de certains journalistes, c’est exactement cela ! Cet article s’intitule par ailleurs “Nous ne nous faisons pas confiance, nous ne nous aimons plus” J’invite les lecteurs de ce blog à y jeter un coup d’œil, surtout s’ils sont de gauche. Cela n’est pas interdit aux autres.
Mais cela m’amène à poser la question : qui lit l’Humanité dans ma ville de 14 000 habitants ? Tout au plus une dizaine de personnes. C’est mieux que rien me direz vous et j’en suis d’accord car ces militants communistes ou sympathisants qui font cet effort seraient privés de cet aliment dont leur engagement à tant besoin. Mais est-ce un effort ? Pas pour moi en tous cas ! Que serait notre pratique quotidienne sans cette rencontre avec un journal qui concentre, expose, développe, accompagne surtout une pensée forgée, modifiée, transformée mais qui supporte un goût profond et ancien pour l’amour, la justice dans le partage ? Toute pensée originelle a besoin d’être consolidée. Le risque est grand de la voir détournée, faussée par les arguments d’opportunité politique. Il en a été ainsi des idéologies et autres théologies qui ont le plus marqué nos civilisations. De quels bords qu’ils soient leurs adversaires ont recours à la critique simple, vulgarisée (pour ne pas dire vulgaire) pour être accessible au plus grand nombre.
C’est la règle du jeu ou la bonne foi et la vérité rencontrent l’hypocrisie et le faux. Parfois même l’hypocrisie est utilisée pour la vérité et la bonne foi sert le faux. Donc personne n’est à l’abri ! Défendre des idées, surtout quant elles concernent nos moyens d’existence et notre position sociale, ce qui est généralement le cas, nous met en position de fragilité face à toutes les dérives idéologiques possibles. D’autant qu’en politique il existe des professionnels de la manipulation, non seulement des idées mais également des faits. Cela s’appelle souvent : faire diversion. Exemple : Un libéral de Droite, comme certains de nos ministres actuels, saura se précipiter sur un fait divers pour faire une loi inutile de plus que des magistrats en colère ne pourront pas appliquer.
Un libéral de gauche s’indignera car l’occasion est trop belle pour prétendre remplacer demain le Ministre indélicat. S’il a des convictions sur le sujet, ce qui est fort possible, nous ne les connaitrons pas Un libéral d’extrême droite réclamera la peine de mort pour obtenir l’appui de la foule horrifiée. Et Dieu sait si ça fonctionne bien ! Pour lui pas d’explications, c’est la loi du talion qui prévaut ? Merci Maitre dira l’accusé ! On décernera au centriste modéré ou à quelque vert passant par là les mérites de la compassion que tout un chacun doit à un être humain fut il un monstre. Si d’aventure on demande l’avis d’un communiste, après avoir rappelé qu’en chine (ou des communistes sont au pouvoir) on ne fait pas de cadeaux aux criminels, on voudra bien vous laisser écouter à une heure très tardive quelque philosophe en capacité de développer le rapport entre l’homme être social, et la société qui le condamne.
On ne vous dira pas que ce dernier, intellectuel par excellence, s’inspire de la tradition humaniste, des lumières voire de la pensée progressiste moderne qui à l’appui du développement des sciences humaines constitue une consolidation de l’idée communiste. Bien sûr il ne vous en fera même pas part lui-même, ce qui est parfois regrettable. C’est ainsi que se forge la pensée unique. De plus sous couvert d’une classe politique on fait en sorte que majorité et opposition ne se distinguent que sur l’apparence. Pour preuve les débats interminables et minables sur la personnalité des hommes ou des femmes politiques qui se substituent aux débats approfondis sur les idées et les programmes. On peut, par la force des choses, être privé de son journal. Cela m’est arrivé dans des lieux et à des moments ou le dialogue s’engage plus facilement avec soi-même qu’avec les autres. Il en découle nécessairement une frustration que la lecture et l’écriture seules atténuent. Mon journal m’aurait sans doute aidé. Mais comme l’on dit souvent, les séparations parfois nous rapprochent.
Pour lire il faut en avoir le temps. Celui qui travaille ou le jeune scolarisé n’en ont guère le temps sollicité par mille autres loisirs ou contraintes sociales (vie de famille, éducation des enfants, engagements associatifs, etc.) La télévision s’impose, se substitue à l’écrit, mais souvent par la médiocrité de certains programmes. L’internet, fabuleux moyens d’information, de communication et d’éducation est un espoir car il permet l’échange. Cela ne résoudra rien si en amont, à l’école, on ne fait pas naitre le besoin de culture. On pourrait penser qu’il y a là une vision bien pessimiste ! Comme si nous entrions dans un obscurantisme moderne ? En réalité nous nous retrouvons dans le contexte des éternels combats d’idée qui ont à voir avec celui des oppositions de classe. Rien de nouveau : cela traverse l’école, l’information journalistique, la justice et tous les corps d’état, police y compris l’armée et la police. Les grands écrivains du 19ème siècle de Balzac à Victor Hugo en passant par Zola nous ont révélé cela dans leurs œuvres. Et cela ne tient que grâce à des adaptations mais le principe est toujours le même : omissions, tromperie, diversion, chantage à la peur ! Et cela n’épargne personne ! Même quand la goutte d’eau fait déborder le vase ce que viennent de révéler les révolutions tunisiennes et égyptiennes, ce qu’ont révélé les grandes révolutions qui ont marqué notre propre histoire, les peuples ont besoin non seulement de forces politiques organisées mais aussi d’une presse à leur service. On se fait toujours voler une bonne part des aspirations révolutionnaires. Un journal contribue à éviter ce pillage.
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