Hortefeux explose tous les records
Posté par jacques LAUPIES le 18 janvier 2009
Le ministre a dressé hier son cynique bilan de vingt mois d’action : plus d’expulsions, plus de retours volontaires et plus d’immigration « choisie ».
Créé il y a vingt mois, le ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale n’a pas chômé : il a expulsé de France métropolitaine 45000 sans-papiers.
Brice Hortefeux, qui doit quitter très prochainement ses fonctions, a dressé hier matin le bilan de son activité devant les journalistes et les ambassadeurs, conviés pour l’occasion. Dans une avalanche de chiffres, le ministre a annoncé qu’il avait dépassé tous les objectifs qui lui avaient été assignés.
Les 26000 expulsions exigées en 2008 ? Hortefeux en annonce 29796, soit une hausse de 28,5% par rapport à 2007, un « résultat sans précédent ». Si l’on ajoute l’outremer (Mayotte et la Guyane dans une écrasante majorité), ce sont 53364 étrangers qui ont été « reconduits à la frontière » en 2008. La lutte contre les fraudes ? 1562 passeurs et 861 marchands de sommeil arrêtés. La baisse de l’immigration familiale au profit de l’immigration professionnelle ?
Pour la première fois, le nombre de cartes de séjour délivrées pour raison familiale passe sous la barre des 90000 titres, avec 85800 cartes attribuées, soit une baisse de 10 %. Le développement « solidaire » avec les pays du Sud ?
Huit « accords de gestion concertée des flux migratoires » signés en vingt mois. Très content de lui, Brice Hortefeux a affirmé que « le véritable changement, la véritable rupture, la véritable nouveauté, c’est que le tiers de ceux qui repartent chez eux le font désormais de manière volontaire ». Ils seraient 10072 étrangers à avoir bénéficié de ces aides au retour en 2008, soit 204 % d’augmentation par rapport à 2007. Ces chiffres sont contestés par les associations de défense des étrangers qui assurent que la grande majorité de ces « départs volontaires » concernent des Roms roumains et bulgares, donc citoyens de l’Union européenne pouvant revenir à tout moment, parfois même plusieurs fois dans une même année. Ignorant le fond des critiques, le ministre a lancé, sardonique : « Il n’y a pas de bonnes et de mauvaises reconduites, la loi s’applique à chacun, qu’il soit européen ou africain. »
Au niveau européen, justement, le ministre s’est félicité de la signature par les 27 du pacte européen sur l’immigration et l’asile : « L’Europe est, enfin, passée aux actes (…). En matière d’immigration et d’asile, plus rien ne sera comme avant. » Une victoire que le ministre attribue, sans rire, à la popularité de son action. “Nous avons gagné la bataille des idées”, s’est-il félicité, assurant que « les principes qui guident la nouvelle politique d’immigration de la France sont désormais quasi unanimement compris et partagés ».
C’est faire bien peu de cas des sondages : deux publiés en moins de quinze jours assurent pourtant tout le contraire. Le 30 décembre, 40 % des personnes interrogées par Ipsos pour le Point déclaraient juger défavorablement son action (contre 30 % favorablement). De même, dans le palmarès des ministres dressé, toujours par Ipsos, le 5 janvier dernier, Brice Hortefeux est classé parmi les sept membres du gouvernement « majoritairement impopulaires ». Bizarrement, le futur ex-ministre de l’Immigration, qui se délecte d’ordinaire des chiffres, a vite oublié ceux-là.
Marie Barbier
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