Droits de douane : dans la guerre commerciale, Donald Trump tire le premier, l’Europe se dit prête « à négocier » et « à réagir »

Posté par jacques LAUPIES le 3 avril 2025

 

Le président nationaliste a annoncé, le 2 avril, l’instauration massive de droits de douane, ouvrant un nouveau cycle dans la mondialisation capitaliste. Avec 20% de taxes annoncées, il place ainsi l’Europe au cœur d’un conflit économique qu’elle n’a pas anticipé. « Depuis le début, nous avons toujours été prêts à négocier avec les États-Unis afin de supprimer les derniers obstacles au commerce transatlantique. En même temps, nous sommes prêts à réagir », a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, jeudi matin.

Monde

 

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Publié le 2 avril 2025Mis à jour le 3 avril 2025 à 07:32

 Droits de douane : dans la guerre commerciale, Donald Trump tire le premier, l'Europe se dit prête « à négocier » et « à réagir » dans POLITIQUE
Donald Trump s’apprête à déclencher, ce mercredi 2 avril une guerre commerciale mondiale en réaction à ses annonces de nouveaux droits de douane sur des produits du monde entier.
© Molly Riley/White House/Planet Pix via ZUMA Press Wire

« Libération Day ». Toujours sujet à la boursouflure rhétorique, Donald Trump a donc fait de ce mercredi 2 avril, une « journée de libération », via l’instauration massive de droits de douane. Les détails du plan ont été annoncés par le président nationaliste en fin d’après-midi (soit en soirée, heure française). Au menu : dès le 5 avril les produits entrant aux États-Unis se verront imposer un droit de douane additionnel de 10 % ; puis le 9 avril des dizaines de pays seront visés par des surtaxes présentées comme « réciproques » par l’hôte de la Maison Blanche qui inclut dans son calcul les mesures non tarifaires – sanitaires ou environnementales par exemple – mises en place par les autres pays. Ces droits de douane là, présentés comme une riposte ciblée, seront de 34 % pour la Chine, 20 % pour l’Union européenne, 46 % pour le Vietnam, 24 % pour le Japon, 26 % pour l’Inde ou encore 31 % pour la Suisse.

« Notre pays a été pillé, saccagé, violé et dévasté par des nations proches et lointaines, des alliés comme des ennemis », a asséné Donald Trump présentant ses mesures comme une « déclaration d’indépendance économique ». Leur nature est des plus claires : engager avec le reste du monde un bras de fer économico-commercial comme jamais depuis la chute du mur de Berlin et l’établissement des règles de la mondialisation.

C’est toujours la même question qui ressurgit lorsque Donald Trump fourbit l’arme douanière : coup de poker ou vision à long terme ? Il a d’ailleurs décalé à ce mercredi 2 les annonces, craignant qu’elles n’apparaissent comme un « poisson d’avril » s’il les dévoilait la veille. Dès son arrivée à la Maison-Blanche, il avait déclenché, une première fois, le mécanisme comme un moyen de pression sur le Mexique et le Canada.

Les gouvernements des deux pays voisins avaient alors accepté de renforcer la présence de leurs forces militaires respectives aux frontières afin de juguler les flux de migrants et de fentanyl, la drogue qui fait des ravages aux États-Unis. On était alors dans la démonstration de force.

La fin d’une ère

En franchissant un cap avec la quasi-généralisation des « tarifs », il s’agit bien plus pour l’hôte de la Maison-Blanche que d’obtenir un levier pour décrocher un « deal » plus favorable. Son objectif déclaré est de faire « revenir la richesse » aux États-Unis.

 

La mondialisation et l’instauration du libre-échange depuis les années 1990 auraient nui à la force économique américaine, profitant en revanche aux voisins proches de l’Alena (accord de libre-échange nord-américain) comme à la puissance émergente chinoise. Or, son diagnostic est contesté par les faits : les États-Unis comptent toujours pour un quart du PIB mondial… comme en 1980. La richesse ne s’est donc pas évaporée. Elle a encore moins été « volée » par des pays émergents.

Donald Trump flatte ainsi le sentiment de déclassement du pays, largement partagé par la base Maga (Make America Great Again). Surtout, il masque la véritable raison du déclassement réel de la majorité de la population du pays : la redistribution vers le haut des richesses à l’œuvre aux États-Unis depuis deux décennies qui conduit le pays à retrouver son niveau d’inégalités sociales des années 1920, soit avant les politiques redistributrices du New Deal.

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Et la « potion » des tarifs douaniers risque fortement d’aggraver la situation en renchérissant le coût de nombreux produits, à commencer par celui de la voiture, objet social symbolique américain s’il en est. Moins de deux mois après son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump doit déjà affronter le scepticisme de ses compatriotes : 53 % (contre 43 %) désapprouvent sa politique économique. Sa promesse de campagne d’amélioration des conditions de vie des classes populaires et moyennes apparaît déjà comme un… bluff.

L’Europe va-t-elle plier ?

Donald Trump achèvera-t-il l’homme malade qu’est l’Europe ? Irrité par un déficit commercial qu’il estime à « 300 milliards de dollars », le président états-unien accélère le tournant unilatéraliste. La Commission européenne conteste ce montant qu’elle évalue à 150 milliards d’euros (157 milliards de dollars) sur les biens, et seulement à 50 milliards une fois pris en compte l’excédent commercial états-unien dans les services.

L’objectif de Donald Trump est triple : lever les barrières non tarifaires mises en place par l’Union européenne à l’instar des normes environnementales et les réglementations sur le numérique ; ralentir la transition énergétique du Vieux Continent afin de remplacer les Russes sur le marché de l’approvisionnement en gaz et en pétrole ; et, enfin, parachever la saignée de l’économie des Vingt-Sept déjà promise, par l’ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, à une « lente agonie » du fait de son retard industriel.

Pour parvenir à son but, Donald Trump cible principalement l’automobile, les métaux – l’acier et l’aluminium sont déjà taxés à 25 % – la pharmacie, les semi-conducteurs et le bois de construction. Autant de filières stratégiques que Washington cherche à attirer sur son territoire.

La Commission européenne juge que les taxes américaines affecteront 26 milliards d’euros de marchandises. « Elles sont mauvaises pour les affaires et encore pires pour les consommateurs. (…) Des emplois sont en jeu. Les prix vont augmenter. En Europe et aux États-Unis », prévient la présidente Ursula von der Leyen. Pour l’heure, Bruxelles joue la montre et repousse à la mi-avril d’éventuelles mesures de rétorsion. Dans sa riposte, l’UE prévoit « d’attaquer les services numériques », a assuré jeudi la porte-parole du gouvernement français Sophie Primas tandis que la présidence de la République a fait savoir qu’Emmanuel Macron réunirait, à l’Élysée à 16 heures, « les représentants des filières impactées par les mesures tarifaires annoncées par les États-Unis ».

« Depuis le début, nous avons toujours été prêts à négocier avec les États-Unis afin de supprimer les derniers obstacles au commerce transatlantique. En même temps, nous sommes prêts à réagir », a de son côté annoncé la présidente de la Commission européenne jeudi matin, ajoutant qu’« il n’est pas trop tard pour répondre aux préoccupations par les négociations ».

La Commission a, en réalité, déjà commencé à plier en délestant le pacte vert, érigé en priorité lors du précédent mandat, de certaines dispositions emblématiques. Il y a enfin ceux qui entendent pousser leur avantage dans le sillage de la Blitzkrieg engagée par Donald Trump. Une partie du patronat européen profite du mouvement trumpien pour déplorer les « entraves » à l’exportation : coût de l’énergie, taux d’imposition, rémunération du travail trop élevée, règles environnementales… l’occasion était trop belle.

Quels secteurs vont trinquer en France ?

Ce qui est traditionnellement un poids pour la France, à savoir son déficit commercial, pourrait pour une fois se révéler un atout face aux décisions de Trump. C’est la dernière note de conjoncture de l’Insee qui le dit : la France sera l’un des pays européens les moins touchés par la guerre douanière des États-Unis, qui ne pèsent que pour 6,2 % soit 60 milliards d’euros en 2024, dans les exportations françaises, contre 8,5 % en moyenne pour l’UE.

Certains secteurs économiques français n’en seront pas moins lourdement pénalisés. En valeur toujours, c’est l’aéronautique qui représente le secteur le plus lourd dans les exportations françaises vers les États-Unis. Mais Airbus a commencé à produire des avions A320 en Alabama et devrait en être exempté sur son modèle le plus vendu. « On ne devrait pas être directement impacté par les tarifs douaniers », a confirmé Guillaume Faury, directeur général d’Airbus, dans une interview à la chaîne CNBC. Ce sont plutôt les sous-traitants français des deux géants – Airbus et Boeing – qui seraient touchés par une hausse de tarifs douaniers de 25 %, d’autant plus qu’ils en étaient jusqu’ici exemptés.

Côté alcool, on reste dans le flou. La menace brandie par Trump de porter les droits de douane sur les vins et spiritueux français à 200 % – soit un triplement du prix des bouteilles – relève d’un véritable embargo. C’était une réaction complètement disproportionnée à la volonté de l’Union européenne de taxer à 50 % le bourbon américain.

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C’est « rigolo » de voir une partie de la droite se joindre à l’extrême droite pour s’en prendre à une décision de justice qui frappe Marine Le Pen alors que ces mêmes « oiseaux » laissent des milliers de justiciables à la merci de procédures desquelles elle a été bien entendu mise à l’abri, comme les Sarkosy et autres anciens ministres, qui peuvent tranquillement « organiser leur défense » (les mots sont faible) alors qu’au vu amitiés voire des complicités existantes ils auraient du être isolés ( voir préventivement internés )

Posté par jacques LAUPIES le 2 avril 2025

« Il faut respecter la justice comme un pilier de notre démocratie » : après deux jours d’attaques contre l’État de droit, Emmanuel Macron sort enfin de son mutisme.

Après deux jours d’attaques incessantes contre la « tyrannie de la justice », contre l’État de droit et de menaces contre les magistrats dans la foulée de la condamnation de Marine Le Pen, Emmanuel Macron est sorti de son silence ce mercredi 2 avril. Se posant en « garant des institutions », il a notamment « rappelé », en Conseil des ministres, « que l’autorité judiciaire est indépendante » et « que les magistrats doivent être protégés et ont le droit d’être respectés ».

Politique

 

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Publié le 2 avril 2025

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Se posant en « garant des institutions », Emmanuel a « rappelé », mercredi 2 avril, en Conseil des ministres « que l’autorité judiciaire est indépendante » et « que les magistrats doivent être protégés et ont le droit d’être respectés », se cantonnant, selon des participants cités par l’AFP.
© Eric TSCHAEN/REA

Son premier ministre a pris le parti de jeter le discrédit sur la justice en se disant « troublé » par la condamnation de Marine Le Pen lundi 31 mars dans le cadre du procès des assistants parlementaires fictifs du RN, le président de la République, lui, s’était réfugié dans le silence. Il aurait fallu attendre deux jours d’attaques incessantes contre la « tyrannie de la justice », contre l’État de droit et de menaces contre les magistrats, pour qu’Emmanuel Macron sorte de son mutisme.

Se posant en « garant des institutions », il a « rappelé », mercredi 2 avril, en Conseil des ministres « que l’autorité judiciaire est indépendante » et « que les magistrats doivent être protégés et ont le droit d’être respectés », se cantonnant, selon des participants cités par l’AFP, à des « principes très généraux » et sans entrer dans le détail du jugement.

« Les menaces sur les magistrats sont absolument insupportables »

Le chef de l’État a aussi affirmé, selon la même source, que « tous les justiciables ont droit au recours » alors que la justice a déjà fait savoir qu’un nouveau procès en appel pourrait se tenir d’ici l’été 2026, soit bien en amont de la prochaine présidentielle.

Depuis lundi, le discours trumpiste clés en main sur le « gouvernement des juges » et une extrême droite « persécutée » bat donc son plein sur les plateaux de télévision et de radio, où le RN a micro ouvert depuis lundi midi, sans contradiction ou presque. Ce mardi, Marine Le Pen, qui était la veille sur au 20 heures de TF1, a tenu à galvaniser ses troupes, tout en distillant quelques éléments de langage : « Le système a sorti la bombe nucléaire parce que nous sommes sur le point de gagner, prétend-elle. On ne se laissera pas faire et nous défendrons le droit des Français de voter pour qui ils souhaitent. » Le président du RN, Jordan Bardella, qui parle de « tyrannie des juges », a annoncé qu’une « manifestation de soutien » se tiendra dimanche après-midi, place Vauban à Paris.

Et le Rassemblement national, outre le soutien de l’internationale fasciste, a pu également compter sur les déclarations de nombre de personnalités de droite. Un climat propice au déchaînement de violences sur les réseaux sociaux où les menaces à l’encontre des magistrats à l’origine de la condamnation se sont multipliées.

C’est dans ce contexte que, devant la presse à l’issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a aussi rapporté les propos du chef de l’État. « Il a rappelé trois choses. La première chose qui est que, évidemment, la justice est indépendante et qu’elle prend ses décisions en toute indépendance et qu’il faut donc la respecter comme un pilier de notre démocratie », a-t-elle dit.

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« La seconde chose pour rappeler que les menaces qui sont faites sur les magistrats sont absolument insupportables et intolérables puisque nous sommes encore une fois dans une démocratie. Et la justice est tout à fait indépendante et doit être respectée », a-t-elle ajouté. « Et la troisième chose pour rappeler que chacun a le droit à une justice équivalente et que le droit est le même pour tout le monde. »

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D’Elon Musk à Viktor Orbán, l’alliance fasciste mondiale vole au secours de Marine Le Pen

Posté par jacques LAUPIES le 31 mars 2025

 

Après le verdict condamnant Marine Le Pen, l’extrême droite mondiale dénonce une décision de justice qualifiée de « politique ». Dans leur pays, ses leaders tentent de miner l’indépendance des magistrats.

Monde

 

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Publié le 31 mars 2025

D'Elon Musk à Viktor Orbán, l’alliance fasciste mondiale vole au secours de Marine Le Pen dans POLITIQUE
Après l’annonce du verdict de Marine Le Pen le 31 mars, ses soutiens fascistes se sont empressés de dénoncer une décision « politique ».
© AP Photo / Paul White

L’internationale fasciste perd l’un de ses poids lourds en Europe. La peine d’inéligibilité prononcée par le tribunal de Paris contre Marine Le Pen a irrité ses semblables au-delà des frontières françaises. La plupart sont engagés dans des bras de fer avec la justice avec des réformes visant à réduire l’indépendance des magistrats pour mieux miner l’État de droit. Viktor Orbán a été l’un des premiers à réagir en postant sur le réseau social X « Je suis Marine ! », détournant sans vergogne le slogan de l’attentat de Charlie Hebdo.

Sur la plateforme, de nombreux comptes étrangers d’extrême droite déplorent « le jour où la démocratie est morte en France », reprenant la rhétorique de Jordan Bardella, qui dénonce une « exécution ». « Dis-moi qui sont tes amis, je te dirai qui tu es », a ironisé sur le même réseau le sénateur communiste Fabien Gay à propos du premier ministre nationaliste hongrois.

« Une déclaration de guerre de la part de Bruxelles »

« Son inéligibilité va certainement provoquer de vives protestations au sein de son parti, mais aussi plus largement des allégations selon lesquelles la démocratie française est niée », prévenait le New York Times à l’énoncé de la sentence. Par la voix de son porte-parole, Dmitri Peskov, le Kremlin s’est justement engouffré dans la brèche : « Nos observations de ce qui se passe dans les capitales européennes montrent qu’on ne se gêne pas du tout là-bas pour dépasser le cadre de la démocratie lors d’un processus politique. »

D’autres têtes d’affiche du camp brun européen apportent leur soutien à la Française, comme Geert Wilders, le leader du Parti pour la liberté néerlandais, qui se dit « choqué par le verdict incroyablement dur contre Marine Le Pen » tout en espérant « qu’elle gagnera l’appel et deviendra présidente de la France ».

Même tonalité à Rome, où le pouvoir néofasciste de Giorgia Meloni est lui aussi engagé dans une chasse aux « juges rouges ». L’exécutif italien tente d’accorder des « pouvoirs illimités » au ministère de la Justice pour mieux réduire celui des procureurs. Face à la décision qui frappe Marine Le Pen, le vice-président du Conseil des ministres Matteo Salvini crie au complot politique : « Ceux qui craignent le jugement des électeurs cherchent souvent à se rassurer par celui des tribunaux. (…) Ce qui se passe contre MLP est une déclaration de guerre de la part de Bruxelles, à un moment où les pulsions belliqueuses de von der Leyen et Macron sont terrifiantes»

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Procès du RN : Marine Le Pen, condamnée à 5 ans d’inéligibilité à effet immédiat, sa candidature à la présidentielle compromise

Le chef de file de la Lega compare ce verdict à la situation roumaine, où le nationaliste Calin Georgescu a récemment été interdit de se présenter à la présidentielle pour « menace contre l’ordre constitutionnel, constitution d’une organisation fasciste et fausses déclarations de financement de campagne électorale ».

« Ils n’arriveront pas à faire taire la voix du peuple français », a tonné de son côté le chef du parti néofranquiste espagnol Vox, Santiago Abascal, qui avait accueilli lors d’un sommet à Madrid en février Marine Le Pen, Viktor Orbán, Elon Musk et d’autres figures de l’internationale fasciste. Le haut conseiller de Donald Trump, toujours prompt à attaquer les juges aux États-Unis, a d’ailleurs également fustigé la « gauche radicale », qui « abuse du système juridique pour emprisonner ses opposants ». Si la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale doit quitter l’échiquier politique, les pions bruns y restent nombreux.

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Elle s’en tire bien malgré tout !

Posté par jacques LAUPIES le 31 mars 2025

Marine Le Pen condamnée : une victoire pour la démocratie et l’État de droit

 
 

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Publié le 31 mars 2025

 

Peu importe la vérité, l’essentiel c’est de raconter l’histoire qui arrange. Après la condamnation de Le Pen et compagnie, la fable du début des années 1990, « Mains propres et tête haute » est définitivement enterrée. Qu’à cela ne tienne ! Désormais c’est « complot anti-RN »« juges rouges corrompus »« verdict politique »« condamnation excessive »« volonté de nuire »… Un conte sur une justice partiale et « politique » qui priverait injustement des millions de Français d’une candidature à la présidentielle, « une justice contre la démocratie » en quelque sorte. Le tout repris en boucle par les leaders du Rassemblement national et les médias Bolloré pour imposer leur récit.

Cette mise en cause de la justice est d’autant plus grave que d’autres que le RN portent ce discours. Les renvois d’ascenseur entre le clan Sarkozy et le clan Le Pen pour s’insurger du sort fait à l’autre sont quotidiens. La droite et l’extrême droite toujours si promptes à réclamer une justice exemplaire et sévère – quand la justice doit simplement faire appliquer le droit – font la démonstration que ce qu’elles réclament c’est pour les autres.

Quitte à jeter aux oubliettes les attendus du jugement qui montrent que « la gravité de faits relève de leur nature systémique, de leur durée, du montant des fonds détournés, mais aussi de la qualité d’élus des auteurs et de l’atteinte portée à la confiance publique et aux règles du jeu démocratique ».

Alors, comment appelle-t-on ceux qui dénoncent une justice indépendante appliquant les lois et protégeant les règles démocratiques ? Qu’est-ce qu’une organisation politique dont l’obsession première, si elle arrive aux affaires, sera de mettre la justice au pas et donc d’en finir avec le principe de la séparation des pouvoirs ? Quand un projet politique a l’odeur, la couleur et la saveur du fascisme, c’est qu’il s’agit de fascisme.

Ne nous leurrons pas, la candidature compromise de Marine Le Pen pour 2027 ne met pas hors jeu le RN et encore moins son projet liberticide et raciste. La surenchère à droite et à l’extrême droite va battre son plein et, comme aux États-Unis, en Israël, en Hongrie ou en Russie, c’est le cœur du modèle démocratique qui sera visé. La responsabilité des forces de gauche pour ouvrir une issue politique est immense. Dans deux ans il sera peut-être trop tard.

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Courrier reçu de Julia Hamlaoui (Humanité)

Posté par jacques LAUPIES le 31 mars 2025

Courrier reçu de Julia Hamlaoui (Humanité) dans POLITIQUE

 

Certaines archives détonent. Ce matin, c’est particulièrement le cas d’une interview donnée par Marine Le Pen, sur Public Sénat, en 2013 dans la foulée de l’affaire Cahuzac. « J’ai entendu le président de la République dire  »il faudrait rendre inéligible à vie ceux qui ont été condamnés »’ – jusque-là j’étais parfaitement d’accord c’était dans mon projet présidentiel –  »pour corruption et fraude fiscale ». Et pourquoi pas pour le reste ? Pourquoi pas pour favoritisme, pour détournement de fonds publics, emplois fictifs… C’est sûr que là, ça ferait tomber un certain nombre de personnes au Parti socialiste et y compris le chef du gouvernement », clamait alors la cheffe de file de l’extrême droite jurant que sa « veste » à elle « est immaculée ».

Rattrapée par l’affaire des emplois fictifs d’assistants au parlement européen dont le verdict doit être rendu dans la matinée, elle a depuis radicalement changé de ton. « C’est ma mort politique qui est réclamée », a dénoncé Marine Le Pen après les réquisitions comprenant cinq ans de prison dont trois ferme, 300 000 euros d’amende… et une peine d’inéligibilité de cinq ans assortie d’une exécution provisoire (y compris en cas d’appel, donc). Depuis, le RN ne cesse de distiller l’idée d’une « justice à charge » malgré les mails, les témoignages et autres agendas trafiqués. Le gouvernement y va aussi de son couplet Gérald Darmanin, désormais ministre de la Justice, ayant estimé qu’il « serait profondément choquant que Marine Le Pen soit jugée inéligible » quand François Bayrou – relaxé en première instance dans une affaire de même nature – jugeait à l’automne, avant son arrivée à Matignon, que ce « serait un problème »… S’il y a une forme de pression sur la justice, elle vient sans doute davantage de ce battage.

Retrouvez le verdict sur l’Humanite.fr dans la matinée et les autres infos qui font l’actu de ce lundi. À commencer par les menaces de Donald Trump contre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, ou encore la grève dans l’audiovisuel public…

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