Alain Sylvere Tsamas, le délégué CGT envoyé devant les tribunaux par Monoprix pour avoir défendu un directeur de magasin
Le délégué syndical accuse l’enseigne de l’avoir assigné en justice à quatre reprises en quatre ans, pour le punir d’avoir pris ses responsabilités dans un cas de harcèlement moral.
Se retrouver devant un tribunal constitue généralement une expérience sortant de l’ordinaire. Mais pour Alain Sylvere Tsamas, l’exception a tendance à se répéter : en quatre ans, ce délégué CGT assure avoir subi quatre assignations en justice de la part de son employeur, Monoprix, avec deux passages en cour d’appel et un en Cour de cassation. Ce mercredi, il devait être entendu par le tribunal de Nanterre (Hauts-de-Seine), poursuivi par le groupe de grande distribution pour diffamation.
Le syndicaliste explique pourtant n’avoir fait que son devoir, en défendant publiquement un directeur de magasin qui s’estimait victime de harcèlement moral. « Ce directeur en souffrance m’a raconté le calvaire qu’il a vécu pendant deux ans, explique le délégué CGT. Il a consigné dans un dossier tous les faits d’humiliation qu’il subissait de la part de son directeur régional. Depuis, il a été rétrogradé dans un magasin plus petit, ce qu’il a vécu comme une punition. »
Des posts qui rendent la direction furieuse
Dans plusieurs posts publiés sur les réseaux sociaux en janvier et février 2025, Alain Sylvere Tsamas accuse l’enseigne de ne pas avoir mené d’enquête digne de ce nom sur l’affaire. Furieuse, la direction le met en demeure, le 24 février, de supprimer l’ensemble des publications au motif qu’elles présenteraient un caractère « dénigrant et diffamatoire », illustrant une « intention manifeste de nuire à la société Monoprix ».
Devant le refus du syndicaliste, elle décide finalement de l’assigner en justice, demandant au tribunal de lui ordonner de supprimer toutes les publications, sous astreinte de 1 000 euros par jour de retard. De son côté, l’élu CGT dénonce une procédure abusive, visant à l’empêcher d’exercer son activité de syndicaliste.
Organisons partout des rencontres pour des lectures collectives du livre de Fabien Roussel, un livre fait pour les travailleurs divisés dans les fractures sociales et démocratiques d’une France affaiblie, divisés par la guerre idéologique d’un capitalisme mortifère organisant la dérive à l’extrême-droite pour interdire toute unité populaire.
Ce livre est un outil pour passer aux travaux pratiques de nos derniers congrès, reconstruire l’organisation du parti dans les liens avec le monde du travail. Il est la meilleure contribution à la préparation des élections de 2026 !
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Le « parti-pris du travail », un fil menant vers la société socialiste
J’ai lu avec plaisir et grand intérêt le le « Parti-pris du travail », dernier livre de Fabien Roussel. Le livre est bâti sur les échanges profonds que le secrétaire national du PCF a entretenus avec des travailleurs de tous milieux et de toutes professions. Il est rédigé avec son franc-parler habituel. Partant des réalités concrètes, des contradictions criantes du capitalisme, du vécu des travailleurs, et posant la question centrale du travail, Fabien Roussel tire un fil fructueux. Il relie les problématiques de notre société française et porte loin la réflexion, vers le travail pour tous entraînant la fin du chômage et du RSA, vers un travail émancipateur et non plus aliénant, car cessant d’être inscrit dans un rapport « alimentaire » pour retrouver sa pleine dimension de créativité. En saisissant ce fil et un certain nombre de ses ramifications, il dégage une perspective nouvelle, une société radicalement transformée, de la réalité concrète de la crise capitaliste, vers une société répondant aux aspirations populaires profondes, du présent, vers un futur non pas à imaginer, mais à construire dès aujourd’hui, collectivement. Il suit ainsi le conseil de Lenine : saisir le maillon qui permet de faire bouger l’ensemble de la chaîne.
Ce fil du travail renoue avec la conception historique portée par les communistes (comme Ambroise Croizat) lors de la modernisation de la France en 1945 – 1946. La création de la sécurité sociale est basée sur le travail. Le travail ouvre les droits : la participation à la production collective est la clé de l’acquisition de la protection sociale. La cotisation sociale prélevée sur le produit du travail, et ouvrant, à partir du travail, les droits à la retraite, à la santé en est le symbole. Sur France Inter, il y a quelques jours, un auditeur, se disant partisan de Bernard Friot (qui promeut un « salaire à vie » déconnecté du travail et de l’emploi) lui en a fait reproche, la « vraie liberté » serait le salaire sans le travail. Mais qu’achète le salaire sans la production apportée par le travail collectif organisé ? L’auditeur soutenait que le projet, porté par Fabien Roussei, maintenait le « marché du travail », institution capitaliste. Or, c’est précisément le point de rupture : en proposant de faire du travail non seulement undroit (ce que prévoit déjà la constitution française) mais une réalité effective, Fabien Roussel attaque la notion même de marché : toute personne en âge de travailler a soit un emploi, soit une formation. Ce serait un fait et plus seulement un droit « théorique ». Dans le marché capitaliste, nous dit Marx, le prolétaire n’a rien pour vivre, sauf la vente de sa force de travail. Cette vente (forcée) s’effectue sur un marché tenu par et pour la classe capitaliste. N’ayant rien d’autre pour vivre, le prolétaire est contraint de se vendre aux conditions fixées, celles de la rentabilité du capital. C’est de cette contrainte dont Fabien Roussei suggère de sortir et cela supprime l’organisation de l’accès au travail comme marché capitaliste :« Pour le capitalisme, les chômeurs, les précaires, les travailleurs sans-papiers représentent une armée de réserve, utilisée pour peser sur le coût et les conditions de travail. Dans notre projet de société, cette armée sera supprimée en garantissant à chacun un emploi ou une formation, sans perte de revenu ». Le travail, cessant d’être soumis et alimentaire, devient créateur et émancipateur. En mettant cette question au centre de sa perspective politique, Fabien Roussel rejoint Marx, pour qui le travail, dans la perspective de la société communiste, doit progressivement cesser d’être une obligation et devenir le premier besoin vital.
Cette proposition, appelée « sécurité emploi formation » fiigure déjà au programme du PCF. Fabien Roussel rappelle sa formulation initiale par Paul Boccara et son évolution, notamment lors du dernier congrès. Ce qui est proposé, c’est« une véritable sécurité sociale professionnelle, financée par les cotisations des salariés et des entreprises, comme c’est le cas pour la santé ou les retraites ». Fabien Roussel en fait un levier de questionnement général des rapports sociaux.
Il remet par cela en cause la politique des 40 dernières années, celle de la désindustrialisation et du chômage de masse, de la financiarisation, de la déréglementation de la mondialisation, de l’évasion fiscale, de la subordination de la politique à la toute-puissance de ce capital libéré de toute règle (ou presque). La réalisation de ce nouveau rapport au travail implique de sortir de cette destruction néo-libérale. Là aussi, le « Parti-pris du travail » nous ramène à la modernisation de 1945-1946 : les communistes menèrent alors une intense campagne liant l’avenir et l’indépendance de la nation à celle du développement des forces productives : la« bataille de la production ». Les mineurs mènent la bataille du charbon, Marcel Paul crée EdF et Frédéric Joliot-Curie le Commissariat à l’Energie Atomique. Le PCF opposait l’indépendance de la nation à toute subordination économique. La France devait se développer sur ses propres bases, en coopération ouverte avec le monde et non cadenassée dans le système euro-atlantique dont les USA entamaient la construction pour défendre le capitalisme face au socialisme soviétique. La bourgeoisie française renaissant de la honte de la collaboration était alors passée de la soumission à l’Allemagne à celle aux USA. Les accords Blum-Byrnes, le plan Marshall ont ouvert le marché aux produits US. La RFA a été crée comme « rempart face au communisme » et sa reconstruction industrielle placée (déjà) en priorité. La CECA, la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (ancêtre de l’UE) assurait l’alimentation de ce potentiel industriel allemand en matières premières (notamment en minerai de fer, le fer lorrain étant en partie envoyé en Allemagne). La création de l’OTAN acheva l’édifice. Les communistes, écartés du pouvoir et les travailleurs réprimés dans le sang en 1947 – 1948 ne cesseront de s’opposer à cette politique qui reprendra de plus belle après l’éviction de De Gaulle en 1969 et la Mitterrandisation de la « gauche ». On sait où cela nous a mené.
Fabien Roussel reprend cette ligne. Il faut produire en France, il faut investir massivement et développer les forces productives, comme base incontournable de l’amélioration des conditions de vie, de la modernisation nationale et de l’émancipation sociale. Fabien Rousselrejoint ici un autre fil, déjà posé par le PCF ces dernières années, le Plan Climat. Les militants, les ingénieurs et techniciens ont accompli un remarquable travail sur la transition écologique et la décarbonation de l’économie française. Ils en ont tiré un plan qui démontre que celle ci est possible, non dans une perspective régressive, mais dans le développement d’énergies et de modes de vies nouveaux, par un puissant élan de modernisation et de transformation sociale. La mise en place d’une planification économique d’ensemble, la nationalisation des filières stratégiques, un immense plan éducatif et de formation, le changement radical des rapports au sein de la production pour redonner l’initiative à la créativité des collectifs de travail permettraient d’accroître massivement la production électrique, de décarboner l’industrie et le logement et d’améliorer considérablement la qualité de vie. Fabien Roussel tisse ce fil avec celui du travail comme socle social collectif. Nouveau rapports de travail, fin du chômage, nouvelle politique énergétique, réindustrialisation, planification et nationalisation des actifs stratégiques, c’est bien plus qu’un programme ponctuel, ça devient un projet de nouvelle société.
Pour y parvenir, il faut s’appuyer sur les forces sociales, la classe ouvrière, le peuple de France. Fabien Roussel l’exprime avec clarté : pour changer les choses, il faut une prise de conscience de classe :« Prendre conscience que nous appartenons à une même classe et que nous avons des intérêts communs à défendre est déterminant pour pouvoir reprendre en main notre destin. Cette conscience de classe ne se décrète pas. Elle se construit. C’est le rôle des syndicats, quand ils unissent les salariés à partir de ce qui leur est commun, autour de leurs revendications. C’est le rôle du Parti communiste français. »Le parti communiste a tout son rôle à jouer, en se saisissant de ces fils qui, la popularité de Fabien Roussel le confirme, rencontrent des échos significatifs dans la population. Saisissons-nous collectivement de cet ouvrage pour porter ce débat du travail (en l’adaptant à chaque contexte) le plus largement possible dans la société, dans les villes, villages et quartiers, dans les collectifs de travail, dans les organisations des travailleurs et les associations populaires. Le livre est riche de réflexions et de propositions. Il faut le lire, le partager, le faire lire et encourager à l’acheter largement.
Cette construction peut s’enraciner autour du livre. Il ouvre de nombreuses perspectives que ce seul article est loin de résumer. De nombreuses questions peuvent être collectivement travaillées pour ouvrir et animer le débat, lutter et préparer l’avenir. Donnons quelques pistes, non exhaustives :
Le travail, les collectifs de travail et l’unité des professions, des cultures et des métiers ;
Les attaques contre le monde du travail et contre l’unité des travailleurs n’ont pas été que juridiques ou économiques. Le sens du travail, le sentiment de solidarité et la confiance entre les travailleurs, entre les professions ont été violemment attaqués. L’instinct et la conscience d’utilité du travail est, dans la société capitaliste, constamment rejetée par l’autorité de direction du capital pour être remplacée par la recherche du profit maximal, y compris, jusqu’à la destruction d’usines ou d’installations jugées superflues ou insuffisamment rentables mais aussi, au quotidien dans des décisions constantes sur chaque détail de la production et du service. C’est également détaillé dans le livre . Le sens profond du travail, c’est la satisfaction des besoins par la production de biens et services utiles et de qualité. La contradiction avec la recherche de profit est permanente. Les véritables services publics ne sont pas autres choses que des secteurs dans lesquels, le sens de l’utité générale a été mis au dessus de la recherche de profit. C’est pourquoi les (véritables) services publics doivent légitimement être placés hors de la propriété capitaliste. La reconquête collective du véritable sens, de la véritable utilité du travail est à mener dans tous les secteurs et à partager. Elle est labase de la réaffirmation de la conscience de classe et le point d’appui nécessaire pour toutes les transformations à venir.
Il faudra imposer dans les colllectifs de travail ce vrai sens du travail. Il faudra aussi imposer et organiser l’embauche des jeunes ou adultes après leur formation. Cela ne peut se faire « d’en haut », ou par des seules lois (pensons aux difficultés d’application des lois existantes imposant par exemple 5 % de travailleurs en situation de handicap dans les entreprises). Seul le collectif de travail pourra redonner du sens au travail collectif, réorganiser la production sur des bases plus rationnelles, créer les conditions d’intégrer des jeunes ou des adultes en formation, des salariés en situation de handicap ou des personnes en précarité sociale. Débattre de ces questions, c’est déjà trouver des leviers pour combattre les mesures anti-sociales, tout en créant déjà les conditions pour la profonde transformation nécessaire.
Planifier et contrôler la réindustrialisation :
De la même manière, les réinvestissements majeurs dans l’industrie, les infrastructures, les capacités de production ne peuvent être totalement laissé ni au marché, ni à l’état capitaliste actuel, ni à des banques, fussent-elles contrôlées par ce même état, c’est à dire par le ministère des finances, dans ces rapports là, on voit tous les jours qui contrôle, et dans l’intérêt de qui …
Le développement industriel est un écosystème. Une industrie ne va jamais isolée des autres. L’industrie de base (acier, métallurgie, chimie …) a besoin des débouchés que lui offre l’industrie finale, et réciproquement. Les deux doivent être reliées par des moyens logistiques performants, au sein desquels le fret ferroviaire joue un rôle essentiel. L’ensemble doit être soutenu par une production énergétique adaptée. Tout cela est pensé et mis en mouvement par l’énergie et la clairvoyance de millions de travailleurs professionnels, compétents, conscients et engagés dans leur travail. Eux-même ont besoin de se loger avec leur famille, de nourriture, d’éducation, de santé etc. Si un maillon est affaibli, l’ensemble de la chaîne est bloquée. Fabien Roussel, présent sur tous les terrains de lutte en donne de multiples exemples. A l’inverse, s’il s’agit de développer, de réindustrialiser, il faut penser ensemble chacun des développement nécessaires et les coordonner dans leur développement en nouant les relations internationales nécessaies.
Aujourd’hui, les décisions stratégiques de l’état sont limitées et engluées par les intérêts particuliers des principaux secteurs de la classe bourgeoise et les abandons sucessifs de souveraineté. Les décisions des banques et des groupe industriels sont centrées sur le profit de court terme. Il faut ici revenir aux enseignements de la Commune de Paris, qui n’avait pas osé saisir la Banque de France. Pour changer le cours des choses, il faudra que la classe du travail ait la main sur les centres de décisions, pas seulement au parlement mais aussi sur le terrain, dans les entreprises et dans les banques, dans les organes de planification, au niveau central et dans les branches stratégiques. C’est cela« se réapproprier l »outil de travail »et cela passe aussi par des changements dans les rapports de propriété. De celà aussi, il va falloir ouvrir le débat dans chaque entreprise.
L’état et le pouvoir de classe
Tout cela pose une question clé qu’on ne peut éluder, celle du pouvoir d’état, du pouvoir politique comme pouvoir de classe. « La nationalisation se pratique dans un état capitaliste, la socialisation nécessite un état socialiste », disait Benoît Frachon. Le peuple est la seule sourcede créativité, disait Mao. Il est la seule force capable de résoudre les contradictions. Les expériences socialistes du 20e siècle ont abouti à l’idée généralement admise aujoud’hui que l’état, fut-il populaire et démocratique et la planification ne peuvent pas régler toutes les questions économiques. Que laisser une place, même importante à des formes d’économies de marchés est nécessaire et favorable au développement. A l’inverse, l’expérience des dernières décennies montre que la puissance du capital ( et ses appuis étrangers) lui permet de subvertir dangereusement l’état capitaliste, la presse et les médias ainsi que les différents rouages et institutions parlementaires, juridiques, culturelles … Le capital est hautement corrosif et corruptif. Pour remettre la France sur la voie du développement et des « jours heureux », il faudra envisager d’expulser la classe bourgeoise de son rôle dirigeant (qu’elle n’a en réalité jamais lâché depuis plus de 200 ans) et substituer une véritable démocratie socialiste, dans laquelle la classe du travail assume la direction de la société.
C’est reprendre l’ouvrage historique de la Commune de Paris. Les changements mondiaux qui s’accélèrent rendent, chaque jour davantage, cette perspective à la fois possible et nécessaire.
Sexualité : les jeunes Français remettent en question le couple hétérosexuel et le genre, selon une étude
Une étude montre un recul, très net, de la norme hétérosexuelle chez les jeunes de 18 à 29 ans, mais aussi les germes d’un profond bouleversement de la place des genres, des identités sexuelles, voire de la sexualité elle-même.
Celles et ceux pour qui une famille, selon le fameux slogan de la Manif pour tous, c’est « un papa et une maman », pourraient se rassurer à bon compte : dans une note publiée le 29 avril, l’Ined (Institut national d’études démographiques) réaffirme que l’hétérosexualité reste majoritaire chez les jeunes. Mais en rester là ce serait vraiment, selon l’adage bien connu, rester le regard fixé sur le doigt du sage quand celui-ci désigne la Lune.
Car cette note, qui tire les enseignements d’une enquête menée en 2023 auprès de plus de dix mille personnes de 18 à 29 ans, montre surtout que cette génération est en train de remettre profondément en cause notre modèle social hétéronormé. Et cela est particulièrement vrai chez les jeunes femmes qui ont, soulignent les auteurs, « vécu leur adolescence pendant la montée du mouvement #MeToo en France (dès 2018) ».
Une montée de la diversité sexuelle, surtout chez les jeunes femmes
Premier enseignement : « Les personnes appartenant aux minorités sexuelles sont de plus en plus nombreuses, en particulier chez les jeunes ». Ainsi, près d’une jeune femme sur cinq (19 %) et 8 % des jeunes hommes « ne se définissent pas comme hétérosexuel·les ». Entre 2015 et 2023, la proportion de jeunes femmes et de jeunes hommes se définissant comme hétérosexuels a considérablement reculé, surtout chez les premières : en 2015, 98 % d’hétérosexuels et 97 % d’hétérosexuelles ; huit ans plus tard, les premiers sont 93 % et les deuxièmes seulement 84 %.
Ce mouvement s’accompagne, écrivent les auteurs, « d’une diversification des identifications ». La pansexualité (attirance pour des personnes indépendamment de leur sexe) ou l’asexualité (absence d’attirance sexuelle envers autrui) sont venues s’ajouter aux catégories plus connues de l’homosexualité ou de la bisexualité.
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On dénombre ainsi 3 % d’homosexuels et de bisexuels chez les jeunes hommes, et environ 1 % de pansexuels (et autant se définissant comme « autres »). Chez les jeunes femmes, c’est 10 % de bisexuelles, 5 % de pansexuelles, 2 % d’homosexuelles (et là aussi, la même proportion d’« autres ») : « C’est donc particulièrement chez ces dernières qu’on peut lire en creux un recul de l’identification à l’hétérosexualité », souligne la note de l’Ined.
Dans les relations, la sexualité n’est plus forcément centrale
Les auteurs avancent quelques explications à ces évolutions visibles. D’abord, un « effet thermomètre » dû à « une plus grande acceptation et une meilleure saisie dans les enquêtes statistiques de ces populations » : autrement dit, on ne voit que ce que l’on veut bien regarder, et si elles existaient déjà, jusqu’à ces dernières années ces catégories de sexe ou de genre n’étaient pas bien regardées – dans tous les sens du terme, devrait-on ajouter.
En outre, si parmi les nombreux chiffres de l’enquête la proportion des nouveaux types de sexualités croît parfois considérablement, et celle de l’hétérosexualité recule, on observe « une relative stabilité de l’attraction exclusive pour le même sexe ». Cela montre que « l’élargissement de l’espace des possibles sexuels, amorcé avec la reconnaissance des homosexualités, se poursuit aujourd’hui », en ajoutant de nouvelles pratiques « qui ne font pas du féminin et du masculin un aspect nodal de leur vie sexuelle ». Voire qui traduisent, dans le même mouvement, « une mise à distance de la place centrale donnée à la sexualité dans les relations » sexuelles et sentimentales.
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Ce qu’on observe c’est donc bien, sinon la remise en cause complète, en tout cas la mise en question du fonctionnement hétéronormé de notre société. Non seulement les personnes appartenant à des minorités sexuelles sont de plus en plus nombreuses chez les jeunes, mais elles sont « plus visibles et davantage reconnues socialement » :« L’idée que le désir soit orienté vers un seul sexe est de moins en moins la norme », conclut la note.
Cela se vérifie « en particulier chez les femmes » et dénote « un changement de sensibilité et de perception vis-à-vis des rapports entre hommes et femmes largement porté par ces dernières. » Comme quoi, plus que jamais, la femme est l’avenir de l’Homme.
Les boulangers et fleuristes « empêchés » de travailler le 1er mai ou comment se faire rouler dans la farine Laurent Mouloud
L’éditorial de Laurent Mouloud
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Publié le 30 avril 2025
Mais quel est donc « l’angle » de ce 1er Mai ? On imagine les rédactions des chaînes d’info en continu suant à grosses gouttes face à cette angoissante question. Fort heureusement, les lobbys patronaux, bien relayés par une opportune proposition de loi centriste soutenue par le gouvernement, leur ont livré la réponse sur un plateau : les sympathiques boulangers et fleuristes « empêchés » de travailler…
Depuis deux semaines, ça tourne en boucle. Élus de droite et médias bollorisés, pris d’une soudaine empathie sociale, rivalisent de témoignages sur la nécessaire « liberté » que devraient avoir ces patrons artisans de faire bosser, en ce seul jour chômé – et payé – de l’année, les salariés souhaitant arrondir leur fin de mois. Personne ne doit être dupe. En faisant mine de défendre le pouvoir d’achat, les libéraux de tout poil, cyniques au possible, utilisent le temps symbolique du 1er Mai pour mieux en démolir la portée, et le droit du travail avec.
Cette offensive idéologique est la même que celle menée pour le travail du dimanche. « Payé double », sur la base du « volontariat », disaient-ils. Pour aboutir aujourd’hui à une quasi-libéralisation, des majorations – quand il y en a – autour de 10 % et un volontariat mué en passage obligé…
Cette nouvelle croisade des apôtres du « travailler plus pour gagner plus » montre combien les conquis sociaux ne sont jamais des acquis. Ils seront toujours à défendre. Et ce 1er Mai est crucial pour le rappeler. Ce n’est pas en sabrant des jours fériés que les fiches de paie vont gonfler. Mais bien, comme le montre le combat syndical, en luttant pour négocier de véritables augmentations de salaire.
Cette revendication sera au cœur des cortèges. Tout comme le refus des 40 milliards d’économies budgétaires prévues sur les dépenses publiques. Une saignée qui risque d’asphyxier un peu plus les collectivités locales, les services publics. Et de dévitaliser des territoires où, justement, boulangeries et fleuristes peinent à se maintenir… Ce simple paradoxe devrait pousser ces derniers à battre le pavé demain. Plutôt que de se faire rouler dans la farine par leurs prétendus défenseurs.
Amélie de Montchalin annonce la « fusion ou la suppression » d’un tiers des agences de l’État
Invitée de CNews et Europe 1, la ministre des Comptes publics a annoncé, dimanche 27 avril, vouloir tailler sévèrement dans l’organisation de l’État dans un objectif de réduction du déficit public. Quitte à supprimer un nombre important d’emplois publics.
Cela se confirme de jour en jour : le budget 2026 sera une véritable saignée. Nouvelle indication, ce dimanche 27 avril, avec les propos de la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin. Invitée de CNews et Europe 1, celle-ci a annoncé que le gouvernement souhaitait « d’ici à la fin de l’année », et dans le cadre du prochain projet de loi de finances, acter la suppression ou la fusion d’un tiers des agences et des opérateurs de l’État. Un choix qui sera fait, selon elle, en tenant compte de la nécessité « que nous réduisions notre complexité, que nous remettions un État plus fort, plus efficace sur le terrain ».
Derrière ce charabia propre à la novlangue macroniste, c’est une véritable purge qui se dessine. « L’État va faire du ménage dans son organisation », a-t-elle ensuite détaillé, assumant que le nombre d’emplois publics sera réduit. « Parce que nous demandons des efforts collectifs, il faut que nous soyons irréprochables. On va faire des économies de fonctionnement, rapprocher des équipes, donc il y aura moins d’emplois publics à la clé, a-t-elle poursuivi. Aujourd’hui, il y a 180 000 personnes qui travaillent dans les agences et opérateurs. C’est-à-dire plus que le nombre de gendarmes dans le pays ! ». Pour connaître les modalités précises de cette opération, Amélie de Montchalin a renvoyé à la mi-mai : « Je serai auditionnée par une commission du Sénat, je ferai des annonces à ce moment-là ».
L’agence bio, l’Ademe et l’OFB en danger ?
Si la ministre n’a pas spécifié quelles agences, ni quels opérateurs, allaient être « fusionnés ou supprimés », elle a toutefois précisé que les universités ne seraient pas incluses. Reste que, ces derniers temps, des entités bien précises étaient dans le collimateur du gouvernement ou de la droite parlementaire.
C’est notamment le cas de l’Agence bio, créée en 2001, avec pour mission de promouvoir le bio, analyser son marché et financer ses filières. Mais aussi de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) ou de l’Office français de la biodiversité (OFB).
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Une politique austéritaire que le gouvernement justifie par la volonté de réduire le déficit public qui s’est creusé, en 2024, et par son action, à 5,8 % du PIB. Pour le ramener à 5,4 % dès cette année, l’exécutif table sur près de 50 milliards d’euros d’économies en 2025. Pour 2026, l’objectif est de l’abaisser à 4,6 % du PIB. Ce qui passera par plus de 40 milliards d’euros de coupes drastiques. Donc un affaiblissement considérable des services publics.