La nécessité d’un Parti Communiste (suite)
Posté par jacques LAUPIES le 8 juillet 2008
LES DIRIGEANTS COMMUNISTES D’HIER MERITENT ILS L’ANATHEME ?
En 1920 Lénine ne disposait que de l’expérience, et ce n’était pas rien, d’une révolution accomplie qu’il avait de plus contribué à faire triompher. Il mesurait bien à juste titre le rôle négatif que pouvaient jouer ceux qu’il appelait « les petits patrons » dans la transformation de la société. Mais bien entendu il n’était aucunement question de les éliminer : « il faut faire bon ménage avec eux » écrivait-il !
Le méthodes appliquées par le pouvoir soviétique par la suite, sous l’impulsion de Staline ne paraissent pas devoir lui être attribuées. Staline se voulut dictateur au nom du prolétariat. Il le fut au nom d‘un Parti qui ainsi se substitua à la classe ouvrière et au peuple. Comme tout « dictateur » il ne fut pas le seul à vouloir régler brutalement toute opposition en l’étouffant.
Mao que nombre d’intellectuels et hommes politiques ont de son temps à la fois adoré et fustigé fut le dirigeant d’une révolution extraordinaire qui ne fut tout de même pas étrangère à la construction de la Chine moderne. Il fut d’ailleurs de ceux qui dans l’erreur la plus cruelle tenta de corriger les mécanismes du pouvoir exercé par le Parti Communiste en déclenchant une révolution culturelle dont l’extrémisme aboutit, comme cela est souvent le cas, à liquider les meilleurs éléments de la société chinoise et sans doute du Parti. En cela il rejoignit Staline ce qui peut paraitre paradoxal dans une démarche ou il voulait combattre l’immobilisme politique.
Fidel Castro subit les mêmes critiques de totalitarisme ! On oublie un peu vite le poids qu’a pu avoir la contre révolution cubaine soutenue par les Etats Unis dans le durcissement du régime à l’égard d’opposants dont la façade démocratique n’est certaiinement pas exempte d’arrières pensées revanchardes.
Dans la France de ce début de siècle les inquiétudes d’essence différente, voire opposée, à celle d’un Mao ou d’un Lénine voire d’un Fidel Castro ont-elles une raison d’être reprises par les communistes au point d’envisager les mêmes voies ! Il n’y a que les propagandistes du libéralisme économique pour le prétendre. Mais il est vrai qu’ils sont nombreux dans les médias à le suggérer ou pour le moins à l’insinuer et que cela à un impact dans toutes les couches de la population
Dot-on pour autant renoncer à se doter d’un parti avec une « discipline de fer » ? ou toutes les rigueurs de l’action et de la morale politique seront respectées,
Quand les forces populaires exercent un fort pouvoir avec des contenus radicalement transformateurs il faut s’attendre à des violences de la classe dominante. Nous n’en sommes pas là mais lorsque cela s’est produit (l’expérience chilienne en a été la démonstration éclatante) la grande bourgeoisie sait faire et notamment utiliser ces fameux « petits patrons » auxquels il y a bientôt cent ans de cela Lénine faisait allusion. La France est la France, elle a un peuple plus vigilant que ne peuvent l’imaginer les apprentis du pouvoir personnel ou de parti et la tradition démocratique est bien ancrée malgré quelques aléas de notre histoire dont certains remontent au siècle dernier.
Les communistes français doivent donc s’inscrire dans ce contexte. Ils doivent prendre en compte la conscience réelle des catégories sociales objectivement intéressées à tout pas en avant et travailler à la constitution d’un rassemblement majoritaire. Mais pour que ces catégories ne faillissent pas dans leur soutien à des transformations révolutionnaires de notre société, bien que ne rejetant pas l’alternance et le respect du suffrage universel les communistes doivent disposer d’un Parti
Cela ne les dispense pas, bien au contraire de s’organiser et de se structurer en parti capable d’assumer toutes les situations possibles face au développement de la lutte des classes. Y compris celle que nous connaissons aujourd’hui dans notre pays. Cela est son affaire et ne concerne que lui mais également devant les procès d’ntention fait en permanences aux politiques il doit donner l’exemple dans le rapport que ses membres (notammet elus de la population et pernanents salariés) peuvent avoir au titre de leur fonction dans la société.
La « discipline de fer » est certainement un terme qui ne convient plus, tout autant que celui de « dictature du prolétariat » ! Je leur préfère et de loin la discipline d’une démocratie absolue face aux démocraties de façade, trompeuses des partis de la bourgeoisie qui sont de véritables passoires laissant filtrer les idées et les intérêts défendus par le pouvoir de l‘argent qui lui ne connaît pas la démocratie.
Si j’ai cité cet extrait de « la maladie infantile du communisme » de Lénine ce n’est pas pour le plagier béatement mais il a tout de même, en tant que premier dirigeant, ébranlé le monde capitaliste pour reprendre l’expression de John Reed. Cela mérite considération. Morale sans doute mais aussi et surtout théorique.
Je n’hésiterais pas à évoquer non plus le nom de Maurice Thorez et de Jacques Duclos que certains communistes de mes contemporains n’osent plus prononcer. Non pas parce que j’ai tout apprécié d’eux et de ce parti auquel j’ai adhéré en 1962. Mais il faut savoir que la jeunesse la plus consciente n’a que faire des procès faits à ceux qui parlent pour elle et parfois comme elle. Lorsque elle ne peut s’exprimer et doit subir l’injustice sociale et, ce qui est pire, la violence (ce qui était le cas de ma génération avec la guerre d’Algérie) les erreurs passées de ceux qui la soutiennent ont un impact très relatif sur leur engagement. Le présent compte beaucoup plus que le passé et les jeunes, comme d’ailleurs le reste da population attend des réponses concrètes en accord avec ses aspirations et se besoins. L’engouement actuel de certains jeunes pour les extrêmes et leur démagogie en est bien la preuve même si, hélas, ils ne voient pas les impasses ou cela peut les conduire et ne discernent pas les dangers des stratégies du tout ou rien.
Georges Marchais qui cependant procéda à des ajustement de l’organisation politique avec beaucoup de réalisme fut fustigé dès lors qu’il dirigeait un parti dont l’érosion électorale s’amorçait. N’était ce pas là une inconséquence que de s’en prendre exclusivement à lui comme l’ont d’ailleurs fait de nombreux communistes. Aujourd’hui si nous devions raisonner ainsi il faudrait demander le renouvellement de tous les responsables et élus du Parti car lorsque l’on obtient moins de deux pour cent à des élections, il n’y aurait d’autre solution qu’une mise a la retraite anticipée.
On ne peut pas éternellement rendre coupables les générations qui ont précédées de nos insuffisances politiques, idéologiques et d’organisation. Il faut soi même gérer son présent.Que l’on évalue les conséquences d’erreurs de programmes de stratégie de fonctionnement est certainement indispensable, mais il faut se dire qu’elles découlent de décisions arrêtées en commun. Simplement ces femmes et ces hommes, avec leur défauts, leurs insuffisances, ont su conduire de durs combats, dans des périodes extrêmement difficiles et ont réussi à amorcer dans des conjonctures dont la complexité échappe encore à ceux qui les critiquent, de grands pas en avant pour la classe ouvrière et d’un manière générale pour le peuple.
Ils ont à la fois contribué avec leur parti, en particulier en Europe mais aussi dans le monde, à déclencher un véritable mouvement populaire en faveur du socialisme et en même temps ils ont été portés par ce mouvement qui aurait du les inciter à plus de réflexion sur l’exercice du pouvoir dans le cadre des transformations qu’appelaient leur vision communiste .
On aurait pu faire l’économie de leurs erreurs mais alors il eut fallu avoir affaire à une génération d’hommes politiques parfaits et exemplaires ce que l’histoire n’a certainement jamais connu. Qu’elle ne connaîtra jamais tant il est difficile de gérer les contradictions d’une société autant que celles des hommes dans leur intérieur le plus intime. Toute action humaine est soumise à l’expérience et rares sont celles qui ne réservent pas des surprises qui ne remettent pas en cause la vison théorique à partir de laquelle cette expérience se réalise.
Alors de grâce cessons de tuer les « pères » ! Et ne soyons pas complices de leurs héritiers dilapidateurs ! Et que l’on ne me fasse pas dire que je prétends qu’ils étaient exemps de défauts !
Une telle analyse ne peut se faire sans la prise en compte de l’expérience et l’écoute de tout un peuple mais s’agissant d’un Parti (qu’on appelait autrefois d’avant-garde) c’est lui seul qui est en mesure de corriger, d’adapter son fonctionnement. Et il doit le faire d’urgence !
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