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Révolution 2 – La Révolution c’est quoi ?
La Révolution c’est quoi ?
19022011
Je me demande s’il n’y a pas parfois une imposture dans l’usage de ce mot.
La définition du Larousse est la suivante : « Changement brusque et violent dans la structure politique et sociale d’un état qui se produit quand un groupe se révolte contre les autorités en place et prend le pouvoir ».
A part les imbéciles de haute volée qui voudraient y voir autre chose et se servent de la définition que l’on attribue en astronomie ou en physique à ce mot, lesquelles n’ont rien à voir avec celle que nous venons de rappeler, il y a ceux qui voient la révolution au moindre pet sociétal (mot devenu aussi à la mode et qui semble parfois se confondre avec social, plus apparenté à notre sens avec celui de révolution).
Bref 1789 et 1848 pas plus que 1871 en France n’ont rien à voir avec 1936 ou 1968.
Quand une classe en chasse une autre du pouvoir et la remplace en modifiant profondément les rapports sociaux et les structures économiques d’une société, on est en droit de parler de Révolution. Et cela évidemment ne se fait pas en un jour. On peut toujours se demander si la Révolution française est bien achevée, si la Révolution de 1917 en Russie aura une suite après celle de 1989 qui serait du genre contre révolutionnaire, si la Révolution mexicaine du début du siècle a constitué une vraie libération du peuple, si la Révolution chinoise de 1949 s’inverse de nos jours, si en Amérique latine de Bolivar à Hugo Chavez les Révolutions populaires se sont imposées en tant que telles, etc. etc. Mais dans cette diversité ces Révolutions marquent malgré tout, de part leur force et leur ampleur, le départ de sociétés qui vont irrémédiablement se transformer avec de nouvelles règles de fonctionnement.
Quand à la faveur d’un mouvement de masse, violent ou pas, le système est inchangé mais que les classes dominantes cèdent quelques privilèges (économiques ou politiques) doit-on en profiter pour utiliser et ainsi édulcorer le sens du mot « révolution »?
Je ne le pense pas car ce serait donner une fausse image de ce qu’est la vraie Révolution. Ou alors il faut ajouter un qualificatif qui situe la portée des transformations ! A ce moment là chacun s’y retrouve et l’on peut parler des révolutions de palais (règlement de compte entre dirigeants d’un même gouvernement), de révolution nationale (censée se libérer d’une perte d’indépendance nationale), de révolution féministe (qui change radicalement la position de la femme dans une société), etc.
Marx a mis en évidence avec les concepts de classe et de lutte de classe qui accompagnent les vraies transformations révolutionnaires depuis que l’humanité existe au sens ou les classes exploitées s’emparent du pouvoir d’état pour établir des rapports sociaux nouveaux dans le cadre d‘institutions garantissant leur émancipation.
La révolution française de 1789 a permis a la bourgeoisie de triompher d’une noblesse devenue un obstacle à son développement. On dit communément que c’est une révolution bourgeoise. La commune de Paris devait permettre au peuple de se libérer de l’emprise économique et politique de ces deux classes collaborant entre elles. Elle avait un caractère prolétarien comme la révolution russe en 1917. Le propre de ces révolutions sociales dans leur phase culminante est l’unité populaire. Cela s’est traduit par des alliances ou se trouvaient côte à côte des couches moyennes, des intellectuels, des paysans, des ouvriers.
Mais les peuples trouvent rarement des réponses immédiates à leurs revendications généralement d’origine ”alimentaire” pour les plus nombreux et souvent très diverses d’une catégorie à l’autre. Logiquement elles sont accompagnées d’aspirations à la démocratie et à la liberté. Tout simplement parce que pour raffermir le processus d’exploitation les dominants ont toujours, quand ils l’ont pu, eu recours au totalitarisme et à l’arbitraire. C’est la conjonction des besoins de « pain et de liberté » qui apparait.
Cela peut conduire à des mouvements sociaux qui n’affectent pas fondamentalement les structures économiques et sociales ! Même si ces mouvements sont de grande ampleur, comme en 1968 en France. Les revendications “matérielles” ont été satisfaite et le signe a été donné pour une libéralisation des moeurs. A noter cependant les libertés syndicales nouvelles qui ont constitué un grand acquis, trop souvent oublié des “historiens”.
Les peuples doivent faire face aux classes possédantes qui généralement cherchent à s’adapter au nouveau rapport des forces politiques pour préserver leur domination.
La classe, dont le rôle est devenu déterminant dans la production et l’économie, ne va s’imposer que si elle dispose d’organisation sur le plan politique. Ne doit-on pas parler pour notre époque de la « classe salariée » (dont évidemment la classe ouvrière demeure un élément important et décisif.
Les organisations corporatistes (ou syndicales) venant en appui indispensable à la fois pour organiser la lutte revendicative et élever la prise de conscience de classe.
Les deux types d’organisation sont nécessaires !
Les actions des populations du monde arabe n’échapperont pas à cette exigence si elles veulent se transformer en de vraies révolutions sociales. Sinon elles risquent bien d’un aménagement des systèmes dictatoriaux en démocratie plus ou moins perméables à la pérennisation des systèmes d’exploitation que veut générer et coordonner le capitalisme mondial.
Au mieux, et ce serait déjà une victoire pour eux, ces peuples se retrouveront sur le modèle des démocraties occidentales ou une vraie révolution reste à faire : celle qui consiste à socialiser les grands moyens de production et d’échange en donnant aux peuples (et non a des castes ou des partis) un droit de regard et de participation.
Alors tous ceux qui parlent « révolution », là bas, devraient penser aussi « Révolution », ici !
Mais peut-être ont-ils besoin d’un grand parti révolutionnaire et ne pas se contenter de cette multitude de contestataires qui s’additionnent utilement pour la circonstance, dispersés en autant d’organisation qu’il y a parfois d’ambitions individuelles. Car si la gestion de l’économie et des institutions républicaines de demain ont besoin de règles, de lois et d’hommes capables de les appliquer et les faire appliquer, la Révolution dans sa brièveté et parfois sa spontanéité ne saurait échapper au besoin de compétences et d’encadrement.
C’est sans doute la phase la plus difficile, celle ou l’aspiration à plus de liberté, plus de démocratie rencontre les dangers extrêmes du détournement et du dévoiement avec ceux de nouvelles formes de dictatures.
Quand la flamme d’une révolution s’allume comment faire en sorte qu’elle ne s’éteigne pas et la rendre immédiatement et durablement éclatante ? Question trop souvent irrésolue qui fait que les martyrs sont bafoués et les héros fatigués. Pourtant il faudra bien la résoudre ! Peut-être suffit-il de croire en l’irrésistible marche de l’humanité, en l’espèce qui la constitue. Avant toute chose…
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