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En regardant la télé : « La grande Librairie »

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Comme cela m’arrive souvent le dimanche matin, je regarde l’émission « La grande librairie » Aujourd’hui elle est consacrée à Céline. 

Un auteur que certains qualifient de génie, d’autres de salaud, d’autres encore de sulfureux. Cette émission m’a donné envie de lire l’œuvre de cet homme qui n’était pas tendre pour les écrivains et politiques de son époque.

Bien entendu j’ai du lire « Voyage au bout de la nuit » et peut-être autre chose de lui, mais comme à l’époque de mes 18 – 25 ans où je consommais tout ce que le livre de poche publiait, je m’attachais beaucoup plus à l’ouvrage qu’à l’auteur. Ce qui fait que j’ignorais totalement le parcours politique de ce dernier. Je me souviens avoir ressenti, comme pour la plupart de mes lectures, quelque apport dispersé à ma vision de ce monde déjà chargé, pour moi, en préoccupations naturelles de mes vingt ans : le travail, la politique, le sexe. Je ne lisais guère entre les lignes peu éveillé au sens que peut avoir une œuvre d’art par delà une impression de premier degré.

Je n’ai d’ailleurs pas tellement évolué dans ce sens la et lorsque je m’aventure dans la dissertation je dois avouer que je suis trop dominé par les ressentis primitif de l’enfant et la sensation analysante de l’adulte.

Il en fut de même pour Aragon, Sartre, Vercors, Radiguet, Proust, Cesbron, Fournier, Barbusse, Mac Orlan et bien d’autres écrivains de ce XXème siècle

Il  y eut aussi tous les « grands » du XIXème de Stendhal  à  Zola en passant par Balzac. Je me suis tellement identifié à Julien Sorel et à Lucien Leuwen  que cela a pu servir mes médiocres ambitions qui au fond consistaient à obtenir une reconnaissance en progressivité avec les tâches que l’on me confiait dans la vie sociale. Je dois dire que parfois je tentais de me les accorder envers et malgré tout. J’avais même l’impression qu’il ne fallait pas toujours attendre des autres qu’ils me positionnent dans des responsabilités. Sauf à se soumettre à des compromis auxquels je n’étais guère enclin.

Si modestes soient-elles, il arrivait souvent que les concurrences extérieures se manifestent de manière si illégitimes pour me les ôter que l’en venais à faire de ma générosité et de mon dévouement une arme d’auto défense redoutable.

Si Balzac, et Stendhal, me rendirent en cela très instruits du peu de confiance qu’il faut faire à son entourage pour faire respecter ses prétentions à des pouvoirs, fussent-ils dérisoires, vu ma condition sociale d’exécutant, Zola par contre et ensuite Sartre et Aragon contribuèrent à en affirmer la nécessité en me plaçant du point de vue de mes origines sociales et familiales.

Victor Hugo appartenait plutôt à mon enfance parce qu’à l’école primaire j’avais découvert quelques poésies en préparant mon certificat d’étude, de même de Georges Sand (dont je n’oublierai l’effet que produisit sur moi son « François le Champi ») et bien entendu les  grands du XVIIIème.  La Fontaine, dont j’apprends précisément qu’il était considéré par Céline comme un styliste des plus remarquables de la langue française, s’est incrusté dans ma mémoire et peut-être est-il de ceux que j’ai le plus de plaisir à retrouver.

A mon adolescence, livré à moi-même j’avais rejeté certains classiques car j’étais assez insensible et peu préparé dans le milieu familial à cette littérature que je trouvais ennuyeuse. Je crois bien d’ailleurs que je rejetais systématiquement plus par la contestation due à mon âge que par une réelle réflexion que par paresse j’évitais.

Sans quitter ce réflexe, j’en vins cependant à estimer que la culture est une nécessité et cela surtout durant cette période de post adolescence ou effectivement le livre devenait abordable pour  le  jeune salarié que j’étais.

De 1954 à 1962 (fin de mon service militaire) je consommais sans modération des ouvrages de poche et essayais, peut-être avec un certain snobisme, de déchiffrer  quelques critiques dans des revues comme « les lettres françaises ».  Je découvrais durant cette période de ma « solitaire université » la littérature russe avec Tolstoï, Dostoïevski, Pouchkine. Gorky vint plus tard, comme il se doit grâce aux éditions sociales. Quant aux américains évidemment succédèrent au London ou Cooper de mon enfance les Steinbeck et Hemingway que l’avaient révélé le cinéma avec « Les raisins de la Colère »  et « Pour qui sonne le glas ».

Mais tout cela fut absorbé probablement sans la profondeur nécessaire. Au point d’ailleurs que parfois je me souviens des titres, des auteurs et que j’en ai complètement oublié le contenu. Je garde cependant espoir qu’il en reste quelque chose dans mon inconscient qui me permet de faire face aux réalités du moment présent.

Aujourd’hui je réalise que finalement j’avais été privé du lycée et de l’université ou certains jeunes de ma génération semblaient s’ennuyer pour une université d’ambiance ou la renaissance intellectuelle de la libération m’avait plongé dans le quotidien qui plus tard se prolongea avec le contact du Parti communiste.

Car je ne le répèterai jamais assez c’est la que je me suis trouvé en confrontation avec ceux qui avaient un savoir et qui n’hésitaient pas à vous le communiquer. Ils faisaient cela par militantisme, avec pour certains le seul objectif de former des esprits révolutionnaires. Mais mesure-t-on quelles étaient leurs références : tout l’acquis culturel national, marqué par les lumières, enrichi de ce que l’humanité portait de la pensée contemporaine, marquée par l’influence marxiste.

Une université imparfaite ce parti, bien sur ! Mais une université populaire qui portait le savoir là où il était totalement absent. Les interprétations dogmatiques ou même les vénérations déplacées de certains dirigeants étaient en permanence remise en cause par le souci de communiquer une culture générale, véritable antidote des sectarismes qui naissent de nos ignorances originelles. Combien de partis sécrètent le vaccin contre leur propre tendance à une idéalisation coupée de la réalité ?

« Ne pas confondre communisme et imposture stalinienne »

Cette petite phrase, presqu’inaperçue,  vient d’être  prononcée par Philippe Sollers dans l’émission. Elle interrompt mon écoute.

Elle me rappelle mes quatorze ans quand écoutant ce que disait mon père adoptif, je refusais mon adhésion au cercle de l’UJRF (Union des Jeunesses Républicaine de France d’obédience communiste) de Nîmes au prétexte que figurait dans la salle qui l’abritait un immense portrait de Staline symbole d’une mainmise de l’étranger. Ce qui exaspérait  mon meilleur copain de l’école primaire avec qui je partageais les premières places de notre classe, lui-même fils de cheminot communiste.

Le rapport de Kroutchev n’était pourtant pas encore publié et mon père tourneur dans une usine de la ville (les Pompes « Maroger ») cégétiste convaincu, électeur communiste, ne manquait pas d’afficher sa méfiance à l’égard du leader soviétique. Non résistant, il avait cependant  eu le mérite  de ne pas accepter la collaboration pratiquée au sein de sa  famille ultra réactionnaire à l’inverse de celle de ma mère, sa femme, attachée aux convictions de mon grand père, socialiste qui avait opté pour la troisième internationale.

Ce premier réflexe ne m’empêcha pas d’adhérer au PCF en 1962. La guerre d’Algérie et le constat social eurent vite fait de me convaincre qu’il y avait mieux à faire de couper les cheveux en quatre. Même si aujourd’hui je pense que parfois cela s’impose !

Mais je suis bien loin de Céline et de l’émission qui lui est consacrée ?

(à suivre)

 

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