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DSK 005 – débat houleux à la télé
20052011
Photo site Humanité (http://humanite.fr)
Antenne 2 Diffuse en direct les commentaires de « grands journalistes » pendant que se déroule aux Etats-Unis une séance de tribunal qui en définitive aboutit à la libération conditionnelle de Dominique Strauss Kahn.
Evidemment nous avons droit aux mêmes, aux habitués généreusement invités sur les plateaux de télévision.
Soulagement pour certains, peut-être réjouissance dissimulée d’autres, DSK est remis en liberté avec assignation à résidence contre cinq millions de dollars, l’usage du bracelet électronique et à sa charge une surveillance permanente. Dès lors que les conditions de sa mise en liberté seront remplies.
Le débat se poursuit avec une certaine passion et bien entendu est – si peu – évoquée l’inégalité dans laquelle se trouvent placés les citoyens face à une justice qui révèle véritablement son aspect de classe.
J’ai reçu personnellement comme des millions de français la nouvelle avec satisfaction car je ne vois pas de raisons suffisantes pour pratiquer la détention provisoire dans ce genre de situation. La question concerne bien entendu un l’homme dont on ne peut ignorer la souffrance et l’humiliation sous les projecteurs médiatiques. Mais ce n’est seulement pour Monsieur Strauss Kahn ou des personnalités de son niveau que je vois l’inutilité de la détention provisoire, sauf cas avérés, probablement d’un pourcentage très faibles dans la somme des délits qui conduisent devant la justice.
Des milliers de personnes, en France comme ailleurs, se trouvent ainsi frappées (inculpés mais aussi leur famille) par cette procédure qui est essentiellement basée sur les risques que fait encourir le présumé coupable à la société et le besoin de le tenir isolé de personnes qu’il pourrait influencer ou sur qui il pourrait exercer des pressions en vue de se faire disculper.
Outre que cette détention réduit considérablement les moyens de défense du prévenu à cause de son isolement elle fait naitre dans son entourage ou dans l’opinion une présumée culpabilité alors que la loi le déclare en position de présumé innocent.
Sans oublier les dommages matériels dont on peut imaginer dans quelle situation elle va faire sombrer les familles. Car trop souvent on oublie les familles et éventuellement les amis et collègues de travail.
Autre aspect scandaleux que met en évidence cette affaire : le versement de la caution. Peu de gens dans le pays ne souhaitent, de gauche comme de droite, dans un cas semblable que l’inculpé se trouve emprisonné d’autant que les conditions d’incarcération nous sont présentées comme n’étant pas des meilleures. La prison est avant tout enfermement, isolement et elle prive, notamment l’innocent de moyens de se défendre. Et comme la loi déclare « présumé innocent » l’inculpé on ne voit pas trop pourquoi d’une manière générale on ne lui accorderait pas une certaine liberté de mouvement avec certaines restrictions comme d’ailleurs vient de le faire cette cour américaine. Tout le monde ne peut cependant pas se payer ce type d’assignation à résidence.
Au-delà une question se pose tout de même : faut-il pour une libération verser cinq millions de dollars. Autrement dit, même si l’on tient compte des moyens financiers de l’accusé pour fixer la caution, bon nombre d’entre eux devront rester en prison faute de moyens.
Autre point soulevé qui risque de bien de bien voir une issue différente de celle dont a bénéficié l’ex Président du FMI : la procédure d’inculpation est effectuée à charge et sauf à avoir au final d’excellents avocats, évidemment ne travaillant pas gratuitement. Qu’il s’agisse de magistrats élus ou professionnels la position du prévenu reste fragile et encore tributaires de l’efficacité des avocats. Cela révèle une pratique dont la justice française n’est pas du tout abritée et même y trouve quelques similitudes. Sans oublier que certain « américophiles » voudraient nous l’imposer.
Alors que dire des débats houleux à la télévision que provoque DSK ? Ils n’ont de positifs que la mise en évidence d’une justice américaine qui fonctionne avec le fric. D’autant qu’on nous laisse entendre que les partis peuvent se mettre d’accord et que la condamnation pourrait se jouer par la suite sur des compromis dont ne seraient pas absentes les négociations financières.
Un certain Michel Foucauld a théorisé sur le sujet du lien pouvoir (argent en l’occurrence) et la sexualité instrumentalisée. Vaste débat que nous devrions approfondir au lieu de nous laisser entrainer dans les manipulations et les pleurnicheries qui ne sont que des moyens de masquer la vraie souffrance de milliers d’emprisonnés et des leurs.
Le « mérite » de cette histoire politico-médiatique est qu’elle révèle au niveau de notre soi disant intelligentzia des problèmes réels. Frappé dans ses stratégies, parfois soupçonné de connivence, de complaisance à l’égard de pratiques condamnables tout ce petit monde se jette à la figure une responsabilité. Le puritain crie à l’immoralité, le politicard au complot, la féministe au crime et à l’humiliation, le sage à la mesure et à la raison, etc.
Mais peu appellent à la révolution, à la transformation des rapports économiques et sociaux, base d’une véritable justice. Transformation révolutionnaire qui nous débarrassera de ces maitres du jeu qui laissent les pauvres plus pauvres et les riches plus riches en nous abreuvant de la fumée de leur discours bien léchés d’énarques, de science-po et que sais-je encore. Seraient-ils autodidactes que cela ne les dédouane pas de leur insertion dans le système.
L’Otan tue en Lybie, en Afghanistan et ailleurs encore, les peuples et en particulier la jeunesse du monde sont tenus à l’écart du partage d’un gâteau de plus en plus grand. Le vrai crime est ailleurs que dans un fait divers de haute volée. L’un ne peut effacer l’autre direz-vous ? Mais justement c’est ce qui tend à se passer.
Heureusement commence à s’agiter un peu partout les peuples et leur jeunesse. Et ce ne sont pas des affrontements de salons qui se préparent.
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