Mort du pape François : les condoléances hypocrites de l’internationale réactionnaire qui le traitait de « gauchiste » et d’« imbécile »
Posté par jacques LAUPIES le 22 avril 2025
Après la mort du pape François, les figures politiques nationalistes, de J. D. Vance à Giorgia Meloni, ont adressé leurs condoléances sans égard pour le sens du pontificat qui s’achève. Tous espèrent l’élection d’un nouveau souverain pontife aligné avec des valeurs plus traditionnelles.

© Vincenzo PINTO / AFP
Sa dernière bénédiction urbi et orbi plaçait les États-Unis, l’Union européenne, et en instance tous les fournisseurs d’armes à Israël, devant leurs responsabilités face à la poursuite du génocide à Gaza. Autant de dignitaires qui ont fermé les écoutilles mais se sont empressés d’adresser leurs condoléances après la disparition du pape François, ce 21 avril. Et pour cause, c’est sous son pontificat que le Vatican reconnaît la Palestine, en 2015, et apporte ainsi clairement son soutien à une solution à deux États.
Dans son hommage à l’évêque de Rome, le président israélien Isaac Herzog a en conséquence préféré se placer sur le terrain du religieux : « Il accordait à juste titre une grande importance au renforcement des liens avec le monde juif et à la promotion du dialogue interreligieux. » Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a, lui, privilégié le message politique : « Nous avons perdu aujourd’hui un ami fidèle du peuple palestinien et de ses droits légitimes. »
Les hommages de J. D. Vance et Giorgia Meloni
Ultime responsable à avoir été reçu par le pape, la veille, lors d’une « rencontre privée » de « quelques minutes », le vice-président états-unien, J. D. Vance, qui avait dû encaisser deux mois auparavant les vives critiques du souverain pontife contre la politique migratoire de l’administration Trump, a publié un message sommaire sur X aux « millions de chrétiens qui l’aimaient ».
Sans s’attarder sur le sens du pontificat qui s’achève, cet ex-athée, issu de la tradition évangélique et fraîchement converti au catholicisme, entend surtout peser sur les futures orientations de la droite américaine. Et porter la vision d’un État confessionnel exaltant une certaine vision de la famille et de la guerre culturelle.
Pour critique qu’elle fut des positions du pape à l’égard de l’accueil des migrants, Giorgia Meloni s’est sans doute souvenue avoir partagé la tribune avec François lors des « états généraux de la natalité », en 2023. En conséquence, l’hommage de la présidente du Conseil des ministres italien porte la marque de la concorde : « Le pape François a demandé au monde, une fois de plus, le courage de changer de cap, de suivre un chemin qui « ne détruit pas, mais cultive, répare, protège » », écrit-elle sur X.
Un pape « gauchiste » et « imbécile »
En Pologne, le parti national-conservateur, Droit et Justice (PiS), évincé du pouvoir aux législatives de 2023, a largement instrumentalisé la figure du pape réactionnaire Jean-Paul II. Cela n’a pas empêché le président Andrzej Duda de voir en Jorge Bergoglio « un grand apôtre de la miséricorde, dans laquelle il voyait la réponse aux défis du monde moderne », préférant taire les tensions qui avaient émaillé la visite en Pologne de l’ecclésiastique argentin, à l’occasion des 31es Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) en 2016.
Les défenseurs de la « civilisation chrétienne » n’avaient alors pas hésité à propager des campagnes haineuses à son encontre, honnissant ses témoignages d’ouverture aux homosexuels. Le président argentin d’extrême droite, Javier Milei, qui n’avait eu de mots assez durs contre ce pape « gauchiste » et « imbécile », évoque des « différences qui, aujourd’hui, paraissent mineures ». Sans l’exprimer, tous espèrent voir un conservateur prendre les rênes de l’Église, conformément aux évolutions du monde.
Malgré les orientations actuelles de l’Union européenne, le président du Conseil, le socialiste portugais Antonio Costa, a loué un pape qui « se souciait des grands défis mondiaux de notre époque – migrations, changement climatique, inégalités, paix – ainsi que des luttes quotidiennes de chacun ». Autant de dossiers sur lesquels Bruxelles est au mieux inexistant, au pire sérieusement à l’arrière-garde.
Pour le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, la messe est dite : « Le pape a critiqué vigoureusement les modèles économiques qui ont conduit l’humanité à produire tant d’injustices. » Fin 2024, dans un entretien à la chaîne catholique argentine Canal Orbe 21, François fustigeait les politiques d’austérité ainsi que l’« hypocrisie sous-jacente (qui consiste à parler) de paix, mais (à armer) la guerre ». Et, en la matière, personne ne semble avoir fait œuvre de repentance.