Guerre en Ukraine : ce que prévoit l’accord de cessez-le-feu en mer Noire annoncé par les États-Unis
Posté par jacques LAUPIES le 25 mars 2025
L’Ukraine, les États-Unis et la Russie ont confirmé mardi 25 mars un accord de cessez-le-feu en mer Noire et la reprise de l’initiative de 2022. Le projet prévoit « la sécurité de la navigation », « d’exclure l’usage de la force » et d’« empêcher l’utilisation de navires commerciaux à des fins militaires ».

© Genya SAVILOV / AFP
Les discussions trilatérales entre la Russie, l’Ukraine et les États-Unis en Arabie saoudite ont débouché sur un accord de cessez-le-feu en mer Noire, a annoncé mardi la Maison Blanche dans deux communiqués distincts. Depuis le 23 mars, Kiev et Moscou tiennent des discussions séparées sous la médiation de Washington à Riyad, afin d’aboutir à cette trêve en mer Noire et à un moratoire temporaire sur les frappes visant les sites énergétiques.
Accès à la Russie au marché des exportations agricoles
Dans les deux communiqués publiés mardi par l’exécutif états-unien sur l’état des pourparlers avec la Russie et l’Ukraine, Washington affirme que les engagements respectifs doivent permettre d’« assurer la sécurité de la navigation, exclure l’usage de la force et empêcher l’utilisation de navires commerciaux à des fins militaires en mer Noire ».
Washington a validé un certain nombre de demandes de Moscou : « Les États-Unis vont contribuer à rétablir l’accès de la Russie au marché mondial des exportations de produits agricoles et d’engrais, à améliorer l’accès aux ports et aux systèmes de paiement pour ce type de transactions ». Le document s’achève sur une affirmation : « les États-Unis et la Russie continueront à travailler pour parvenir à une paix durable en Ukraine ».
La Maison-Blanche témoigne également de la volonté commune d’élaborer « des mesures pour mettre en œuvre l’accord du président Trump et du président Poutine » visant à interdire les frappes contre les installations énergétiques.
La délégation russe aurait quitté l’Arabie saoudite, mardi après douze heures d’échanges avec l’administration américaine, la veille. Lors d’un entretien à la télévision russe, le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov a jugé mardi que les deux parties « avaient principalement discuté de la sécurité de la navigation en mer Noire » et du rétablissement « d’un accord » sur les céréales conclu en 2022. « La Russie souhaite que le marché des céréales et le marché des engrais soient prévisibles » afin que personne n’essaie de nous « exclure de ces marchés » a-t-il poursuivi.
Moscou qui s’était retirée de l’accord en juillet 2023, au prétexte que les Occidentaux ne respectaient pas leurs engagements, veut désormais des « garanties claires » pouvant être « uniquement le résultat d’un ordre de Washington » au président Volodymyr Zelensky. Les deux administrations américaine et russe entendent impliquer des pays « tiers » dans la supervision de cette trêve. Si l’Europe est évincée à ce stade, la Turquie pourrait en faire partie.
Une première liste d’infrastructures énergétiques actée
Le Kremlin a également publié son propre communiqué sur les négociations et indique : « les parties russe et américaine sont convenues d’assurer la mise en œuvre de l’initiative de la mer Noire, qui comprend la sécurité de la navigation, le non-recours à la force et la prévention de l’utilisation de navires commerciaux à des fins militaires, tout en organisant des mesures de contrôle appropriées par le biais de l’inspection de ces navires » et la levée des sanctions imposées aux institutions financières impliquées dans le « commerce international de denrées alimentaires ». Tant que cette restriction américaine ne sera pas retirée, Moscou prévient qu’elle ne le mettra pas en œuvre.
L’autre élément d’explication donné par la présidence russe a porté sur la trêve de trente jours sur les infrastructures énergétiques en Ukraine et en Russie, en discussion. Moscou a indiqué que l’accord concernait notamment les
raffineries, les gazoducs et les centrales électriques et que cette liste avait été convenue avec Washington.
Lors d’une conférence de presse, le président ukrainien a salué de « bonnes mesures » et affirmé que son pays entendait « mettre en œuvre » la trêve partielle en mer Noire et concernant les frappes sur les installations énergétiques annoncée par la Maison Blanche.
Mais avant de s’envoler mercredi pour la France, Volodymyr Zelensky a précisé n’avoir « aucune confiance envers les Russes ». Moscou doit prouver qu’elle est « prête à la paix » et son « comportement dans les prochains jours sera révélateur » et de « nouvelles mesures devront être prises » à son encontre réclame le dirigeant sur X.
Des lignes rouges pour Kiev
Plus tôt dans la journée, le ministre de la Défense Roustem Oumerov qui était à la tête de la délégation présente en Arabie saoudite, a précisé sur Telegram que « le déplacement de navires militaires russes au-delà de la partie orientale de la mer Noire sera considéré comme une violation de l’esprit de cet accord » et que « dans ce cas, l’Ukraine aura le plein droit d’exercer son droit à l’autodéfense ». Ce communiqué précise également que l’interdiction complète des frappes énergétiques a été actée par « toutes les parties » mais que sa mise en œuvre dépendra de « consultations techniques supplémentaires dès que possible » concernant la surveillance et le contrôle des accords.
Par ailleurs, les Etats-Unis se sont engagés à « soutenir les efforts en vue d’échanges de prisonniers, de la libération de civils et du retour d’enfants ukrainiens déplacés de force ». Absente des négociations, la présidence française a préféré critiquer une initiative insuffisante « à établir un cessez-le-feu durable, solide, et encore moins un accord de paix ». Un processus que l’exécutif français n’a jamais présenté.