D’Elon Musk à Viktor Orbán, l’alliance fasciste mondiale vole au secours de Marine Le Pen
Posté par jacques LAUPIES le 31 mars 2025
Après le verdict condamnant Marine Le Pen, l’extrême droite mondiale dénonce une décision de justice qualifiée de « politique ». Dans leur pays, ses leaders tentent de miner l’indépendance des magistrats.

© AP Photo / Paul White
L’internationale fasciste perd l’un de ses poids lourds en Europe. La peine d’inéligibilité prononcée par le tribunal de Paris contre Marine Le Pen a irrité ses semblables au-delà des frontières françaises. La plupart sont engagés dans des bras de fer avec la justice avec des réformes visant à réduire l’indépendance des magistrats pour mieux miner l’État de droit. Viktor Orbán a été l’un des premiers à réagir en postant sur le réseau social X « Je suis Marine ! », détournant sans vergogne le slogan de l’attentat de Charlie Hebdo.
Sur la plateforme, de nombreux comptes étrangers d’extrême droite déplorent « le jour où la démocratie est morte en France », reprenant la rhétorique de Jordan Bardella, qui dénonce une « exécution ». « Dis-moi qui sont tes amis, je te dirai qui tu es », a ironisé sur le même réseau le sénateur communiste Fabien Gay à propos du premier ministre nationaliste hongrois.
« Une déclaration de guerre de la part de Bruxelles »
« Son inéligibilité va certainement provoquer de vives protestations au sein de son parti, mais aussi plus largement des allégations selon lesquelles la démocratie française est niée », prévenait le New York Times à l’énoncé de la sentence. Par la voix de son porte-parole, Dmitri Peskov, le Kremlin s’est justement engouffré dans la brèche : « Nos observations de ce qui se passe dans les capitales européennes montrent qu’on ne se gêne pas du tout là-bas pour dépasser le cadre de la démocratie lors d’un processus politique. »
D’autres têtes d’affiche du camp brun européen apportent leur soutien à la Française, comme Geert Wilders, le leader du Parti pour la liberté néerlandais, qui se dit « choqué par le verdict incroyablement dur contre Marine Le Pen » tout en espérant « qu’elle gagnera l’appel et deviendra présidente de la France ».
Même tonalité à Rome, où le pouvoir néofasciste de Giorgia Meloni est lui aussi engagé dans une chasse aux « juges rouges ». L’exécutif italien tente d’accorder des « pouvoirs illimités » au ministère de la Justice pour mieux réduire celui des procureurs. Face à la décision qui frappe Marine Le Pen, le vice-président du Conseil des ministres Matteo Salvini crie au complot politique : « Ceux qui craignent le jugement des électeurs cherchent souvent à se rassurer par celui des tribunaux. (…) Ce qui se passe contre MLP est une déclaration de guerre de la part de Bruxelles, à un moment où les pulsions belliqueuses de von der Leyen et Macron sont terrifiantes. »
Le chef de file de la Lega compare ce verdict à la situation roumaine, où le nationaliste Calin Georgescu a récemment été interdit de se présenter à la présidentielle pour « menace contre l’ordre constitutionnel, constitution d’une organisation fasciste et fausses déclarations de financement de campagne électorale ».
« Ils n’arriveront pas à faire taire la voix du peuple français », a tonné de son côté le chef du parti néofranquiste espagnol Vox, Santiago Abascal, qui avait accueilli lors d’un sommet à Madrid en février Marine Le Pen, Viktor Orbán, Elon Musk et d’autres figures de l’internationale fasciste. Le haut conseiller de Donald Trump, toujours prompt à attaquer les juges aux États-Unis, a d’ailleurs également fustigé la « gauche radicale », qui « abuse du système juridique pour emprisonner ses opposants ». Si la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale doit quitter l’échiquier politique, les pions bruns y restent nombreux.
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