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Pourquoi le communisme est-il d’actualité ?

Posté par jacques LAUPIES le 18 janvier 2025

Pourquoi le communisme est-il d’actualité ?

En débat

Défi climatique, rôle de l’État et prise de pouvoir, socialisme et communisme, héritage et « déjà-là » communistes : la question de son actualisation est au cœur de la construction de l’alternative au capitalisme.

 

12min

Publié le 16 janvier 2025

 
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« L’intérêt aujourd’hui pour un Parti communiste, c’est de reconnaître que dans la société aujourd’hui, il y a des gens qui travaillent à dépasser le capitalisme », explique Bernard Vasseur
© Patrick Gherdoussi / divergence-images

De l’édition du Manifeste du Parti communiste de Karl Marx en 1848 à l’élection de Donald Trump en 2024, le visage du monde a beaucoup évolué. En quoi le communisme représente-t-il une voie pour construire des alternatives dans les luttes et au pouvoir ? La question de l’actualité du communisme était en débat entre trois auteurs au Village du livre de la Fête de l’Humanité en septembre 2024, lors d’une rencontre intitulée « Le communisme qui vient ».

Quelle est l’actualité du communisme ?

Éric Le Lann

Essayiste et auteur du Communisme, un chemin pour l’avenir, éditions Manifeste, 2024

Pour montrer l’ambition communiste nécessaire aujourd’hui, je partirai de l’enjeu vraiment majeur pour toute l’humanité : le défi du climat. Dans mon livre, j’avance l’idée d’une sécurité sociale climatique. À ce sujet, il faut d’abord mesurer les obstacles qui nous empêchent d’avancer.

Pourquoi, trente-deux ans après la convention de Rio, se retrouve-t-on dans la panique générale à l’échelle du monde ? Depuis plusieurs années, on assiste à un véritable sabordage de cette convention. Ce blocage a même rendu caduc le protocole de Kyoto de décembre 1997. Cela a abouti aux accords non contraignants de Paris de décembre 2015. Les États sont-ils tous responsables ?

Je ne le crois pas : il existe une responsabilité écrasante des États-Unis. Cela est très peu signalé dans les médias : ce pays qui compte parmi les premiers émetteurs de CO2 au monde est, entre-temps, devenu le premier producteur et premier exportateur d’hydrocarbures. Non seulement les États-Unis ont les records de consommation, mais en plus ils ont développé des filières telle celle du gaz de schiste, etc.

En quoi les enjeux climatiques appellent-ils le communisme ?

Éric Le Lann : Face à l’urgence du climat, nous devons mettre en cause les dominations politiques et économiques qui nous ont conduits à l’échec. La réponse aux besoins des peuples et la réduction des émissions des gaz à effet de serre sont une question de lutte de classe. Cela interroge le droit à l’énergie en tant que bien commun et les capacités créatrices humaines à développer.

À ce propos, ceux qui se réclament du communisme et de la gauche devraient saluer l’EPR qui va nous octroyer une énergie décarbonée pour des décennies ! Rappelons deux grands noms du communisme français à l’origine de notre filière décarbonée puissante et de l’utilisation civile de l’énergie nucléaire, le ministre Marcel Paul et le scientifique Frédéric Joliot-Curie. Cela démontre que des politiques d’État fortes et cohérentes au niveau national et international sont indispensables. Pour moi, le communisme du XXIe siècle ne doit pas fuir l’État et le pouvoir.

La question du communisme se pose ainsi en partant du concret. Pourquoi faudrait-il s’appuyer sur ce que vous nommez des « déjà-là » de communisme ?

Bernard Vasseur

Philosophe et coauteur du Communisme qui vient, éditions La Dispute, 2024

Nous ne sommes pas dans une société communiste. On s’en serait rendu compte sinon… Mais alors comment concevoir le communisme ? Depuis Marx, qui l’a théorisé dans son célèbre Manifeste du Parti communiste de 1848, le communisme est défini comme un combat politique.

Par conséquent, la question est de savoir comment inscrire au présent du communisme, autrement dit de l’anticapitalisme, dans une situation historique donnée. C’est tout l’intérêt de ce livre écrit avec Bernard Friot. Pour ma part, je suis venu au communisme par la lecture de Marx lorsque j’étais professeur de philosophie. J’ai alors adhéré au Parti communiste.

La première chose que j’ai alors découverte, c’est qu’on ne parlait jamais du communisme, sauf quelques lignes dans les congrès. En revanche, on identifiait des « préalables » au communisme. Je me souviens par exemple de l’époque du programme commun qui devait permettre « de la démocratie avancée » et d’ouvrir « la voie au socialisme ». Des dirigeants m’expliquaient que le communisme est un horizon. C’est embêtant parce que plus on s’approche de l’horizon, plus il recule !

C’est gênant d’être le parti qui se réclame du communisme et de le considérer comme quelque chose qui n’est jamais d’actualité. Alors, quand j’ai lu Bernard Friot, j’ai trouvé un compère de pensée, il disait : « Le communisme c’est maintenant ». Et non seulement c’est maintenant, mais en plus le mouvement ouvrier n’a pas perdu son temps au XXe siècle et a déjà marqué des conquêtes. Les conquis ne sont pas « le » communisme, mais « du » communisme, des « déjà-là » communistes.

La bataille pour des « déjà-là » communistes se trouve d’ailleurs dans tous les textes de Marx. Elle est présente dans le Capital, dans son analyse par exemple consacrée à la Commune de Paris. Ce sont toutes ces luttes qui marquent des points dans une société capitaliste. Jaurès a, lui, utilisé cette formule de « graines de communisme » à l’intérieur de la société capitaliste.

On retrouve aussi cette idée de germes de communisme chez Lénine. Le « déjà-là » communiste est donc une notion parfaitement marxienne. Et on la trouve aussi chez Friot. Alors pourquoi fait-on aujourd’hui la fine bouche sur cette notion ? Cette belle tradition se poursuit avec toutes ses effervescences de communisme dans la situation actuelle.

Votre ouvrage présente un chapitre sur « le dépérissement de l’État». En quoi cela questionne-t-il la prise de pouvoir ?

Bernard Friot

Économiste, sociologue et coauteur du Communisme qui vient, éditions La Dispute, 2024

Nous ne partons pas de zéro. Imaginez le communisme comme quelque chose nécessitant d’abord une étape socialiste est une faute stratégique. En réalité, le communisme est à l’œuvre dans nos sociétés. Penser qu’il ne peut advenir qu’après une prise du pouvoir d’État, c’est nier que dans le capitalisme il y a une classe révolutionnaire.

C’est penser qu’il n’y a qu’une seule classe pour soi, la bourgeoisie, et que, en face, il y a de temps en temps des rapports de force favorables, mais qu’il n’y a pas de classe en capacité d’instituer des alternatives. Le capitalisme n’est pas une structure qui se reproduit à l’identique. Le mot central pour qualifier le capitalisme chez Marx n’est pas « domination ».

On va laisser ça à Bourdieu. Marx use, lui, du terme de « contradiction ». Dans cette contradiction à l’intérieur même du capitalisme, une classe est capable d’instituer les alternatives. Il se crée même des alternatives durables contre laquelle la classe dirigeante, évidemment, se mobilise mais qu’il serait absolument irresponsable de ne pas promouvoir, de ne pas actualiser, de ne pas généraliser.

C’est le fait, par exemple, que le salaire soit un attribut de la personne et non pas du contrat de travail et de l’activité en étant payé à la mesure d’un acte de subordination. Lorsque Ambroise Croizat a supprimé tout lien entre cotisations et calcul de la pension dans le régime général, et ce jusqu’en 1946, c’était un conquis communiste. La lutte de classe peut instituer une alternative communiste.

Si le communisme ce n’est pas du concret, nous sommes dans l’illusion religieuse d’une croyance. Arrêtons de parler d’une classe dominée parce que tous les droits que nous avons conquis dans ce pays l’ont été par les mobilisations de cette classe. Aucun n’est venu par en haut, grâce à un bon État qui a fait une bonne politique menée par une bonne classe dirigeante.

Tout ça c’est de la blague. Comment voulez-vous faire la révolution écologique si nos droits dépendent du contrat de travail passé avec EDF ou avec Areva ? Nous serons incapables de devenir souverain sur le travail pour changer dans une optique écologique. Les conquis communistes, encore une fois, sont décisifs.

Bernard Vasseur J’ajoute juste un petit mot à ce que vient de dire Bernard Friot. On nous a parfois opposé que Marx, lui, dans le Capital, explique aux travailleurs que ce qu’il faut faire, c’est abolir le salariat. Alors proposer un salaire communiste est-ce possible ?

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En effet, à son époque, le salariat était une invention du capitalisme et une manière de dominer la force de travail à laquelle on réduisait les humains. Par conséquent, il va de soi que Marx, penseur du communisme, en appelle à supprimer ce salariat-là. Il ne s’agit pas de supprimer le salaire mais ce qu’il y a de capitaliste dans le salaire. Un salaire accroché à la personne et non plus au marché ou au patron, c’est un salaire communiste.

Bernard Friot Toutes les inventions que nous évoquons dans notre ouvrage concernent aussi la propriété communiste, avec des « déjà-là » qui induisent le dépérissement de l’État. Assumons-les, cessons d’être aveugles sur tous ces « déjà-là » pour être à l’offensive et retrouvons l’assurance et le dynamisme porteur d’espoir.

Éric Le Lann Si l’on veut parler avec les « déjà-là » d’un bilan du communisme au XXe siècle, je suis d’accord : ne sous-estimons pas l’héritage. De ce point de vue, il y a les nombreuses conquêtes sociales. Mais à l’échelle de l’humanité, il faut aussi signaler la défaite de l’idéologie nazie et de l’organisation raciste du monde.

On peut mettre encore au crédit du communisme une conception élargie des droits de l’homme aux droits sociaux. Le grand théoricien de l’offensive néolibérale Hayek voyait d’ailleurs dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 l’héritage de la révolution marxiste russe. Avec l’offensive néolibérale, l’objectif reste d’en finir avec le communisme.

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Et nous sommes dans un pays où les programmes officiels de terminale d’histoire amalgament le communisme, le fascisme et le nazisme. C’est bien sûr le Parti communiste qui est visé. Mais au-delà, c’est un travail de fond pour déposséder les classes dominées de leur histoire et de leur marque dans l’histoire. Selon cette autre lecture historique, la démocratie occidentale aurait successivement triomphé de différents totalitarismes. Mais alors regardons le bilan réel de la Chine. Aujourd’hui, l’espérance de vie est plus élevée en Chine qu’aux États-Unis où elle continue de reculer.

Bernard Vasseur Concernant la Chine et le communisme, j’ai lu attentivement les textes du dernier congrès du Parti communiste chinois. Selon Xi Jinping, nous en sommes à la phase primaire du socialisme, c’est-à-dire à la construction d’une société de moyenne abondance. Quant au communisme, c’est un idéal qui n’existe que dans le ciel. Voilà ce que les Chinois en disent eux-mêmes aujourd’hui…

Quelle est votre définition du communisme ? Comment l’actualiser ?

Bernard Friot Nous devons actualiser tous les « déjà-là » que la classe ouvrière a construits dans notre pays. Il s’agit de généraliser le droit au salaire comme attribut de la personne, supprimer le prêt préalable comme avance monétaire dans le capitalisme. Il faut supprimer tout crédit dans la production pour n’avancer que ce qu’il faut pour qu’il y ait du travail. Oui, enfin, assumons l’héritage communiste dans ce pays.

Bernard Vasseur Alors, assumons, c’est-à-dire reconnaissons l’héritage communiste dans ce pays. Nous voyons bien que dans la société aujourd’hui, il y a de nombreuses entreprises encore marginales, certes, mais qui poussent ici ou là et essaient d’inventer du non-capitaliste. Elles font prévaloir une logique non capitaliste afin d’échapper à la concurrence, à la propriété privée de l’outil de travail ou au productivisme qui conduit au délabrement de la planète, etc.

Par conséquent, l’intérêt aujourd’hui pour un Parti communiste, c’est de reconnaître que dans la société aujourd’hui, il y a des gens qui travaillent à dépasser le capitalisme. Il faut travailler à les rassembler. Le communisme n’est plus la propriété privée du Parti communiste. Et ça, je trouve que c’est quelque chose qu’il faut saisir et développer.

Éric Le Lann Le 15 août 2024, un dirigeant de premier plan mondial en campagne électorale a mis en garde contre le fait de se jeter dans les bras d’un système communiste où « tout le monde aura accès à des soins de santé ». Trump s’en prenait ainsi à la candidate démocrate Kamala Harris.

On pourrait presque tous citer cette définition de Trump du communisme ! Sur un terrain plus philosophique, Marx résumait cette idée dans la formule : « Nous ne nous présentons pas au monde avec un principe nouveau. Voilà la vérité à genoux ! » Et si je ne partage pas toujours ses engagements je reprendrai à mon compte les propos de la philosophe Isabelle Garo pour qui « le communisme c’est la réappropriation par l’humanité de ses propres forces sociales ». À mon sens, cela définit bien le communisme.

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Comme on dit : il n’est jamais trop tard pour bien faire ! Espérons le ?

Posté par jacques LAUPIES le 16 janvier 2025

La reconstruction de cellules, la clé pour une nouvelle génération militante Notes suite à la réunion du réseau

Dimanche 12 janvier 2025, par  pam, popularité : 83%

 

La conférence nationale du PCF en décembre 2024 a confirmé que les communistes sont très majoritairement engagés pour reconstruire le parti communiste du XXIe siècle, suite aux deux derniers congrès et à l’arrivée de Fabien Roussel. Ceux qui depuis Robert Hue et la mutation, ont poussé à l’effacement du PCF dans « la gauche » et derrière Mélenchon ne représentent plus grand chose, et les outrances de la pétition nationale contre Fabien Roussel les a isolés. Ils apparaissent désormais clairement comme travaillant pour Jean-Luc Mélenchon, qui a échoué une nouvelle fois à peser sur les décisions des communistes.

L’inquiétude des communistes devant les difficultés de mobilisation

Cela dit, les réunions de communistes de ce début d’année sont marquées par l’inquiétude devant la situation sociale et politique et la faiblesse des réactions populaires. Jamais il n’y a eu un tel écart entre la colère contre Macron et ceux qui gouvernent et la faiblesse du niveau de mobilisation, de manifestation, d’organisation du mouvement social. Que ce soit sur le scandale des familles à la rue, du mal logement en général, les restructurations industrielles avec une accélération de la désindustrialisation, et surtout le fonds général de baisse du pouvoir d’achat et les difficultés massives des milieux populaires pour le logement, l’alimentation, la santé. Un ami me disait il y a peu : quand je suis devenu chauffeur TCL, je gagnais 1800€ et le paquet de pâtes était à 0,35€. Quinze ans plus tard, je gagne 1900€ et le paquet de pâtes est à 1€. Et pourtant, cette situation ne conduit pas à une explosion sociale.

Le premier obstacle est sans doute la guerre et le sentiment que la société française se délite et que l’occident est désormais en « économie de guerre ». Les communistes n’ont pas réussi à montrer le lien entre guerre contre le pouvoir d’achat et financement des guerres de l’OTAN. Une communication nationale cherchant à ne pas brusquer le consensus médiatique sur l’Ukraine, l’OTAN, la Chine, la Palestine, a freiné l’action militante et n’a pas permis de construire le lien entre colère sociale et revendication de la paix.

La conférence nationale de décembre n’était pas un congrès, mais elle a permis partout des débats riches et a acté une position internationale claire contre les guerres de l’OTAN, tout en engageant le travail discuté au dernier congrès sur notre projet de société, et son appellation, avec le débat sur le socialisme à la française repris par Fabien Roussel.

La deuxième raison historique est bien sûr la trahison de la gauche gouvernementale qui a conduit aux succès politiques de l’extrême-droite. La gauche mobilise moins d’un électeur inscrit sur 5 [1], deux fois moins qu’en 1981, et le mouvement social dans ses plus grandes journées d’action, ne mobilise que moins d’un actif sur dix, aucune chance de pouvoir remporter des victoires sociales dans un tel rapport de forces face à un capitalisme en crise structurelle qui n’a plus aucune marge de manœuvre. La colère existe, mais elle ne sait pas comment s’exprimer, et surtout qui peut l’organiser en lien entre le lieu de vie et de travail et la société politique, médiatique. Ceux qui avaient cru qu’il suffisait d’un leader national et d’une bataille présidentielle pour combler cet écart entre colère et mobilisation ne peuvent que constater que d’élection en élection, la faiblesse de la gauche, unie comme désunie, ne fait que s’aggraver.

Cela dit, ce qui domine les discussions des communistes, ce sont d’abord nos propres difficultés, nos insuffisances, la difficulté de faire grandir de nouvelles générations de responsables, et d’engager un vrai effort d’organisation de terrain. Comment sortir des débats en boucle réagissant à l’actualité, et notamment des seuls échanges dans les réseaux sociaux ?

Laurent a montré avec raison l’importance de tout ce qu’a fait le réseau Faire Vivre et Renforcer le PCF en 2024, avec de nombreuses contributions qui ont marqué, notamment pour la conférence nationale, plus de 1000 visiteurs par jour sur ce site, près de 200 articles dans l’année, dont la moitié d’auteurs du réseau, qui a aidé beaucoup de militants à critiquer le narratif atlantiste dominant trop souvent repris à gauche, qui a aidé aussi à comprendre la crise politique de la gauche derrière les discours médiatiques du NFP. Mais c’est surtout l’arrivée de Liberté Actus qui a marqué cette année, le journal en ligne initié par la fédération du Pas De Calais, un média accessible, d’actualité, avec des articles courts qui supplée en partie à l’absence nationale d’un journal communiste que devrait être l’Humanité.

Les difficultés plus générales du mouvement social

Nos difficultés sont cependant bien réelles. mais il faut tenir compte qu’elles ne sont pas simplement les nôtres, mais celles plus générales du mouvement social, de la gauche, du mouvement politique et syndical. Une anecdote pour l’illustrer. On a en ce moment à Vénissieux des écoles occupées par des enseignants pour l’accueil d’enfants dont les familles sont sans toit. Il y a 69 situations de 22 familles et actuellement 2 écoles plus ou moins occupées.

J’ai reçu les collectifs en décembre. Et il y a quelques jours, nous sommes allés avec d’autres élus communistes rencontrer une école occupée. Les familles s’installaient et les enseignantes présentes organisaient très sérieusement l’installation, portant attention à la sécurité des accès.

Mais ce qui est frappant, c’est que les enseignants mobilisés interpellent la ville sur comment on peut faire pour, mettre les enfants à l’abri. Mais quand on leur rappelle que c’est une compétence de l’État, et pour les femmes isolées avec bébés, de la métropole dans le cadre de la protection de l’enfance, tout se bloque. L’idée de prolonger leur inquiétude, leur colère, en une mobilisation pour exiger des moyens, des places d’hébergement, le financement d’une association organisant le séjour… Elles sont toutes en recul. On leur propose de mettre à disposition des cars pour faire le tour des écoles et aller ensemble devant la préfecture exiger qu’une délégation soit reçue, mais ça leur semble trop difficile. En fait, tout le monde sait bien que l’État actuellement bloque les régularisations, n’ouvre plus aucune place d’accueil (alors qu’il en avait ouvert près de 1000 par an de 2020 à 2023…). Et elles intègrent un défaitisme qui peut se comprendre mais qui est en quelque sorte, autoréalisateur. Comme on n’y croit pas, on ne le fait pas, donc on ne fait pas bouger le rapport de forces…
Aller interpeller l’État, c’est faire un acte politique, et tout le monde comprend que ça demande du contenu, sur quelles bases on porte les revendications ? etc… Et les enseignants avec qui j’ai discuté sont complètement à secs sur ces sujets, et de fait, comme ils n’ont rien à dire, ils ne veulent pas se mettre devant.
Sans compter que la faiblesse de l’organisation syndicale produit aussi des contradictions, tout le monde n’a pas le même avis dans l’école, certains ne veulent pas s’impliquer, ou alors, certains ouvrent la porte pour que les familles s’installent, puis rentrent chez eux, laissant les familles seules avec les difficultés techniques et les risques…

Personnellement, je ne critique pas les enseignants mobilisés, ce serait un comble, ils essaient de prendre leur responsabilité sérieusement, et assument honnêtement ne pas voir comment aller plus loin dans les mobilisations. Elles sont en difficulté parce qu’elles ont des enfants dans la classe dont elles savent qu’ils repartent le soir vers un squat ou une voiture et elles font ce qu’elles peuvent au niveau local, mais franchement, c’est un niveau très bas de l’engagement, de l’analyse, de la compréhension. En tant que mouvement social et politique, c’est même très très bas.

Quand nous, communistes, avons des difficultés et des insuffisances, il faut se rendre compte qu’on a quand même des réflexes, des capacités à agir, à organiser. On porte encore une histoire, une capacité d’organisation, d’action qui est bien plus forte que la plupart des gens.

Mais les crises font bouger les lignes !

Cela dit, dans ce contexte de difficultés, la crise fait bouger les lignes, elle pousse au défaitisme, mais elle peut aussi pousser à la prise de conscience parce qu’on ne peut pas continuer à raconter tout et n’importe quoi. Et de ce point de vue, les réseaux sociaux montrent aussi leurs limites, un jeu de mot facile, « ça tourne en boucle ». Mais tout s’accélère et personne ne pouvait imaginer il y a 10 ans que les États-Unis allaient remettre en cause en 2025 des frontières de leurs alliés. On savait que les États-Unis pouvaient taper sur la Chine, mais venir taper l’Europe en direct, le Danemark, menacer de prendre le Groenland, le canal de Panama, le Canada, c’est complètement fou.

Et de la même manière, l’extrême droite, c’était les autres, les méchants, Orban et compagnie, Bolsonaro. Mais là, c’est Musk qui va soutenir la campagne de l’extrême droite en Allemagne. Et tous les GAFAM se mettent en rang pour accompagner la fascisation de l’impérialisme, pour dire les choses directement.

Et forcément, ça bouscule les consciences politiques et il devient impossible à nos gouvernants de continuer leur narratif « nous sommes les gentils et nos ennemis sont les méchants ».

L’autre aspect positif de ce qui bouge, c’est l’accélération de la révolution scientifique et technique. Il faut que je le dise un jour à Amar, dans un contexte favorable. Je crois qu’aujourd’hui on ne connaît pas la moitié des techniques qui feront le quotidien de 2050.
Je vous raconte là aussi une anecdote. Dans une de mes fonctions d’élu, je prépare un évènement autour des usages de l’intelligence artificielle dans l’informatique publique. J’ai pas mal travaillé sur les outils, et je vous conseille de le faire… J’ai découvert qu’une jeune apprentie en charge de communication dans un syndicat intercommunal utilise quotidiennement chat GPT pour organiser ses activités et par exemple, décider ce qu’elle va faire à manger le soir en fonction de ce qu’il y a dans son frigo. Les usages quotidiens de cette génération vont se transformer à grande vitesse. C’est un peu comme les smartphones des ados des années 90, financés par les abonnements fixes des grands-parents et qui ont accompagné l’explosion des opérateurs publics. Nous ne savons pas grande chose encore des conséquences de l’IA au plan économique et social. Mais l’accélération des techniques concernent tous les domaines, l’énergie, la fabrication additive, l’informatique quantique…

Quelle priorité pour les communistes face à leurs difficultés et dans ce contexte de révolutions de toutes sortes ?

Dans ce contexte, je pense qu’il faut se méfier de ne pas se perdre dans un « effort pour comprendre le monde » qui ne serait pas guidé d’abord par « un effort pour le transformer ». On a envie de comprendre, on écoute, on lit tous plein de choses, utiles, mais est-ce que ça peut nous suffire ? Il est vrai que sur beaucoup de sujets, on est mieux armé idéologiquement en 2025 qu’en 1990 au début de la mutation du PCF. Le travail de Danielle Bleitrach et de son blog est un élément clé pour ouvrir les consciences.

Je ne sais pas si cette analogie est bonne, mais elle m’est venue en tête : en 1940, la première préoccupation des communistes, était-ce d’avoir une bonne compréhension du monde, ou plutôt de savoir comment organiser la clandestinité ?

Le concret de l’organisation c’est quand même déterminant. Ce que je retiens de la décennie passée, c’est que si on ne reconstruit pas le parti, c’est à dire des cellules, on ne construit pas des militants acteurs et décideurs de la bataille politique, on les maintient dans des clubs de discussion où ce sont toujours les plus experts qu’on écoute, mais où personne ne s’organise vraiment pour agir avec des collègues, amis, voisins avec lequel ils essaient de prendre des initiatives. C’est le fondamental de la cellule. Et ça nous interroge sur le fonctionnement des commissions, des réseaux d’experts.

Bien sûr, on a besoin d’analyse concrète des situations concrètes, donc d’un travail théorique, politique pour produire un point de vue communiste qui se démarque du discours général de gauche. Le plan climat par exemple, est un bon outil en cours d’amélioration, mais s’il ne devient pas un outil pour des mobilisations concrètes dans des entreprises, des villes, des villages autour de revendications qui conduisent à affirmer le rôle organisé des communistes, alors il reste sur une étagère en quelque sorte.

En conclusion, dans l’accélération actuelle des relations nord nord et nord sud, la situation de la France et de l’Algérie mérite qu’on prenne une initiative. Si Fabien pouvait apparaître comme celui qui remet en cause le néocolonialisme français dans la relation avec l’Algérie, ce serait parfait ! Une bonne manière de le faire serait de rencontrer des dirigeants algériens, comme d’ailleurs des forces politiques progressistes, pour parler du gaz, des migrants, des échanges économiques, de la réindustrialisation de la France.

De même, notre ambition pour la paix, ça ne peut pas être un nouveau colloque ou une nouvelle rencontre, nous avons besoin d’une grande manifestation nationale pour la paix qui vise 100.000 personnes à Paris, comme en 1982 !

En conclusion, mettre le braquet sur l’action organisée des communistes avec leurs cellules !

Nous devons tout faire pour permettre à des militants de prendre des responsaarilités organisationnelles locales, dans un réseau d’entreprises, un quartier, dans des cellules pour mener des actions qui seront comme elles sont quelque part, mais qui, si elles agissent et que la discussion des communistes se fait à partir de leur pratique, permettront de faire progresser individuellement et collectivement, et donc de devenir un cadre dans lequel des jeunes, des nouveaux adhérents peuvent trouver une utilité différente de ce qu’il trouve dans les réseaux sociaux. Il y a plein de chaînes youtube passionnantes et utiles d’analyse et de débats politiques, mais finalement les clubs de discussion, ça n’a jamais fait un parti.

Affirmons le clairement, affichons-le et invitons tous ceux qui militent à leur manière dans les réseaux sociaux à nous rejoindre pour organiser l’action collective sur le terrain.

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Et ça vous étonne d’Henri quatre nouveau ? A défaut de poule au pot il va nous servir des clopinettes !

Posté par jacques LAUPIES le 15 janvier 2025

 

« Le compte n’y est pas du tout » : la déclaration de politique générale de Bayrou très loin d’avoir convaincu la gauche

Écologistes, communistes et insoumis sont prêts à voter une motion de censure dès jeudi après le discours de politique générale de François Bayrou qui refuse de suspendre la réforme des retraites et maintient le cap de l’austérité. Le PS, qui n’exclut pas de se joindre au reste du Nouveau Front populaire, n’a pas encore tranché.

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Publié le 15 janvier 2025

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Le Premier ministre François Bayrou après sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale, le 14 janvier 2025.
© Raphael Lafargue/ABACAPRESS.COM

Rien, ou si peu. François Bayrou, sous les airs qu’il aime à se donner de Premier ministre ouvert, ne lâche rien des percepts qui ont prévalu ces sept dernières années. Le « conclave » entre « partenaires sociaux » sur les retraites annoncé lors de son discours de politique générale mardi 14 janvier ? Un enfumage quand le Medef pourra tranquillement faire échouer les négociations afin que la réforme Borne et les 64 ans continuent de s’appliquer ainsi que l’a promis le locataire de Matignon en cas d’absence d’accord à l’issue des pourparlers.

La mise à contribution des plus riches et des grandes entreprises ? Il ne faut pas tuer « la poule aux œufs d’or », prétend Bayrou quand le CAC 40 a distribué près de 100 milliards à ses actionnaires en 2024, battant un nouveau record. Au programme donc, pas de suspension de la réforme des retraites, mais une austérité déjà prévue dans le projet de budget Barnier« C’est le plus grand effort de baisse de dépenses depuis 25 ans », se targue d’ailleurs, ce mercredi 15 janvier sur TF1, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, annonçant que le gouvernement prévoit « plus de 30 milliards » d’euros d’économies.

Quelques ajustements sont bien prévus ici ou là comme sur le montant du financement de la santé, la réduction du nombre de postes supprimés dans l’Éducation… Des miettes à destination de la gauche, dont une partie a joué le jeu de la négociation ces derniers jours, qui sont loin d’avoir convaincu.

Une motion de censure soumise au vote jeudi

Les communistes et les écologistes ont annoncé qu’ils voteront, en l’état, avec les insoumis une motion de censure dès jeudi. « Toutes ces heures de discussions, ces journées de négociations pour ça. Le compte n’y est pas du tout. Il y a de fortes attentes sur le pouvoir d’achat, les salaires et aucune annonce là-dessus. Sur les retraites, il renvoie à une négociation où on sait très bien que le Medef va s’opposer à la réduction de l’âge de départ », a expliqué, sur BFM TV mardi soir, le secrétaire national du PCF Fabien Roussel, soulignant, sur ce dernier point, que le « conclave » dans la forme annoncée par le Premier ministre aboutirait au maintien de la réforme actuelle.

« Même si on ne s’attendait pas à grand-chose, nous avons quand même été déçus », avait déjà réagi, plus tôt dans la journée, dans l’hémicycle le député communiste Stéphane Peu rappelant que « c’est d’un changement majeur de cap politique dont notre pays a besoin ».

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Les jeunes sont dans la merde jusqu’au coup, et les vieux ? Pas assez on s’en occupe !

Posté par jacques LAUPIES le 13 janvier 2025

 

Suppression de l’abattement fiscal de 10 % pour les retraités : une mesure bientôt adoptée ?© thodonal/Adobe Stock

L’abattement fiscal de 10 % pour les retraités pourrait disparaître. Des économistes et dirigeants patronaux estiment que cet avantage, réservé aux actifs pour couvrir leurs frais professionnels, ne se justifie plus pour les pensionnés.

Depuis 1978, les retraités bénéficient automatiquement d’un abattement fiscal de 10 % sur leurs pensions, censé compenser les frais professionnels. Cependant, à la différence des salariés, les retraités n’engagent plus de frais liés à une activité professionnelle. C’est justement cette logique qui pousse certains à remettre en cause cet avantage, rapporte Notre Temps le 10 janvier.

Gilbert Cette, président du Conseil d’orientation des retraites, a récemment relancé le débat en évoquant une suppression dans une interview aux Échos le 6 janvier. Selon lui, mettre fin à cet abattement permettrait de dégager environ 4 milliards d’euros par an pour les finances publiques, tout en préservant les retraités les plus modestes.
Qui serait affecté par la suppression de cet abattement ?

Si cette mesure est adoptée, elle n’affecterait pas l’ensemble des retraités de manière uniforme. Les retraités les plus modestes, souvent exonérés d’impôt ou faiblement imposés, ne seraient pas concernés. L’impact serait plus significatif pour les 20 % de retraités aux revenus les plus élevés, selon Pierre Madec, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). D’après ses estimations, les retraités aisés pourraient voir leur facture fiscale augmenter de 700 à 800 euros par an. En revanche, le gouvernement pourrait décider d’exclure les petites retraites de cette réforme pour éviter un effet pénalisant sur les foyers modestes.

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Ce « charlot » de BHL ne dort pas bien, cela amuse Maurice Ulrich. Et moi je pense tout simplement que ce grand dadet doit avoir à son âge des problèmes de prostate ? Pas de quoi en faire un livre pour faire des sous !

Posté par jacques LAUPIES le 13 janvier 2025

Le billet de Maurice Ulrich

 Quand Bernard-Henri Lévy ne trouve pas le sommeil

 

Publié le 13 janvier 2025

 

Bernard-Henri Lévy est insomniaque. Ça valait bien une pleine page dans le Figaro lundi, dix minutes d’entretien sur France Inter le matin. On attend quatre pages dans Paris-Match, peut-être… Mais ce n’est pas l’insomniaque de base, BHL, non, il est comme Kafka, Lautréamont, Pessoa « et Proust, bien sûr ».

La nuit il échange des SMS avec un autre insomniaque, Emmanuel Macron. Ce n’est pas donné à tout le monde. Le sommeil est peut-être un apprentissage de la mort, mais l’insomnie est « une présence au monde plus fiévreuse, plus intense ». J’aime l’éveil, dit-il, « la vigilance, être en alerte face aux choses et aux autres ». Bon, il en a fait un livre, Nuit blanche (Grasset). Pas sûr qu’on le lise avant de s’endormir.

Il pense la nuit aux enfants de Gaza par exemple, mais surtout à Israël dont la victoire est « si vitale »… Il pense à Mélenchon et aux antisémites de l’extrême gauche, fascistes, pire que ne le fut Le Pen. À la radio il cite Goya « le sommeil de la raison engendre des monstres ». Et l’absence de sommeil ?

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