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Des hommes ou des girouettes (suite2)

Posté par jacques LAUPIES le 31 juillet 2023

 

Serions nous tous des assassins-pollueurs ou, pour le moins leurs complices ?

C’est la question que je me pose lorsque je fais en voiture quelques vingts ou trente kilomètres pour mes modestes loisirs (mais o combien suffisants pour un retraité qui aspire surtout à vivre en paix et ne pas entendre parler en permanence que de guerres, d’incendies et autres catastrophes, de crimes, de viols et méfaits dont la publicité abonde sur mes écrans) 

En effet je balance une petite dose de CO2 et je culpabilise, en oppositions avec ces files de voitures que je croise dont la plupart  vaque à  des occupations, nécessaires ou pas, et empoisonne l’atmosphère. Je me dis : les cons ils polluent et en plus ils consomment l’objet des violences, disputes et conflits que certains pourris de pognon organisent pour multiplier inconsidéremment leurs profits. Voyez les guerres d’Ukraine et d’ailleurs. Les pustch africains et d’ailleurs !

Et voilà que j’apporte ma microscopique contribution à ce cirque qui alimente les bavardages sur les plateaux de télévision des encravatés, des constumées en tailleur « Chanel » ou en jeans et talon aiguille (à chacun son élégance ça fait travailler les petits indiens)

Et cela ne s’arrête pas là, je rempli mon « sac jaune hebdomadaire » de bouteilles plastiques dont certains disent qu’elles contiennent des fibre cancérigènes, de cartons et autres emballages souvent inutiles et conçus pour attirer mon attention de consommateur, de barquettes de plats cuisinés, de surgelés qui m’évitent de cuisiner, au risque d’avaler plus de sucre et de sel qu’il m’en faut. Bref je suis dans le système…

Les plantes vertes qui égaient ma cour du printemps à l’automne aggravent ma culpabilité car je dois, la canicule aidant, consommer quotidiennement une eau de plus en plus coûteuse. Paradoxe : plus je réduis ma consommation plus mes factures sont élevées tout comme celles de l’électricité que je consomme de moins en moins pour payer de plus en plus. Il faut bien compenser les conneries gouvernementales qui depuis des décades sacrifient pour l’Europe notre production nationale.

J’ai beau, pour me consoler, dire que le vrai coupable c’est le système capitaliste et qu’il faut museler son foctionnemment à défaut de pouvoir l’abattre, je pense que sa plus grande victoire est de maintenir en état de culpabilité dans tous les domaines des couillons comme moi. Alors ne me demandez pas ce que je pense des autres…peut-être moins conscients.

Pourtant la télé n’arrête pas de parler et parfois, plus rarement certes, nous montre toutes les conséquences de ces pollutions sur notre environnement qui se dégrade avec la mer qui menace le littoral, les canicules qui font flamber les forêts et se tarir rivières et nappes phréatiques des intempéries que l’on dit plus fréquentes.

Tout est dit depuis la misère des enfants qui vivent dans les décharges géantes ou sont victimes de malnutrition, de maltraitance jusqu’à ces femmes privées de droit soumise à l’impitoyable patriarcaten passant par l’esclavagisme moderne qui frappe des populations entières de travailleurs immigrés mais pas seulement ! Et nous sommes là en ce milieu d’été presque indifférents, si peu en colère, si peu révoltés, que parfois j’en ai honte !

Mais le poète a tout dit et je préfère fermer ma gueule et lui laisser la parole.

 

Extrait du poème d’Aragon :

J’en ai tant vu
qui s’en allèrent

Ils ne demandaient que du feu
Ils se contentaient de si peu
Ils avaient si peu de colère

J’entends leurs pas j’entends leurs voix
Qui disent des choses banales
Comme on en lit sur le journal
Comme on en dit le soir chez soi

Ce qu’on fait de vous hommes femmes
O pierre tendre tôt usée
Et vos apparences brisées
Vous regarder m’arrache l’âme

Les choses vont comme elles vont
De temps en temps la terre tremble
Le malheur au malheur ressemble
Il est profond profond profond

Vous voudriez au ciel bleu croire
Je le connais ce sentiment
J’y crois aussi moi par moments
Comme l’alouette au miroir

J’y crois parfois je vous l’avoue
A n’en pas croire mes oreilles
Ah je suis bien votre pareil
Ah je suis bien pareil à vous

A vous comme les grains de sable
Comme le sang toujours versé
Comme les doigts toujours blessés
Ah je suis bien votre semblable

J’aurais tant voulu vous aider
Vous qui semblez autres moi-même
Mais les mots qu’au vent noir je sème
Qui sait si vous les entendez

Tout se perd et rien ne vous touche
Ni mes paroles ni mes mains
Et vous passez votre chemin
Sans savoir que ce que dit ma bouche

Votre enfer est pourtant le mien
Nous vivons sous le même règne
Et lorsque vous saignez je saigne
Et je meurs dans vos mêmes liens

Quelle heure est-il quel temps fait-il
J’aurais tant aimé cependant
Gagner pour vous pour moi perdant
Avoir été peut-être utile

C’est un rêve modeste et fou
Il aurait mieux valu le taire
Vous me mettrez avec en terre
Comme une étoile au fond d’un trou

 

 

 

https://www.humanite.fr/monde/emmanuel-macron/en-papouasie-la-diplomatie-environnementale-de-macron-teintee-d-hypocrisie-804464#

En Papouasie, la diplomatie environnementale de Macron teintée

d’hypocrisie

Pour la dernière étape de son déplacement, en Papouasie-Nouvelle-Guinée ce vendredi 28 juillet, Emmanuel Macron a mis en avant sa diplomatie environnementale. Mais s’il se targue d’aider à protéger la forêt locale, un puits de carbone, le chef de l’État soutient discrètement un projet de forage gazier mené par Total.

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Vendredi 28 juillet 2023

Le président français, Emmanuel Macron, et le Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée, James Marape, près de Port Moresby, le 28 juillet 2023.

Le président français, Emmanuel Macron, et le Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée, James Marape, près de Port Moresby, le 28 juillet 2023.
AFP / Ludovic Marin
 

Si vous ne le saviez pas, c’est maintenant le cas : le nom complet du président est Emmanuel Jean-Michel Frédéric Macron. Non pas que cette information soit de première importance : c’est simplement avec le nom du chef de l’État que la Papouasie-Nouvelle-Guinée vient de nommer un lieu du parc national de Vairirata, où il est ce vendredi l’invité du pays et de son Premier ministre James Marape.

Un endroit splendide, au cœur de la forêt papouane-néo-guinéenne, où Emmanuel Macron s’est rendu, après deux heures de marche dans une des dernières forêts primaires du monde. Un enjeu majeur pour le pays, qui abrite à lui seul 7 % de la biodiversité mondiale. « Je compte sur mon frère le président Emmanuel Macron pour parler globalement, on ne peut pas parler de changement climatique sans parler de protection des forêts, des océans, et d’économie verte » , a lancé James Marape.

Pour la France, il s’agit de mettre en œuvre un des points de la stratégie diplomatique française, notamment en Indo-Pacifique, une façon de s’intégrer dans la région, où la Papouasie-Nouvelle-Guinée fait figure de pivot diplomatique. Le pays a récemment signé un accord de coopération militaire avec les États-Unis, et entretient des relations diplomatiques et commerciales avec la Chine depuis plusieurs années.

Quid du projet de Total en Papouasie-Nouvelle-Guinée

L’idée d’Emmanuel Macron, annoncée lors du dernier sommet « One Forest Summit » à Libreville au Gabon, en mars dernier, est donc de passer des contrats avec des pays comprenant une importante couverture forestière, selon un principe simple : « Une rémunération en échange de services environnementaux rendus par ces forêts. »

L’idée, bien que discutable, paraît toutefois bonne sur le fond : l’objectif est d’abord de conserver et protéger ces forêts primaires, qui comme le rappelle le chef de l’État, représentent « 14 % de la surface du globe et 75 % de ce qu’on appelle le carbone irrécupérable – c’est-à-dire que quand on déforeste, qu’on brûle, on libère du carbone et en quelque sorte on repart en arrière. »

 

Là où le bât blesse, c’est que dans le même temps, d’autres discussions avec James Marape, qui n’ont pas fait l’objet d’une communication médiatique, portaient sur un autre projet porté par la France en Papouasie-Nouvelle-Guinée : l’exploitation de vastes ressources gazières par Total.

Dans une tribune publiée sur le site de La Croix, la directrice de l’ONG Reclaim Finance, Lucie Pinson, et le directeur du Centre pour les droits communautaires et la loi environnementale, Peter Bosip, alertent sur le projet « Papua LNG ». Neuf puits, 320 kms de gazoduc majoritairement offshore, et un impact énorme 220 millions de tonnes de CO2 annuels, soit l’équivalent du Bangladesh. « Une bombe climatique », une de plus portée par Total et la France. Qui a beau jeu de mettre en avant la préservation de l’environnement.

 

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Lu dans l’Humanité : Cela nous rappelle l’existence de ces grands intellectuels qui se sont penchés sur les « mécanismes » de l’inconscient !

Posté par jacques LAUPIES le 30 juillet 2023

Sigmund Freud et Stefan Zweig : un dialogue entre peinture et science de l’inconscient

Dans leur correspondance, tenue sur plus de trente ans, Sigmund Freud le père de la psychanalyse et Stefan Zweig l’écrivain ont échangé avec une admiration mutuelle. Commencée en 1908 dans la Vienne de la Belle Époque, elle s’achève par le suicide de Freud, deux semaines après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

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Vendredi 28 juillet 2023

Sigmund Freud, en 1931 © AP

Sigmund Freud, en 1931 © AP
 

Le suicide des deux hommes, à moins de deux ans et demi d’intervalle, place la correspondance qu’ils échangèrent pendant plus de trente ans sous un signe tragique. Sigmund Freud met fin à ses jours le 23 septembre 1939 à Londres, par une injection de morphine réalisée par son médecin afin d’échapper aux douleurs provoquées par le cancer de la mâchoire qui l’affectait depuis des mois, deux semaines après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

Alors qu’il est à cette époque l’écrivain le plus lu au monde, Stefan Zweig se suicide le 22 février 1942, dans sa villa de Petrópolis au Brésil, avec son épouse, Lotte, après la chute de Singapour, la principale base britannique sur le terrain militaire extrême-oriental. Dans les deux cas, des actes décidés, calculés, où ne se révèle aucun « coup de tête ».

« Il nous faut rester ferme maintenant – ce ­serait absurde de mourir sans avoir vu d’abord la descente aux enfers des criminels »

Et pourtant, c’est un message d’espoir que Stefan Zweig envoie à celui qu’il ose enfin appeler son « très cher ami » dans la dernière lettre qu’il adresse au fondateur de la psychanalyse. «  Il nous faut rester ferme maintenant – ce ­serait absurde de mourir sans avoir vu d’abord la descente aux enfers des criminels », lui écrit-il le 14 septembre 1939. La missive restera sans ­réponse. Son propre message d’appel à la résistance, Zweig, lui non plus ne l’entendra pas.

Stefan Zweig, jeune homme © Lebrecht/Leemage

Stefan Zweig, jeune homme © Lebrecht/Leemage

Mais le caractère tragique de

Lu dans l'Humanité : Cela nous rappelle l'existence de ces grands intellectuels qui se sont penchés sur les

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Des girouettes et des hommes (suite 1) suivi de « Conflit social à Emmaüs »

Posté par jacques LAUPIES le 27 juillet 2023

 

 
Comme toutes les associations caritatives Emmaüs est une arme à double tranchant contre la misère sociale et son corolaire l’exploitation du travail. Son action ne peut être considérée à long terme comme la solution finale contre les situations de marginalité dans lesquelles se trouvent des êtres humains, salariés au chômage voire travailleurs immigrés sans papiers. Cependant il faut bien reconnaitre que dans une société ou le droit au travail, au logement, à un revenu minimum décent, ne sont pas garantis, laisser à la rue des personnes démunies de tout est évidemment inacceptable et qu’il faut bien organiser des solidarités pour les aider à sortir de ces impasses. 

Croire que ces personnes ont capacité à se défendre et à entrer en lutte contre le système est une douce utopie et l’on peut comprendre que des « esprits humanitaires » recherchent des solutions pour les sortir de leur misère. L’abbé Pierre au nom de ses attaches religieuses en faisait partie comme tant d’autres porteurs (voir Coluche) de valeurs d’égalité et de fraternité entre les humains. 

Cependant cette voie, même appliquée dans une société de droit, est toujours soumise à des risques inhérents la « nature humaine » laquelle n’est en fait que le résultat des conséquences des injustices découlant d’un système économique (en l’occurrence le capitalisme) facteur d’inégalités et gourmand de solutions ne le mettant pas en cause, fussent-elle d’origine religieuses, politiques voire philosophiques. Une porte étant ainsi ouverte à toutes sortes d’opportunismes dans ces domaines auxquels il faut ajouter des propensions à la jalousie qui visite chacun de nous, marqué par un individualisme exacerbé, dans un monde où règne souvent le désir de posséder ce dont dispose autrui. 

C’est ainsi que celui qui reçoit notre aide, notre soutien pour soulager sa dépossession de l’essentiel souvent se retourne contre nous à défaut de s’en prendre aux causes sociales ou sociétales de son infortune. Et c’est ainsi que le dicton provençal « Fai de ben a Bertrand , te lo rendrà en cagant » signifiant : fais du bien à quelqu’un, et il t’envoie promener, trouve toute sa signification. 

Nous faisons ainsi l’expérience de l’ingratitude !  

Mais les bonnes âmes généreuses sont parfois tentées de se doter de pouvoirs excessifs de domination au nom de leur altruisme ce qui alimente ou fait naitre chez les assistés  rancoeurs et rancunes que l’on a du mal à expliquer.

C’est bien pour cela qu’il faut tendre à rendre légale le plus possible toute les formes de charité. Cela évite l’abus de pouvoir autant que l’ingratitude. Vaste programme qui n’est pas prêt de se réaliser !

Paru dans l’Humanité de ce jour

« J’ai travaillé jusqu’à la fin de ma grossesse » : les témoignages de travailleurs surexploités

Depuis bientôt un mois, vingt et un travailleurs sans papiers de la communauté Emmaüs de la Halte Saint-Jean, dans le Nord, sont en grève. Ils dénoncent des pratiques qui s’apparentent à de l’esclavage moderne. Une enquête a été ouverte par le parquet de Lille pour travail dissimulé et traite d’êtres humains.

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Jeudi 27 juillet 2023

À la Halte Saint-Jean, le 24 juillet.Ces travailleurs, tous sans papiers, dénoncent l’exploitation dont ils expliquent être victimes depuis des années. Mathieu Dréan pour L’Humanité
À la Halte Saint-Jean, le 24 juillet.Ces travailleurs, tous sans papiers, dénoncent l’exploitation dont ils expliquent être victimes depuis des années. Mathieu Dréan pour L’Humanité
Mathieu Dréan
 

Cinq ans pour rien. C’est ce à quoi se résument, pour Happy Patrick, 26 ans, les années passées à travailler à la Halte Saint-Jean, un des dépôts d’Emmaüs situé à Saint-André-Lez-Lille (Nord). Originaire du Nigeria, cette mère de famille fait partie des vingt et un grévistes qui, depuis bientôt un mois, manifestent devant la haute bâtisse de brique rouge qui fait office de lieu de travail et d’hébergement.

Comme elle, tous sont sans papiers. Sous les chapiteaux de la CGT installés devant les grilles du dépôt, ces travailleurs dénoncent l’exploitation dont ils disent être victimes depuis des années, documents et photos à l’appui. Du mardi au samedi, de 8 heures à 17 heures, ils trient et remettent à neuf les dons déposés par les particuliers, avant de les vendre dans les magasins qui dépendent du dépôt géré depuis 1995 par la directrice Anne Saingier. Pour des semaines de 40 heures de travail, une allocation de 300 euros leur est versée chaque mois, dont ils doivent retrancher 100 à 150 euros de «  redevance » pour le loyer.

Pressions constantes pour travailler, sous la menace d’être expulsée de la communauté

«  Ici, tu n’as pas le droit de t’arrêter, j’ai travaillé jusqu’au dernier jour de ma grossesse », raconte Happy Patrick. Arrivée en 2018 à la Halte Saint-Jean, la mère de famille explique avoir dû « tout sacrifier », dans l’espoir de pouvoir être régularisée avec son mari, qui travaille, lui, dans le magasin de Nieppe, qui dépend du même dépôt. Mais leur dossier de régularisation, envoyé à la préfecture, s’est soldé par des obligations de quitter le territoire français (OQTF). « Quand notre avocate a regardé le dossier, elle a vu que la directrice avait écrit qu’on était hébergés ici, mais n’avait donné aucune indication sur le fait qu’on travaille ne serait-ce qu’une heure pour Emmaüs. Je n’en croyais pas mes yeux  », souffle-t-elle. 

Comme d’autres grévistes, elle décrit les pressions constantes pour travailler, sous la menace d’être expulsée de la communauté. Les travaux réalisés dans le bâtiment sont aussi effectués par les compagnons, sans formation ni protections particulières, et plusieurs indiquent avoir été blessés.

 

« Ils n’ont jamais pris en compte notre état de santé ici, beaucoup de personnes souffrent de rhumatismes à répétition. Une collègue est allée travailler toute la journée en restant debout, avec le pied et la main enflés », indique Alice, 36 ans et mère de deux garçons de 10 et 16 ans. «  J’ai beaucoup été exposée au froid, et j’ai attrapé une rhinite cet hiver. Comme j’ai été malade pendant trois jours, la directrice m’a dit qu’elle allait devoir se séparer de moi parce qu’elle ne pouvait pas payer ” pour ceux qui ne font rien“.  »

À la Halte Saint-Jean, la surveillance des compagnons serait également constante : courrier parfois ouvert, caméras installées dans tout le bâtiment, fouilles régulières dans les logements. « Quand on découvre des choses qui ont été renversés dans nos chambres et quand on demande ce qu’il s’est passé, on nous répond “ si t’es pas content, tu prends ta valise et tu rentres dans ton pays”  », raconte Ibrahima Yattara, 28 ans. Le jeune homme originaire de Guinée-Conakry travaille ici depuis 2018, après avoir été bénévole au Secours catholique. Il a commencé par la collecte et le tri des dons, et gère désormais l’un des magasins, dont il a fait augmenter le chiffre d’affaires. « En 2022, la directrice nous a dit qu’on a fait le meilleur chiffre d’affaires de toute sa carrière, et on ne sait même pas si elle paie les cotisations à l’État », souligne-t-il.

Gouvernance « par la terreur » 

Julie, ancienne salariée d’Emmaüs Nieppe, dont Anne Saingier est aussi la présidente, et qui a travaillé un été à la Halte Saint-Jean, décrit un climat délétère, et une gouvernance « par la terreur » : « Un jour, j’ai assisté à une fouille : ils sont entrés dans une chambre et ils ont trouvé deux canettes de bière dans la poubelle, se souvient-elle. Anne Saingier était hors d’elle. J’ai vu le compagnon la supplier à genoux de ne pas le virer. C’est une emprise qu’elle exerce sur tout le monde, elle est décisionnaire de leur sort »

Fin juin, le média en ligne Streetpress a révélé les conditions de vie et de travail au sein de la Halte Saint-Jean, et l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Lille pour travail dissimulé et traite d’êtres humains. Peu de temps après une perquisition de la police dans les locaux, la grève a été déclenchée. Tous ont porté plainte individuellement pour traite d’êtres humains.

 

Les grévistes dénoncent aussi le flou entretenu autour de leur statut : tantôt « compagnons », tantôt « bénévoles », ils assurent que dès leur arrivée, la directrice leur a promis qu’avec le statut de compagnon, ils pourraient accéder au bout de trois ans à une régularisation.

Un audit a été lancé

Ce statut concerne les personnes qui sont accueillies au sein d’une des 300 communautés Emmaüs et qui participent aux activités de ces structures, « sans lien de subordination ». Depuis 2010, l’écrasante majorité des communautés disposent du statut d’organisme d’accueil communautaire et d’activités solidaires (Oacas), qui les réglemente et assure en contrepartie pour les compagnons un hébergement décent, un accompagnement social adapté et un soutien financier.

En 2018, la loi immigration a ouvert la possibilité d’une régularisation des compagnons étrangers à partir de trois ans de travail ininterrompu dans une des structures agréées. Or, la Halte Saint-Jean fait partie des cinq communautés – toutes dans le département du Nord – qui n’ont jamais souhaité avoir l’agrément Oacas.

« Il faut tenir la promesse des trois ans pour faire les papiers, et nous salarier pour nous payer correctement. Notre grève est illimitée, tant que la situation ne change pas, on ne bougera pas », assure Alice.

 

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L’Humatinale

Du lundi au vendredi, l’actu essentielle décryptée par la rédaction de l’Humanité.

 
 

 

Contacté par l’Humanité, Pierre Duponchel, président de la Halte Saint-Jean, rejette des allégations qu’il estime « mensongères », et indique qu’il n’y a aucune « relation de travail » sur ce lieu d’accueil. De son côté, Tarek Daher, délégué général d’Emmaüs France, indique ne pas avoir « connaissance de dysfonctionnements généralisés » au sein des 300 autres communautés, toutes fonctionnant dans une relative autonomie de la fédération. « Si c’était le cas, on aurait davantage de remontées de compagnons, qui siègent pour certains dans des instances nationales », fait-il valoir . La situation a poussé néanmoins Emmaüs France à demander la mise en retrait d’Anne Saingier et le lancement d’un audit mené par un organisme extérieur. L’association envisage de renforcer le suivi et l’accompagnement des communautés, et de faire de l’obtention de l’agrément Oacas une condition nécessaire pour faire partie d’Emmaüs.

Pour Saïd Bouamama, porte-parole du Comité des sans-papiers de Lille, présent chaque jour sur le piquet de grève, ce qui se passe ici devrait pousser à la révision et l’amélioration du statut de compagnon, avec, par exemple, un nombre limité d’heures de travail pour les activités bénévoles. « Il ne faut pas abandonner ce statut parce qu’il a pu ouvrir de nouveaux droits pour certains, mais il faut voir comment le prendre en compte au regard du monde du travail actuel. Car ce statut a permis de rendre possible tout ce système de surexploitation, à un degré rarement atteint. »

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Espagne : la gauche peut espérer ?

Posté par jacques LAUPIES le 25 juillet 2023

 

Après les élections en Espagne : coupé en deux, un pays sans majorité absolue

Le scénario d’une victoire de la droite et de l’extrême droite a été déjoué après les législatives. Pour autant la gauche, qui fait mieux que résister, n’est pas certaine de pouvoir constituer un nouveau gouvernement. Pedro Sanchez assurera néanmoins l’interim.

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Mardi 25 juillet 2023

La soirée électorale le 23 juillet dans un restaurant de Benidorm, en Espagne. © Getty Images via AFP

La soirée électorale le 23 juillet dans un restaurant de Benidorm, en Espagne. © Getty Images via AFP
 
 

Le PP (Parti populaire) a gagné, mais pas vraiment. Le PSOE (Parti socialiste) a perdu, mais pas vraiment. Une soirée électorale particulière pour une peu banale configuration politique.

Le scénario annoncé comme le plus probable par les derniers sondages – une victoire du parti conservateur aidé par la formation d’extrême droite Vox – a été déjoué par un surplus de mobilisation d’électeurs de gauche. Mais pas suffisamment pour que le gouvernement de coalition sortant puisse être à coup sûr reconduit.

Alberto Nuñez Feijoo ne sera pas premier ministre. Pedro Sanchez pourrait le rester après cinq ans d’exercice du pouvoir. En cas de majorité introuvable, les Espagnols seraient, comme en 2019, de nouveau appelés aux urnes, en novembre ou décembre. Décryptage d’un scrutin aux résultats inattendus.

Deux Espagne face à face

45,4 % des suffrages pour l’alliance PP-Vox, 44 % pour la coalition sortante, PSOE-Sumar. Le cru 2023 s’inscrit dans la lignée des scrutins depuis 2015 où, comme le rappelle Mathieu Gallard, directeur de recherches à Ipsos, « les blocs ne bougent pas. La gauche oscille entre 43 % et 46,5 %, la droite entre 42,5 % et 46 %. Au sein des blocs, en revanche, cela change beaucoup ».

Le PP a bénéficié d’un vote utile, au détriment de Vox. Avec 33 % des voix et 136 députés, le premier améliore largement son score de 2019 (20 % et 89 sièges), au détriment du second qui recule à 12,4 % % et 33 députés (contre 15 % et 52 sièges.)

À gauche, le PSOE du premier ministre, Pedro Sanchez, réalise, avec 31,7 %, un score bien meilleur qu’en 2019 (28 %) et au-delà des projections des derniers sondages. Cela lui permet de sortir de ce scrutin avec le même nombre de sièges qu’il y a quatre ans (122 contre 120).

Avec 12,3 % des voix (soit l’équivalent du score de Podemos en 2019, 12,86 %), Sumar, la nouvelle coalition emmenée par la ministre communiste du Travail, Yolanda Diaz, obtient 31 sièges au Congrès des députés (quatre sièges de moins que Podemos). « Le PSOE a plus pris sur les indépendantistes, notamment catalans, que sur Sumar », analyse Mathieu Gallard.

Le vote de dimanche reflète une bipolarisation comme l’expliquait dans nos colonnes Jean-Yves Dormagen, professeur de science politique et fondateur de Cluster 17 : « Ce pays est très profondément divisé sur de nombreux clivages : préférence pour la République contre soutien à la monarchie, progressisme contre traditionalisme, redistribution économique contre libéralisme, sans oublier la place de la religion dans la société et le clivage très profond autour des nationalismes périphériques, en particulier basque et catalan. Mais ce qui fait la différence avec la France ou l’Italie, c’est que ces clivages tendent à se superposer. Ils vont globalement dans le même sens et donc se renforcent mutuellement.  » En résumé, dans le cadre de deux blocs presque identiques numériquement, la clé réside dans la mobilisation de ses électeurs naturels.

Le pari gagné de Pedro Sanchez

Lorsque, fin mai, le premier ministre en exercice a annoncé l’organisation d’élections anticipées en plein été, l’aiguille des prédictions sondagières penchait très nettement à droite et à l’extrême droite. La gauche au pouvoir venait de subir un revers d’ampleur lors des élections locales et municipales.

Le chemin vers le palais de la Moncloa semblait rectiligne pour Alberto Nuñez Feijoo. Erreur de calcul de la trajectoire dès le début ? « Il y a eu une mauvaise lecture de ces élections. Certes, la droite a remporté de nombreuses victoires mais, en nombre de voix, la différence n’était pas si massive que cela », argumente Mathieu Gallard.

Le leader du PP entendait transformer le scrutin du 23 juillet en « référendum sur le sanchisme ». Il s’agissait à la fois de congédier le responsable politique et sa personnalité, mais surtout son bilan, dont les principales mesures demeurent populaires auprès des Espagnols : augmentation du salaire minimum de 47 %, instauration d’un revenu minimum vital, indexation des pensions de retraite sur l’inflation, réforme du marché du travail faisant reculer la précarité, loi sur l’euthanasie.

Pour Feijoo, cela permettait de flatter sa base et ainsi de la consolider. Mais depuis l’éclatement du bipartisme en 2015, le PP doit compter avec Vox, fondée par certains « dissidents », qui prône une idéologie d’extrême droite totalement décomplexée : négation du phénomène de la violence machiste et de la réalité du changement climatique, culture la haine de l’immigration, ultracentralisme au point de vouloir revenir sur les autonomies négociées après la chute de la dictature de Franco.

Tout en reconnaissant que le scénario n’est pas « idéal », le leader du PP a pourtant joué à fond cette carte. À commencer par les régions où l’on a voté en mai. La campagne électorale pour le Parlement se déroule aussi au rythme des accords passés dans les provinces entre les deux formations, et surtout des reniements du PP. Exemples : une catholique anti-avortement est portée à la tête du Parlement de la région valencienne, tandis qu’en Estrémadure le PP renonce à toute référence à la violence machiste pour complaire à son partenaire ultra.

Or, 65 % des Espagnols sont défavorables à ce type d’alliance, dont 51 % « très défavorables ». La puissance du rejet est beaucoup plus forte que celle s’opposant à la reconduction de la coalition de gauche. « La perspective d’une victoire de PP et Vox a amené une mobilisation de l’électorat de gauche », souligne Mathieu Gallard. Bien que se déroulant en pleine période estivale, cette élection générale a plus mobilisé que le précédent scrutin de novembre 2019 : 70,4 % de participation, contre 66,23 % en novembre 2019.

Donné comme perdant tout au long de la campagne, Pedro Sanchez a pu apparaître dès dimanche soir face aux militants socialistes amassés devant le siège du PSOE, à Madrid, dans la posture du rempart : « Le bloc rétrograde du Parti populaire et de Vox a été battu. »

Mais le bloc progressiste va-t-il pour autant être en capacité de poursuivre son œuvre ? Dès dimanche soir, Yolanda Diaz qui, a elle aussi réussi son pari d’une nouvelle organisation incarnant la gauche de transformation sociale après l’effondrement de Podemos, appelait à des négociations pour former une nouvelle majorité et un gouvernement progressiste, une ligne politique qu’elle a défendu tout au long de sa campagne.

Nouveau gouvernement de gauche ou nouvelles élections ?

C’est ici que l’on retrouve la mathématique des sièges. Le bloc de droite dispose de 169 députés pour une majorité absolue qui s’établit à 176. Le bloc de gauche compte 153 députés, mais peut potentiellement s’appuyer sur une partie des élus indépendantistes, notamment catalan et basque.

Il faudra d’abord convaincre les gauches nationalistes, donc les six élus basques de Bildu et les sept députés de la Gauche républicaine catalane (sept élus), et ensuite s’assurer d’une abstention de Junts, la formation nationaliste catalane de centre droit de Carles Puigdemont, organisateur du référendum interdit par la justice sur l’indépendance de la Catalogne, auto-exilé à Bruxelles et objet d’un mandat d’arrêt européen.

La responsable de cette organisation a d’ores et déjà annoncé qu’elle demanderait des contreparties, un prix certainement trop élevé à payer pour Pedro Sanchez. « Les résultats des indépendantistes sont tellement moyens (en Catalogne, leur score cumulé est le plus faible depuis 1992 – NDLR) qu’ils vont peut-être vouloir éviter une nouvelle élection », souligne le directeur de recherche d’Ipsos. De son côté, la droite va tenter de convaincre le PNV, le parti nationaliste basque de centre droit, de constituer une majorité en compagnie de Vox qui qualifie les partis indépendantistes d’ « ennemis de l’Espagne »…

L’investiture du premier ministre se déroulant à la majorité absolue lors du premier tour puis à la majorité relative dès le deuxième, la possibilité que la coalition de gauche garde les rênes du pouvoir demeure. À défaut, de nouvelles élections auraient lieu en novembre avec une configuration plus favorable à ceux à qui l’on promettait la défaite et qui l’ont esquivée.

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Droite, macroniste, sociodémocrates, serviteurs zélés des bourgeoisies internationales ? Que reste-il de fiable : les communistes probablement…

Posté par jacques LAUPIES le 24 juillet 2023

Le président, lors de sa dernière vite à Nouméa, le 5 mai 2018. Ludovic Marin/AFP

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