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Télétravail : les outils pour vous fliquer et les règles censées les encadrer

Posté par jacques LAUPIES le 31 décembre 2021

 

Certains patrons veulent en priorité garder un Sil sur les e-mails de leurs employés et traquer le temps qu’ils passent sur des sites « productifs » ou « non productifs ». D’autres souhaitent carrément avoir accès à leur webcam. Michel Gaillard/REA

Certains patrons veulent en priorité garder un Sil sur les e-mails de leurs employés et traquer le temps qu’ils passent sur des sites «	productifs	» ou «	non productifs	». D’autres souhaitent carrément avoir accès à leur webcam. Michel Gaillard/REA

 
Vendredi 31 Décembre 2021

Les logiciels de surveillance, dont la mise en place est plus ou moins légale, ont le vent en poupe, alors que le travail à distance passe à trois jours obligatoires dès lundi. 63 % des entreprises françaises prévoient d’adopter – ou l’ont déjà fait – des outils de surveillance, selon une étude auprès de 7 600 patrons et DRH. Télétravailleurs, souriez, vous êtes fliqués !

 

Des logiciels enregistrent tout ce qui est frappé au clavier et cliqué à la souris, d’autres permettent même au manager de voir par l’œil de la web­cam des salariés… Avec la hausse de la pratique du télétravail, 63 % des entreprises françaises prévoient d’adopter – ou l’ont déjà fait – des outils de surveillance, assure une étude de marché récente de l’éditeur de logiciels VMware auprès de 7 600 patrons et DRH. Les employeurs français veulent en priorité surveiller les e-mails (37 %) mais aussi l’historique de navigation sur Internet (36 %). Un quart d’entre eux souhaitent carrément avoir accès à la webcam de leurs salariés.

 

Selon une autre enquête réalisée par le cabinet ISG sur plus de 2 000 entreprises et grands groupes, ces pratiques de surveillance des salariés en télétravail auraient bondi de plus de 500 % depuis le début de la pandémie. Et ce n’est pas près de s’arrêter, puisque le recours au télétravail est obligatoire « trois jours minimum » par semaine, voire quatre, « dans toutes les entreprises et pour tous les salariés pour lesquels cela est possible », a annoncé, lundi 27 décembre, le chef du gouvernement. Et ce dès le 3 janvier.

EN VIDÉO Notre entretien avec la sociologue Danièle Linhart :
Icon Video « Les dimensions les plus délétères de l’emploi s’aggravent avec le télétravail »

Clever Control pour « détecter les fainéants »

Les employeurs ont le choix des armes. L’un des programmes les plus courants, Hubstaff, se vante de pouvoir calculer le « temps de travail effectif » des salariés en télétravail. Il va jusqu’à contrôler la géo­localisation de leur téléphone, enregistrer le temps passé sur chaque application et envoie des rapports quotidiens aux managers.

Il y a aussi Teramind, un logiciel capable de déterminer si le comportement sur son ordinateur d’un employé s’écarte des règles de bonne conduite renseignées préalablement par le management, ou Clever Control, qui prétend « détecter les fainéants » en prenant notamment en photo les travailleurs via leur webcam et en enregistrant les conversations audio. Ou encore ActivTrak, qui quantifie le temps passé par un salarié sur des sites « productifs » ou « non productifs ».

Il y a tout juste un an, une étude réalisée par la société de conseil GetApp pointait déjà que 45 % des salariés français en télétravail savaient qu’ils étaient d’une manière ou d’une outre surveillés. Ils déploraient que cela entraînait chez eux une hausse du stress, une baisse du moral et le sentiment que la confiance qui les liait à leur employeur était durablement entachée.

Ces programmes qui enregistrent tout ce qui est frappé sur les claviers

À l’inverse des États-Unis, où les employeurs raffolent des keyloggers, ces petits programmes discrets qui enregistrent tout ce qui est frappé sur les claviers, cette pratique reste encadrée en France. « Sauf circonstance exceptionnelle liée à un fort impératif de sécurité, ce mode de surveillance est illicite », assure la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), de même que « l’employeur ne peut pas recevoir en copie automatique tous les messages écrits ou reçus par ses employés, c’est excessif », ni n’a le droit de « mettre en place un dispositif d’écoute ou d’enregistrement permanent ou systématique ».

Pour le reste, comme le rappelle l’Ugict CGT, « le télétravail n’étant qu’une modalité d’organisation du travail, l’employeur conserve le pouvoir d’encadrer et de contrôler le travail du salarié. Il peut donc mettre en place un système de surveillance, par exemple pour contrôler le temps de travail, à la condition que celui-ci soit pertinent et proportionné à l’objectif poursuivi et ne porte pas une atteinte excessive au droit à la vie pri vée du salarié ».

Un « mode invisible », à l’insu des salariés

Il y a toutefois des conditions : « Le CSE doit en être informé au préalable, ainsi que le télé­travailleur individuellement », précise le syndicat. Les outils de contrôle doivent donc être proportionnés et uniquement installés sur les ordinateurs et téléphones fournis par l’employeur.

La Cnil précise qu’il peut néanmoins se réserver un droit d’accès au contenu professionnel stocké dans l’équipement personnel et peut prévoir un effacement à distance de la partie « spécifiquement dédiée à l’accès distant aux ressources de l’entreprise ». Et grâce au RGPD (règlement général de la protection des données), l’employé peut demander à avoir accès aux données que l’employeur a récupérées sur lui.

Problème, si le droit français est relativement rassurant, les différents outils de surveillance en vente peuvent fonctionner à l’insu des salariés. Par exemple, « Clever Control a un mode invisible dans lequel il n’est pas visible pour l’utilisateur dans le système ou des programmes installés. Donc, il ne perturbera pas le travail des employés et ne leur permettra pas d’éviter la surveillance en désactivant le programme », explique la documentation du logiciel.

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Ce qu’en pense l’Huma…

Posté par jacques LAUPIES le 31 décembre 2021

Les dernières observations cliniques montrent que le variant Omicron serait plus contagieux que le variant Delta, avec un taux de transmission qui passerait de 67 % à 84 %. Magali Cohen/Hans Lucas via AFP
 

Covid. La France peut-elle amortir le choc Omicron ?

Vendredi 31 Décembre 2021

Face à l’augmentation exponentielle des contaminations et aux incertitudes qui demeurent quant aux caractéristiques du nouveau variant, tout miser sur la vaccination pourrait ne pas suffire à éviter la saturation des hôpitaux. Décryptage.

 

«Des chiffres qui donnent le vertige », « un raz de marée ». Le ministre de la Santé, Olivier Véran, n’a pas lésiné sur les superlatifs pour décrire, le 29 décembre, la situation sanitaire du pays aux députés. Ce jour, le nombre de personnes contaminées au Covid venait de franchir pour la première fois le seuil des 200 000 en 24 heures, soit « plus de deux Français chaque seconde » , après un premier record la veille à 180 000. Il est encore trop tôt pour mesurer l’impact de cette hausse sur le nombre de cas graves et d’hospitalisations. D’autant que l’arrivée d’Omicron, possiblement plus contagieux, mais moins dangereux que les précédents variants du coronavirus, brouille les pistes. Mais les chiffres mercredi étaient déjà en augmentation : 1 386 hospitalisations en plus, soit une hausse de 12,5 % en sept jours et 286 nouvelles entrées en soins critiques.

1Omicron, un mutant retors ?

Les observations cliniques menées à l’étranger ont montré que le variant Omicron était plus contagieux que son prédécesseur Delta. Il disposerait d’un « avantage de transmission » de 67 % à 84 %, qui provoquerait un doublement des cas de 2,5 jours en moyenne. Cela explique la flambée des contaminations. Mais le nombre réel de cas pourrait cependant être sous-évalué car les tests de dépistage antigéniques sont moins sensibles au nouveau variant. Dans un communiqué publié mardi, la Food and Drug Administration (FDA) estime que « les tests antigéniques détectent bien le variant Omicron, mais avec une sensibilité réduite », et recommande l’usage de tests PCR. Or, en France, à la veille du réveillon, c’est la ruée vers les autotests antigéniques, vendus désormais en supermarchés. Gare aux faux négatifs…

Concernant la dangerosité d’Omicron, si de récentes données suggèrent qu’il est moins virulent, les travaux de scientifiques de l’université de Columbia présentés dans la revue Nature le 23 décembre alertent sur sa capacité d’échappement immunitaire, à la fois face aux vaccins, aux traitements et à l’infection naturelle. « Les personnes précédemment infectées et les sujets complètement vaccinés restent à risque d’infection par Omicron. Ce dernier est plus résistant à tous les anticorps utilisés aujourd’hui », précisent les virologues, qui ajoutent tout de même que « les personnes ayant reçu une injection de rappel de l’un des deux vaccins à ARNm sont susceptibles d’être mieux protégées ». Le Dr David Ho, auteur principal de l’étude, insiste sur le caractère original d’Omicron, qui possède « 22 mutations spécifiques », et alerte sur la nécessité d’anticiper la lutte contre les variants suivants « car il n’est pas exagéré de penser que le Sars-CoV-2 n’est plus qu’à une ou deux mutations près d’être complètement résistant aux anticorps actuels, que ce soient les anticorps monoclonaux utilisés comme thérapies ou les anticorps générés par la vaccination ou l’infection par les variants précédents ».

2Quelles marges de manœuvre ?

Dans un rapport rendu public mercredi, l’Institut Pasteur brosse différentes possibilités d’évolution de l’épidémie, ajustées à divers niveaux de virulence et de transmissibilité du nouveau variant et étudient l’impact des dispositifs mis en place. Selon l’hypothèse la plus probable en l’état actuel des connaissances, la sévérité du variant Omicron étant réduite d’environ 80 % par rapport à celle du variant Delta, et compte tenu de sa plus grande transmissibilité, le contrôle de la vague d’hospitalisations Omicron est atteignable moyennant une réduction des interactions sociales. Sans changement de comportement des Français, le pic d’hospitalisations pourrait atteindre 2 700 hospitalisations quotidiennes, il passerait à 1 900 ou à 1 400 si les Français réduisaient leurs contacts de 10 % ou 20 %, respectivement. Pour le scénario envisageant une très forte contagiosité d’Omicron, le pic se situerait à 2 700 hospitalisations journalières en réduisant les contacts de 20 % (4 400 sans réduction des contacts).

« Des centaines de milliers de Français pourraient être infectés quotidiennement en janvier, dans la grande majorité des cas avec des symptômes légers. L’absentéisme résultant de cette vague d’infections risque de perturber le fonctionnement de la société », confirment les auteurs du rapport, qui indiquent que « l’accélération de l’administration des doses de rappel (1,2 million par jour au lieu de 800 000 par jour) pourrait réduire la taille du pic d’hospitalisations de 9 % à 17 %. » Les chercheurs de l’institut de recherche français insistent également sur l’optimisation de la date de mise en œuvre et de la durée des mesures de restriction. Mises en place trop tôt, elles risquent de ne faire que décaler la vague sans fortement avoir d’impact sur sa taille. À l’inverse, si l’on attend trop longtemps, les hôpitaux risquent la saturation.

3L’hôpital au bord de la crise de nerfs

Sur le terrain hospitalier, « c’est le feu ! » résume Patrick Bourdillon, secrétaire fédéral de la CGT santé. La flambée épidémique des derniers jours coïncidant avec les congés de fin d’année des personnels hospitaliers, elle soumet les services de santé à une « double pression » quasi intenable. « Le taux d’absentéisme a doublé depuis le début de l’année : on est passé de 9 % à 18 % d’agents en arrêts maladie », affirme le syndicaliste CGT, qui précise que ces chiffres – compilés par la CGT en l’absence de données précises données aux représentants des salariés par la direction générale de l’offre de soins – ne comprennent pas que des arrêts liés au Covid mais également pour « épuisement ». À en croire le cégétiste, même les primes du type de celle promise par l’AP-HP, qui devait avoisiner les 2 000 euros pour dix jours de congé reportés, n’ont pas convaincu les hospitaliers. « On en revient à la situation de la première vague, où les directions d’hôpital font travailler, non seulement les agents cas contacts, mais aussi ceux qui sont positifs asymptomatiques ou “légèrement symptomatiques” avec tous les risques de contagion que cela comporte », dénonce-t-il. Une situation extrêmement tendue qui n’incite pas pour autant le gouvernement à réintégrer les personnels non vaccinés suspendus. Surtout, la CGT redoute que la focalisation médiatique et gouvernementale sur les services de réanimation, pour l’instant moins sous pression nationalement que pendant la première vague, n’occulte la saturation des autres services hospitaliers. « Entre les déprogrammations massives d’interventions liées au plan blanc qui peuvent réellement amener à des pertes de chances pour les patients, notamment ceux atteints de cancer, et le fait que les services de pneumologie et de médecine interne sont sursollicités, on gère la pénurie en déshabillant Pierre pour habiller Paul », regrette-t-il.

4Des mesures insuffisantes ?

La vague actuelle n’y change rien. Avec la présidentielle en ligne de mire, la réponse de l’exécutif à l’épidémie reste inchangée : mettre la pression sur les non-vaccinés, pour ne pas imposer d’impopulaires restrictions. Premier outil de cette politique, la transformation du passe sanitaire en passe vaccinal, ceci avec comme corollaire un arsenal anti fraude : jusqu’à cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende pour la détention d’un faux passe, passage de 135 à 1 000 euros pour l’utilisation du passe d’une autre personne et possibilité donnée aux gérants d’établissement de contrôler l’identité des clients. « Tout miser sur la vaccination, comme le fait le gouvernement, et laisser croire qu’elle va nous empêcher d’être submergés, est dangereux », alertait pourtant dès le 26 décembre dans le JDD l’épidémiologiste William Dab, ancien directeur général de la santé. De fait, les mesures pour limiter la circulation du virus restent très limitées (fermetures des boîtes de nuit, interdiction des rassemblements de plus de 2 000 personnes à l’intérieur, port du masque à l’extérieur en Île-de-France, amende jusqu’à 50 000 euros pour les entreprises réticentes au télétravail). Foyer de contamination en puissance, l’école suscite toutes les inquiétudes. Or, malgré les appels répétés des scientifiques, rien n’a été fait, ni pour faciliter l’aération des classes ni pour la protection des enseignants. Dans le Monde, Dominique Costagliola, directrice de recherche et membre de l’Académie des sciences, préconise « la généralisation des masques FFP2, notamment pour les professions de première et deuxième lignes et la mise en place de couvre-feux territoriaux ». Et l’épidémiologiste d’alerter sur le fait que, en ne prenant pas des mesures plus restrictives dès l’apparition d’Omicron, « on a joué à la roulette russe ».

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Jeunes et moins jeunes allez voter car vous avez une candidature correspondant à vos aspirations : celle FABIEN ROUSSEL

Posté par jacques LAUPIES le 30 décembre 2021

Les jeunes, les catégories populaires et les moins diplômés sont ceux qui boudent le plus les urnes. Benjamin Mengelle/Hans Lucas/AFP
 

Démocratie. La menace de l’abstention plane sur 2022

Jeudi 30 Décembre 2021

Si la présidentielle reste l’élection reine de la Ve République, le refus de se rendre aux urnes gagne du terrain. Mobilisation en berne et pandémie pourraient à nouveau être les ingrédients d’un cocktail mortifère.

 

«  Record absolu »« niveau historique »« catastrophe démocratique »… Au soir du second tour des élections régionales et départementales de juin, le faible niveau de participation a marqué les esprits. Et pour cause, 65,31 % des électeurs n’ont pas fait le déplacement – 87 % parmi les jeunes de 18 à 24 ans. Déjà, aux municipales de 2020, 58,14 % des inscrits avaient boudé les urnes au second tour, un taux jamais atteint pour un tel rendez-vous. « On est dans un cycle abstentionniste jamais vu. À toutes les élections à deux tours depuis le début du quinquennat, y compris pour les élections nationales que sont les législatives, l’abstention a été majoritaire », note Frédéric Dabi, le directeur général de l’Ifop. La séquence électorale de 2022 échappera-t-elle à la règle ?

La « logique de vanité du vote »

Une mission d’information parlementaire a bien été mise en branle par la majorité macroniste dans la foulée des élections de juin. Mais le rapport rendu début décembre propose surtout une série d’aménagements techniques (double procuration, expérimentation du vote par correspondance…) qui, s’ils peuvent faciliter l’accès au vote, seront loin de suffire à résorber la profonde crise démocratique. Surtout quand 89 % des participants à la consultation citoyenne lancée par l’Assemblée nationale en octobre estiment que l’une de ses causes réside dans un débat public qui « se dégrade ».

À moins de quatre mois de la présidentielle, le spectre de l’abstention rôde donc toujours. Certes l’élection, devenue reine du fait des institutions de la Ve République, est plutôt épargnée au regard des autres scrutins. Mais le phénomène gagne à nouveau du terrain. Le 21 avril 2002 avait battu un record avec 28,4 %. À cette première qualification de l’extrême droite au second tour a succédé un sursaut de participation en 2007, avec 16,23 % d’abstentionnistes. Mais, depuis, la courbe remonte : 20,52 % en 2012 puis 22,23 % en 2017. Même la qualification de Marine Le Pen n’a alors pas provoqué de surmobilisation au second tour (25,44 %).

Tandis que la cinquième vague frappe de plein fouet et que le variant Omicron s’invite sur le territoire, la pandémie pourrait de surcroît avoir cette fois-ci son mot à dire. « Une campagne sous Covid peut créer chez beaucoup de Français le sentiment que l’élection a été tronquée, que la campagne n’a pas abordé les vrais sujets, et donc réactiver cette logique de vanité du vote, très présente chez les jeunes, selon laquelle il est inutile de voter parce que  cela ne change pas grand-chose à ma vie   », relève le politologue de l’Ifop.

D’ores et déjà, les indicateurs ne sont pas au beau fixe. « Seulement 60 % des Français sont actuellement certains d’aller voter. Si on compare avec les chiffres de 2016, on observe qu’à la même époque, on en était à 10 points de plus de participation envisagée. On peut donc avoir un taux d’abstention plus important lors de la prochaine échéance », détaille Antoine Bristielle, le directeur de l’Observatoire de l’opinion de la Fondation Jean-Jaurès. Quant aux législatives, elles pourraient payer le prix fort. Déjà en 2017, l’abstention s’est élevée respectivement à 51,30 % et 57,36 % aux premier et second tours. « Depuis 1997, ces élections ont perdu leur autonomie du fait de l’inversion du calendrier électoral, elles sont fortement indexées sur la présidentielle », rappelle Frédéric Dabi. Sans compter que « cela entraîne une démobilisation relative des camps qui ont perdu ».

La carte d’identité des électeurs potentiellement les plus concernés est bien établie : les jeunes, les catégories populaires et les moins diplômés sont ceux qui boudent le plus les urnes, élection après élection. Cependant, lorsque le niveau d’abstention atteint des sommets, prévient le sondeur de l’Ifop, « le glas peut sonner pour tout le monde, y compris p our des catégories qui votaient fortement ». Mais, même pour la présidentielle, d’une échéance à l’autre, les inégalités ne cessent de s’amplifier, observe la directrice de Sciences-Po Saint-Germain-en-Laye, Céline Braconnier (lire entretien ci-contre). « Entre 2007 et 2017, l’écart d’abstention entre les 25-29 ans, qui votent le moins, et les 65-69 ans, qui votent le plus, a été multiplié par deux, passant de 9 à 18 points », pointe la politologue, qui travaille à partir des listes d’émargement. Il en va de même pour l’écart entre les ouvriers et les cadres, qui passe de 6 à 12 points. « En cessant de voter, met-elle en garde , on alimente la spirale de l’exclusion électorale. » Soit le risque de voir les politiques publiques in fine décidées par et pour une petite fraction de la population, alimentant par là même l’abstention, et ainsi de suite.

Pour l’heure, si la part des abstentionnistes constants (ceux qui ne votent plus du tout) augmente, le phénomène majeur reste le vote intermittent. « En 2017, le vote constant (à tous les tours de la présidentielle et des législatives – NDLR) a concerné un tiers des inscrits, contre la moitié en 2007 », explique la professeure de science politique. Une part de plus en plus importante des citoyens ne se déplace que s’ils y trouvent un intérêt, et non plus seulement par devoir. C’est ainsi qu’ « aux dernières législatives, seuls 27 % des 18-30 ans ont voté, alors qu’ils étaient 71 % pour les 18-24 et 66 % pour les 25-29 à participer à l’élection du président de la République », prend comme exemple Céline Braconnier.

Une réserve de voix pour la gauche

Reste que le profil des abstentionnistes potentiels cache aussi une possible réserve de suffrages pour la gauche puisque les catégories qui historiquement lui fournissent leur voix sont en première ligne. Si un surcroît de participation des classes populaires pourrait aussi être favorable au RN de Marine Le Pen, « les électorats de gauche à l’heure actuelle sont beaucoup moins mobilisés que ceux de droite », ajoute Antoine Bristielle, qui estime que « c’est peut-être d’ailleurs pour cela que la droite est si haute dans les sondages ». Néanmoins, la multiplication des sondages, avec des candidats de gauche qui, au mieux, peinent à franchir les 10 %, pourrait aussi « démobiliser assez massivement » ses électeurs potentiels du fait de l’annihilation de toute perspective de victoire. Le fameux effet de prophétie ­autoréalisatrice. En la matière, rien n’est joué, selon le chercheur en science politique, le seuil de qualification s’étant abaissé : « En juin, la barre était autour de 23 %. Là, selon les sondages, elle se situe autour de 15-16 %, ce qui laisse quand même davantage d’opportunités pour la gauche de se mobiliser. »

En somme, malgré les signaux d’alerte, tout dépendra de la centaine de jours à venir et de la campagne très intense et médiatisée de la présidentielle. Le débat, jusque-là pollué par les obsessions de l’extrême droite, sera-t-il à la hauteur ? « Parmi les thèmes attendus, on relève les questions de la santé, du pouvoir d’achat, des impôts, de l’éducation… Également de la sécurité, certes, mais ce ne sont pas les enjeux identitaires qui sont en tête », assure Frédéric Dabi.

Le jeu est d’autant plus ouvert que l’incertitude des électeurs eux-mêmes est importante. Selon une récente enquête Ipsos pour le Monde, le Cevipof et la Fondation Jean-Jaurès, 30 % des sondés ont changé d’avis entre mi-octobre et début décembre. Parmi eux, outre ceux qui ont choisi un autre candidat, 16 % sont passés de l’intention de s’abstenir à la certitude de voter (9 %)… ou l’inverse (7 %).

Tout peut encore basculer, d’autant que, rappelle le directeur général de l’Ifop, l’abstention est « le comportement électoral le plus difficile à appréhender » pour les enquêtes d’opinion. Et, surtout, il reste un peu plus de trois mois pour convaincre.

Vous pouvez encore vous inscrire jusqu’au 4 mars

Depuis le 1er janvier 2019, l’inscription sur les listes électorales est possible jusqu’au sixième vendredi précédant un scrutin. Pour la présidentielle de 2022, vous avez donc jusqu’au 4 mars. Vous devez fournir des justificatifs d’identité et de domicile via un « téléservice » disponible sur le site service-public.fr, en vous déplaçant à la mairie de votre commune ou en envoyant un courrier adressé à votre maire. Les jeunes de 18 ans sont automatiquement inscrits à condition d’avoir fait les démarches de recensement citoyen à partir de 16 ans. Si vous avez déménagé, il se peut que vous ayez été radié, vous pouvez vérifier sur service-public.fr.

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En finir avec ces stratégies qui font du Covid un excellent prétexte de recul économique, social et culturel et surtout un exercice de manipulation des « masses » qui devient préoccupant pour le respect de la liberté et de la démocratie !

Posté par jacques LAUPIES le 28 décembre 2021

 

Sébastien JumelDéputé PCF de Seine-Maritime
 

Passe vaccinal. « Sans stratégie sanitaire, le gouvernement choisit l’autorité »

Mercredi 29 Décembre 2021

L’élu PCF Sébastien Jumel émet de vives critiques à l’égard du texte annoncé lundi soir par Jean Castex et 

SÉBASTIEN JUMELDéputé PCF de Seine-Maritime

Le député PCF de Seine-­Maritime s’opposera à l’Assemblée nationale, ce mercredi en commission, au projet de loi entérinant le passe vaccinal. Il rappelle l’urgence de lever les brevets sur les vaccins, seul moyen efficace pour faciliter leur accès et ainsi éviter l’émergence de nouveaux variants.

Comment réagissez-vous à la transfor­mation du passe sanitaire en passe vaccinal ?

Sébastien Jumel Pour la douzième ou treizième fois, le gouvernement propose un texte pour gérer la crise sanitaire sans tirer les leçons des échecs précédents. Mieux, il trahit une fois de plus ses propres ­déclarations : souvenez-vous, quand ­Emmanuel Macron disait qu’il était hors de question de créer un passe sanitaire, lorsqu’on nous assurait qu’il n’était pas question de lancer un passe vaccinal… Cela illustre bien l’absence de stratégie, le manque de cohérence et de lisibilité des choix du gouvernement. Comme lors des textes précédents, le gouvernement fait le choix d’une gestion autoritaire de la crise sanitaire et prend toutes ses décisions au sein d’un Conseil de défense antidémocratique. Or, la priorité du gouvernement devrait être celle de rassembler le pays, de rassurer, et pas de crisper les récalcitrants aux vaccins ou ceux qui sont tout simplement inquiets.

Le gouvernement assure que ce nouveau dispositif permettra de relancer la campagne vaccinale. Cela ne vous convainc pas ?

Sébastien Jumel Non. Je ne pense pas que le passe vaccinal soit de nature à convaincre les six millions de Français non vaccinés. Cette nouvelle décision autoritaire risque d’amplifier les tensions, les crispations. Au lieu d’obliger les gens à se vacciner, le gouvernement devrait privilégier une politique sanitaire axée sur les leviers suivants : aller au contact des plus fragiles, des récalcitrants ; investir dans la médecine de ville, la médecine scolaire, notamment pour les plus jeunes. Bien sûr, il faut aussi réarmer l’hôpital public, complètement dévasté après des années d’austérité budgétaire.

Quelles sont les mesures ­problématiques que vous dénoncez ?

Sébastien Jumel Il y a d’abord la question des contrôles d’identité. Le texte permettrait à de simples restaurateurs, à des vigiles, à des employés de vérifier l’identité du détenteur du passe en cas de soupçon de fraude. Or, ils ne sont ni formés ni habilités à effectuer cet acte policier. On ne doit surtout pas transférer cette compétence à des acteurs du secteur privé, quel qu’en soit le motif. Si cette disposition ahurissante passe, ce serait une atteinte forte à nos libertés individuelles. Les députés communistes voteront contre cette loi. En outre, celle-ci ne prévoit rien pour investir dans la santé, ni pour rendre accessible la vaccination à toutes et tous. Il n’y a rien non plus sur la gratuité des tests, ni sur les moyens à mettre en œuvre pour accélérer la vaccination des personnes fragiles. Mais il n’y aura plus de café au comptoir, plus de concerts debout… Le gouvernement tâtonne et l’efficacité de ses mesures reste à prouver.

Quelles solutions préconisez-vous pour endiguer la pandémie ?

Sébastien Jumel Sur la méthode, nous prônons le dialogue avec les maires, les acteurs locaux, les scientifiques et les syndicats. Si le gouvernement les avait écoutés, on n’en serait certainement pas là. Concrètement, il faut absolument lever les brevets sur les vaccins. Sans cela, la situation sanitaire va se répéter inlassablement, avec l’apparition de nouveaux variants émergeant de pays où l’accès aux vaccins se fait toujours attendre. Cette mesure d’urgence doit s’accompagner d’un plan massif de vaccination de l’humanité tout entière, tel que le préconise le directeur de l’OMS. En France, la politique sanitaire doit miser sur les acteurs de proximité afin de vacciner l’ensemble de la population et rassurer ceux qui expriment des craintes. Il faut également redonner des moyens à l’hôpital public, rouvrir les milliers de lits fermés durant la crise sanitaire. Enfin, le remboursement des tests, des masques FFP2 (pour les personnels soignants et les plus fragiles notamment) est indispensable. Sans oublier l’école, où il faut équiper les classes pour pouvoir les aérer. Bref, il faut un État qui protège plutôt qu’un État autoritaire.

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Les « jours heureux » une expression symbôle de l’espoir né de la résistance, plus actuel que jamais face aux divers processus de reculs sociaux inspirés par Macron à la suite du « social libéralisme » d’un Hollande (PS) et de la droite libérale Pecresse (UMP) et celle que nous promettent les derniers produits de l’extrême -droite !

Posté par jacques LAUPIES le 25 décembre 2021

 

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