Une situation populaire préoccupante qui appelle l’engagement et l’action politique
Posté par jacques LAUPIES le 31 octobre 2019
La cinquième république crée à l’aune des besoins de la bourgeoisie et mise à la mesure d’un homme comme le général De Gaulle a donné longtemps un exemple de stabilité politique par l’institution d’une fausse démocratie. Non sans heurts depuis 1958 elle a été acceptée par les Français par conviction pour certains, par souci d’accommodement par d’autres, par obligation pour les opposants les plus résolus. Globalement le peuple français s’y conforme mais de moins en moins ! En témoigne les abstentions aux votes ou les désillusions qu’ils peuvent générer. La question se pose sérieusement de savoir où cela va conduire le pays !
Nos gouvernants actuels ne se rendent pas compte des risques d’éclatement, ou ne veulent pas se rendre compte, et jouent au poker avec différentes catégories de mécontents, en préconisant des réformes qui vont aggraver les contradictions économiques, sociales et politiques. Fondamentalement ils servent une classe dominante qui non seulement ne cède pas ses privilèges mais les accroît.
L’opposition de droite (une autre droite) ne fait que les encourager. L’opposition de gauche peine à résister avec ses réformistes mis en échec pour leurs choix plein d’incertitudes tant sur les contenus que sur les stratégies pour les réaliser. Le Parti Communiste affaibli électoralement et victime d’un isolement médiatique doit reconquérir une assise de masse tant sur le plan électoral que sur le plan militant. La droite extrême tire les marrons du feu social alors qu’elle s’apprête à l’accentuer.
Un espoir cependant : la classe ouvrière et les salariés en général donne des signes de forte résistance aux atteintes qu’elle subit dans ses droits sociaux et rémunérations.
Mais cela ne peut suffire il faut que les forces républicaines et leur composante de gauche se renforcent et conduisent la lutte politique pour accompagner les luttes à caractère économique !
J’en suis convaincu, cela passe par de nombreuses adhésions et soutiens au PCF.
ISLAMOPHOBIE. LA RESPONSABILITÉ DES POUSSE-AU-CRIME DANS L’ATTENTAT DE BAYONNE
Si le parquet antiterroriste n’a toujours pas été saisi, le profil du tireur laisse peu de doutes sur ses motivations politiques : fan de Zemmour, ex du Front national, il affirme avoir voulu « venger l’incendie de Notre-Dame ». Un geste criminel qui intervient dans un climat politique suffocant.
Des paroles aux actes. Il est environ 15 h 20, lundi, lorsque des coups de feu éclatent devant la mosquée de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), blessant grièvement deux septuagénaires. Claude Sinké, 84 ans, candidat Front national aux élections départementales de 2015, vient de tenter d’incendier la porte de l’édifice religieux. Surpris par les deux hommes, il leur tire dessus. Interpellé rapidement par la police, il reconnait les faits, d’autant que son profil, celui d’un individu aux propos haineux envers les étrangers et les musulmans, comme le rapportent de nombreux témoins, laisse peu de doutes sur ses motivations. « J’ai voulu venger l’incendie de Notre-Dame », a-t-il expliqué hier aux enquêteurs, faisant siennes les théories complotistes d’extrême droite selon lesquelles le terrorisme islamiste en serait à l’origine. « Cette année, deux des grandes églises de Paris ont été l’objet d’incendies dont je pense très sérieusement qu’ils étaient criminels », avait par exemple affirmé Jean-Marie Le Pen. « Ces feux doivent être pour nous un avertissement. (…) Depuis des années, nous dénonçons le transfert de population qui se fait des pays extra-européens vers l’Europe, en particulier vers la France », avait également lâché l’ex-président du FN. C’est dire si le parti de Marine Le Pen est apparu bien embarrassé face à cet attentat islamophobe commis par l’un des siens, démenti cinglant des tentatives de « dédiabolisation ». Chacun y est allé de sa version. Pour Nicolas Bay, c’est Claude Sinké qui a quitté lui-même le FN, tandis que Jordan Bardella avance que l’homme aurait été exclu par des responsables locaux. De son côté, Sébastien Chenu affirme que le tireur avait une maladie, qu’il tenait des propos « incohérents » et « délirants » « éloignés d’une réflexion politique ». Ce qui n’avait pourtant pas empêché les cadres du FN de le désigner comme candidat en 2015 dans le canton de Seignanx, où il avait obtenu 17,45 % des voix.
Alors, geste fou d’un retraité déséquilibré ou passage à l’acte terroriste ? « L’ensemble de son audition interroge sur son état de santé psychique », a indiqué hier le procureur Marc Mariée, précisant être en contact « permanent » avec le parquet antiterroriste, « qui attend les éléments » pour se saisir ou non de l’enquête. Lors de leur perquisition à son domicile, les enquêteurs ont trouvé trois armes déclarées, ainsi que des grenades d’exercice. Une bouteille de gaz a également été retrouvée dans son véhicule. Grand fan d’Éric Zemmour, Claude Sinké, retraité, ex-cheminot et « artiste » à ses heures, avait adressé un message de soutien au polémiste d’extrême droite, lui donnant ce conseil : « Bien cher Éric, chez Ruquier, vous auriez été plus cinglant, en disant simplement que nous étions en guerre contre les islamistes. »
« Coups de feu », « fusillades », une façon de minorer le drame
Pourtant, nombre de responsables politiques, exécutif en tête, s’ils condamnent unanimement l’acte, évoquent uniquement des « coups de feu » ou une « fusillade », au risque de classer l’affaire plutôt dans la rubrique fait divers. Alors qu’Emmanuel Macron condamnait lundi soir « avec fermeté l’attaque odieuse perpétrée devant la mosquée de Bayonne », le ministre de l’Intérieur s’indignait des « faits commis à la mosquée ». De l’importance des mots. Pas de terrorisme, donc. S’agit-il d’un excès de prudence ou une manière de minorer le drame, après que la majorité a sciemment empoisonné le débat public depuis la rentrée ? Les macronistes se montrent moins précautionneux quand ils fulminent contre les « preneurs d’otages » que seraient les grévistes qui se mobilisent pour l’intérêt général…
« Le climat dans lequel nous vivons depuis des semaines portait les germes de cette attaque, dénonce le député communiste Pierre Dharréville. La manière dont les débats ont été activés avec un soufflet de forge a été déclencheuse de ce passage à l’acte. » Une analyse largement partagée dans les rangs de la gauche (voir page 7). « On est passé d’un débat sur l’immigration aux liens très rapidement faits avec la religion, elle-même confondue avec la radicalisation, le terrorisme, alors que ce sont des sujets qu’il faut traiter avec raison », rappelle également le député FI Adrien Quatennens. En septembre, alors que le climat social s’annonce inflammable, l’exécutif choisit d’imposer un « débat » sur l’immigration. La mèche est allumée. LR et RN ne manqueront pas de souffler sur les braises. D’autant que, avec la « convention des droites », le discours d’Éric Zemmour, pourtant condamné pour provocation à la haine raciale et religieuse, est retransmis en direct. Pis, la chaîne CNews choisit de promouvoir les appels au meurtre de l’affreux personnage en lui confiant une émission (voir encadré). Le 3 octobre, les réactions de l’exécutif à l’attentat perpétré à la préfecture de police de Paris achèveront de pourrir le climat. Emmanuel Macron appelle à une « société de vigilance » quand Castaner cible des « signes de radicalisation », lesquels pourraient s’appliquer à quasiment n’importe quel musulman pratiquant. Le 11 octobre, Julien Odoul, président du groupe RN au conseil régional de Franche-Comté, humilie en pleine séance une accompagnatrice d’une sortie scolaire portant un foulard, sous les yeux, humides, de son jeune fils. Le 14 octobre, la direction de l’université de Cergy appelle son personnel à détecter des « signaux faibles » de radicalisation chez des étudiants ou collègues.
« La parole politique peut favoriser la violence »
Enfin, hier, en dépit de l’attentat, la droite sénatoriale (voir page 7) n’a pas renoncé à l’examen de sa proposition de loi visant à interdire le port de signes religieux aux parents accompagnant des sorties scolaires. Cette surenchère mortifère « crée une psychose dans la société française », regrette Tareq Oubrou, grand imam de Bordeaux. « La parole politique peut favoriser la violence. La confusion sémantique conduit à la confusion mentale, surtout pour un citoyen à l’esprit instable », regrette-t-il. Cet attentat créera-t-il un sursaut dans l’opinion ? C’est ce que souhaitent les formations de gauche, réunies hier au Sénat. « Maintenant, les syndicats, les journaux, les forces de gauche qui ne supportent pas ce climat ont la responsabilité d’agir, d’être à l’offensive et de prendre des initiatives communes », a encouragé la députée FI Clémentine Autain.
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