Motion de gauche ? un accord utile bien que de circonstance !
Posté par jacques LAUPIES le 31 juillet 2018
J’apprécie cette initiative qui regroupe les forces de gauche, comme celle, d’inspiration différente qui regroupe des forces droite et du centre.
Les macroniens sont majoritaires à l’assemblée nationale grâce à un scrutin de voleurs institutionnalisé depuis 1958, malgré quelque tentative de mini réformes. Ils représentent deux français sur dix et doivent souvent leur élection à certain de ceux qui aujourd’hui les contestent.
Il ne faut pas oublier que même rejetées ces motions de censure sont un coup porté au pouvoir démesuré du Président de la République et à sa politique particulièrement anti sociale.
Que la motion de gauche soit portée par André Chassaigne, Député communiste au sein du groupe GDR est une bonne chose ! Cela nous rappelle qu’il fut pressenti par de nombreux communistes comme candidat à l’élection présidentielle de 2012, . J’ai regretté qu’il ne fut pas choisi ! On peut effectivement se poser la question : sa notoriété en aurait-elle été grandie ? En tout cas il fait partie de ces communistes, plus nombreux, qu’on ne le croit et le dit, capables de rassembler au dela bien entendu de l’accord réalisé sur des bases de défense des institutions républicaines garantissant la séparation des pouvoirs.

Affaire benalla. « Une dérive inquiétante de la Ve République »
André Chassaigne, président du groupe de la Gauche démocrate et républicaine (GDR), porte aujourd’hui à l’Assemblée la motion de censure des députés PCF, FI et PS.
Comment s’est décidée cette motion de censure du gouvernement, commune aux groupes FI, PCF et PS, débattue aujourd’hui dans l’Hémicycle ?
André Chassaigne Nous avons pris la décision de travailler sur le constat de la dérive de cette affaire Benalla-Macron en partant des faits. On se retrouve donc sur le fait que l’exécutif a menti pour se protéger et que la majorité a refusé de chercher la vérité, avec le sabordage de la commission d’enquête parlementaire. Nous avons alors décidé de porter une initiative commune, pour que le gouvernement s’exprime sur sa responsabilité devant les représentants du peuple. Chacun des trois groupes développera sa propre analyse et ses motifs le conduisant à censurer le gouvernement.
Est-ce l’amorce d’une convergence plus durable ?
André Chassaigne Ce n’est pas la première fois que nous travaillons ensemble. Nous avons notamment porté plusieurs recours au Conseil constitutionnel. Au-delà des différences d’appréciation que l’on peut avoir, on se retrouve au cœur du combat commun pour censurer le gouvernement. Ce qui nous rassemble, c’est le constat d’une dérive qui se concrétise avec cette affaire Benalla, où il est question de conseillers occultes, d’officine parallèle, de passe-droits, de privilèges, d’un système d’impunité, etc. Cette convergence pour s’opposer à cette dérive de la démocratie, autour d’une censure au contenu progressiste, s’est faite dans le respect des particularités de chaque groupe. Il ne s’agit pas de donner à cette motion commune une autre dimension.
Quels éléments allez-vous avancer dans votre intervention ?
André Chassaigne Tout d’abord, les conséquences à l’international. La crédibilité de la parole présidentielle est largement entachée et l’image de la France est ternie. Ce qui est considéré par certains comme une affaire policière a des répercussions sur la situation extérieure. J’insiste aussi sur le fait que ce scandale est la conséquence d’un régime hyperprésidentialiste. Ce n’est pas seulement une affaire policière ou le comportement isolé d’un seul homme. C’est la démonstration que l’ultraconcentration des pouvoirs aux mains d’un monarque élu sape le principe de la séparation des pouvoirs. D’autant que ce n’est pas la première fois qu’il y a ce genre de dérive inquiétante sous la Ve République. C’est un pouvoir exacerbé dans les mains d’un président tout-puissant qui le conduit à concéder des prérogatives à un homme de confiance, comme il l’a fait, et qui conduit également à considérer ensuite que lui-même n’a aucun compte à rendre, ni à la justice ni à la représentation nationale. Il y a donc un lien évident avec la réforme constitutionnelle. Elle n’est d’ailleurs pas là pour revenir sur cette hyperprésidentialisation, ni pour atténuer la puissance du président de la République, mais elle aggrave, au contraire, le problème. Elle va encore accentuer les risques de dérive de la Ve République, car elle affaiblit le pouvoir législatif et renforce le pouvoir présidentiel.
Alors qu’il est sous le coup d’une enquête judiciaire, Alexandre Benalla se dit prêt à témoigner devant les parlementaires…
André Chassaigne L’instruction judiciaire limite sa possibilité à témoigner sur les faits de violence qu’on lui attribue. Or, la commission d’enquête parlementaire ne porte pas sur les faits, mais sur la place de l’Élysée, les passe-droits, la création d’une officine parallèle à la police, etc. Tout ce qui ne relève pas des faits de violence en eux-mêmes n’empêche donc pas de témoigner. L’objectif des commissions d’enquête n’est pas l’acte même. Il s’agit de déterminer comment on a pu en arriver là à travers la pratique du pouvoir et le fonctionnement de notre démocratie. Quant à ceux de la majorité qui croient que ce débat clôturera les discussions sur l’affaire Benalla-Macron, je ne partage pas leur avis. Car les débats de la rentrée sur la réforme constitutionnelle y seront liés, dans la mesure où on considère qu’elle est la conséquence de l’hyperprésidentialisation du pouvoir.
Publié dans POLITIQUE | Commentaires fermés