Reflexion pour préparer un Congrès

Posté par jacques LAUPIES le 30 juin 2017

Je me suis déjà exprimé sur les questions qui vont nécessairement avec la préparation du 18ème Congrès. Je m’efforce de le faire quotidiennement mais je dois cependant, pour plus de lisibilité, mettre ces réflexions en forme et les soumettre à débat car elles découlent d’une expérience personnelle qui évidemment suppose une critique collective. Dès que j’aurai terminé ce modeste travail j’en publierai le résultat !

Je continue donc à reproduire des articles qu’il me parait  utile de porter à la connaissance de mes lecteurs !

 

Fiscalité. Macron veut faire des cadeaux à ceux qui ont déjà trop

Sébastien Crépel
Jeudi, 29 Juin, 2017
L’Humanité

La folie boursière explique la croissance démesurée des plus grandes fortunes en 2017. Une accumulation au détriment des investissements utiles qui fait courir le risque d’une nouvelle crise auquel participent les allégements prévus d’ISF.

C’est une mesure phare du programme d’Emmanuel Macron qui pourrait être intégrée au prochain projet de loi de finances, à l’automne : alléger l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en le transformant en un simple « impôt sur la fortune immobilière ». Il s’agirait de « supprimer toute la part de l’ISF qui concerne la taxation de l’investissement » dans les entreprises, c’est-à-dire la part des patrimoines en actions, pour ne conserver dans le patrimoine taxable que la part investie dans l’immobilier. Il y aurait en effet urgence à ne pas décourager « ceux qui placent leur argent pour aider au financement de l’économie réelle », selon la République en marche. La dernière livraison du palmarès des 500 fortunes professionnelles françaises établi chaque année par Challenges délivre un autre diagnostic. Leurs actifs ont progressé trois fois et demie plus vite que le PIB de la France depuis 1996. La progression des dix premiers est encore plus spectaculaire.

En une seule année, la fortune moyenne du Top 10 du palmarès de Challenges a augmenté de 35 %, contre à peine 1,1 % pour le PIB. Et en vingt ans, ce patrimoine des dix premiers a été multiplié par douze, et même par 20 si l’on parle de celui de Serge Dassault (5e fortune du classement cette année, avec 21,6 milliards d’euros) ou par 17 pour Bernard Arnault, de loin la première fortune de France en 2017, avec près de 47 milliards, soit + 55 % en un an. Durant ces deux décennies, le PIB n’a été multiplié que par deux.

Le « bas » du classement n’est pas à plaindre non plus. Pour en prendre la mesure, Challenges a inventé un outil original : sur le modèle sémantique du Smic, ses équipes ont inventé leur « Fmic », pour « fortune minimale d’insertion dans le classement » (sic). Cette année, les « fmicards » ont dû aligner un patrimoine minimum de 130 millions d’euros pour figurer parmi les 500, contre « seulement » 100 millions l’an dernier. 30 % de hausse de « Fmic » en un an, le signe que « cette année, la fortune professionnelle des 500 premiers riches Français a fait un bond considérable », écrit l’hebdomadaire.

Si ces augmentations sont beaucoup plus rapides que la richesse créée, c’est parce qu’une bonne part est due à la hausse du cours des actions dont sont constitués pour partie ces patrimoines professionnels. Ainsi du premier d’entre eux, celui de Bernard Arnault, qui prend la tête du classement de Challenges « grâce à une hausse en Bourse de 56 % de LVMH ».

« Un détournement de la richesse créée par le travail »

Or ces envolées des cours ne tombent pas du ciel : « Elles se font au détriment des investissements utiles en détournant la richesse créée par le travail vers le rendement pour les actionnaires », rappelle l’économiste et fiscaliste Jean-Marc Durand, membre de la commission économique du PCF. Le résultat d’une captation opérée à un tel niveau, c’est qu’« elle tue la demande, qui devient de plus en plus atone », tirant toute l’économie réelle vers le bas, poursuit-il.

Reste, assure Challenges, que « la progression de la richesse des 500 est essentiellement due à la part de l’activité qui est réalisée hors de nos frontières. Les 500 sont allés chercher la croissance là où elle est, c’est-à-dire à l’étranger » — sans que l’on sache dans quelle contrée extraordinaire la croissance économique égalerait les 35 % de hausse du Top 10 de ces patrimoines… En clair, les « 500 » ne seraient pas devenus « riches aux dépens des autres » Français. Quant aux fortunes « purement hexagonales » qui ont réussi néanmoins à s’apprécier, leur progression serait le fait des « détenteurs d’immobilier », explique l’hebdomadaire. De quoi puiser des arguments en faveur des nouveaux aménagements d’ISF promis par Emmanuel Macron, censés encourager l’investissement dans le capital productif français. Pour Jean-Marc Durand, l’expérience de ces dernières décennies raconte pourtant une tout autre histoire : « Depuis vingt ans, la facture des dispositifs d’allégements des prélèvements en direction des plus riches et des entreprises est estimée entre 250 et 300 milliards d’euros, explique l’économiste. Ces impôts et ces cotisations sont autant d’argent que l’on a retiré à la croissance à laquelle ils participaient au travers des services publics qu’ils finançaient, des dépenses de santé qu’ils couvraient. Ces sommes ont été intégralement déportées de l’investissement utile vers les dividendes financiers ».

« Le risque de formation d’une bulle boursière »

Dans ces conditions, les allégements d’ISF imaginés par Macron ont « zéro utilité », poursuit Jean-Marc Durand. « La seule véritable motivation de ce projet est de faire disparaître l’ISF, estime-t-il. Après cette réforme, on expliquera par exemple qu’il ne sert à rien de mobiliser dans les services fiscaux des personnels sur le recouvrement d’un impôt plus vraiment rentable. » Pis que ça : ce nouveau cadeau participera au « risque de formation d’une bulle boursière qui se développe sous nos yeux, c’est-à-dire une accumulation d’argent qui cherche à se rentabiliser sur les places financières sous des formes déconnectées de la production de richesses réelles. Ce processus très dangereux peut conduire à une explosion, à l’instar de ce qu’on a connu en 2008, peut-être en plus grave », alerte l’économiste.

Sur ce point, Challenges ne dit pas autre chose : « Cette année, la hausse de 35 % de la fortune des 10 premiers de notre classement sonne un peu comme une mise en garde contre les ‘‘exubérances irrationnelles’’. Car depuis 1996, (…) la pression n’a monté aussi vite qu’à deux autres occasions ; une première fois en 2000, avec une hausse de 70 % (une hausse appelée plus tard la “bulle Internet”), et en 2008, avec une hausse de 35 % (la “bulle des subprimes”) », constate l’hebdomadaire. On sait ce qu’il est advenu ensuite par deux fois…

« La question posée à travers cette explosion des fortunes est double, reprend Jean-Marc Durand. Il y a celle de la répartition entre le capital et le travail dans la richesse créée. Mais il y a aussi celle de l’utilisation de cet argent. Le problème n’est pas simplement de prendre dans la poche des riches pour remettre dans celle des pauvres. Quels services publics relance-t-on ? Quelles activités industrielles et écologiques de production souhaite-t-on ? C’est à ces questions structurelles qu’il faut répondre. Sans cela, l’argent récupéré peut servir à gonfler le flux des importations, sans bénéfice pour l’emploi et la formation des salariés en France. »

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Mobilisation. Le mouvement social affûte sa riposte aux ordonnances

Posté par jacques LAUPIES le 29 juin 2017

Marion d’Allard, Kareen Janselme et Loan Nguyen Mercredi, 28 Juin, 2017 L’Humanité

 

Mobilisation. Le mouvement social affûte sa riposte aux ordonnances dans POLITIQUE invalides2

 

À l’instar des salariés du privé, les fonctionnaires s’inquiètent de ce gouvernement qui parle de « renforcer le dialogue social » mais écrit en catimini des lois qui le réduisent. Photo : Gonzalo Fuentes/Reuters Travailleurs du privé et du public franciliens se sont rassemblés hier aux Invalides, à Paris, à l’appel d’une intersyndicale CGT-FO-FSU-Solidaires-Unef, pour rappeler que la casse du Code du travail précarisera tous les salariés. Le lieu n’a pas été choisi au hasard

À quelques pas de l’Assemblée nationale, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées, hier, en ce jour de rentrée parlementaire, sur l’esplanade des Invalides. Syndicalistes, élus, militants politiques, à l’appel des unions régionales de la CGT, de FO, de la FSU, de Solidaires et de l’Unef, la gauche de progrès est venue adresser un message clair au gouvernement et à sa majorité parlementaire : la riposte contre la casse programmée des acquis sociaux et du Code du travail s’organise.

« Cette mobilisation est une étape importante de la bataille contre un projet de loi dont les contours se dessinent peu à peu et auquel les organisations syndicales n’ont pas été associées, contrairement à ce que certains disent », a indiqué Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, qui prévient d’ores et déjà qu’à un été placé sous le signe de la mobilisation succédera une rentrée sociale particulièrement offensive. « C’est tout un symbole de voir le mouvement social contester la politique d’un gouvernement qui veut se passer du débat parlementaire, précisément le jour où s’ouvrent les travaux à l’Assemblée nationale », note Marie-George Buffet.

La députée communiste, présente aux côtés des parlementaires PCF et FI – dont Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon –, y voyant là le signe « que les salariés ne laisseront pas passer une nouvelle casse du Code du travail ». Se faire entendre face à un gouvernement qui  avance masqué Se faire voir et entendre face à un gouvernement qui « avance masqué et veut aller vite et fort », tel est en effet l’objectif des syndicats. « Cette journée doit être une banderille dans le dos d’Emmanuel Macron qui entend, avec son écrasante majorité parlementaire, assommer le monde du travail en plein été », lance Pascal Joly, secrétaire général de l’Union régionale d’Île-de-France (Urif) CGT devant la foule rassemblée.

Un président qui « sait que l’adhésion à son projet est très faible », poursuit le syndicaliste. Derrière l’apparence de la nouveauté se cachent « de vieilles méthodes », pointe de son côté Michel Galin, de la FSU, pour qui le secteur public a tout autant à craindre de ce gouvernement que le secteur privé. Outre la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires durant le quinquennat, le représentant syndical rappelle que « lorsque des mauvais coups sont portés sur une catégorie de travailleurs, ils arrivent vite sur tous les autres ».

Cette loi « grands patrons » selon les mots de Gabriel Gaudy, secrétaire de l’Urif FO, qui prévoit l’inversion totale de la hiérarchie des normes, la généralisation des CDI de chantier (CDIC), la facilitation des licenciements, le plafonnement des indemnités prud’homales, la réduction de la représentation du personnel, « c’est le recul social sans débat, c’est aller toujours plus loin dans une politique de l’échec qui ne permet de répondre ni à la crise sociale ni à la crise environnementale », regrette pour sa part Margo Leduc, de Solidaires. Des transports à la métallurgie en passant par l’industrie pharmaceutique, les salariés du secteur privé étaient nombreux à avoir fait le déplacement.

« Le gouvernement veut renverser cent ans d’acquis sociaux d’un revers de main, dans la continuité de la loi El Khomri », dénonce Bruno Patruno, délégué syndical CGT chez Sanofi, à Vitry-sur-Seine. Pour le syndicaliste chez ce géant du CAC 40, les mesures contenues dans les ordonnances visant à faciliter les licenciements – réduction du périmètre géographique d’appréciation des difficultés économiques d’un groupe au niveau national plutôt que mondial et relèvement du seuil de déclenchement d’un PSE – donneront encore plus d’outils à Sanofi pour se débarrasser des salariés. Pour d’autres, c’est la méthode – en plus du fond – qui choque : « Quand on prône le dialogue social à longueur de journée et qu’on fait passer un texte par ordonnances, on est loin de la démocratie », estime Arnaud Vasseur, délégué syndical CGT dans l’entreprise logistique Stef à Montsoult (Val-d’Oise).

La CGT redoute aussi l’extension du référendum pour contourner les syndicats. « À Montsoult, il n’y a que la CGT. Du coup, la direction ne trouve pas de signataire pour imposer des accords de reculs sociaux. Mais ils essaient déjà d’aller voir les salariés dans notre dos pour les faire bosser quinze heures par jour. Récemment, ils ont fait faire des remplacements aux salariés de Montsoult sur un autre site. Mais au bout de presque douze heures au volant, un gars a eu un accident. C’est ça l’esprit du projet de Macron : l’esclavage des temps modernes », rapporte Patrick Ibelaidène, secrétaire du CE chez Stef logistique Montsoult. Les syndicalistes de l’entreprise de transport et de logistique frigorifique voient également très bien comment cette deuxième loi travail pourrait être utilisée comme tour de passe-passe pour gonfler les chiffres de l’emploi. « On a eu 5 400 salariés en intérim en 2016.

Si le CDI de projet était étendu comme le propose Macron, la direction pourrait très bien les embaucher sous ce statut. On fera semblant que ça résorbe le chômage alors que ce ne sera que de la précarisation », précise Patrick Ibelaidène. Même crainte du côté de Renault. « On sait qu’un cycle de fabrication d’une voiture dure trois à quatre ans en usine. Il suffirait à la direction soit de faire un CDI de projet, soit de négocier un mode d’embauche spécifique par accord d’entreprise pour cette durée, ce qui lui permettrait d’afficher des embauches d’intérimaires », explique Mickaël Lhuillery, secrétaire CGT du CHSCT à Renault Lardy. « En tant que conseiller prud’hommes, je suis totalement opposé à la barémisation des indemnités (pour les licenciements abusifs – NDLR). On privilégie la prévisibilité de la gestion d’entreprise au principe de droit à l’indemnisation du préjudice réel », fustige Christophe Gandilhon, par ailleurs délégué syndical central FO chez Veolia Île-de-France.

« Globalement, il faut arrêter de dire que c’est la dérégulation du droit du travail qui crée de l’emploi : ça fait vingt ans qu’on fait ça et que ça ne marche pas », poursuit-il. « Il faut encore se battre contre les nouvelles lois Macron » À la tribune, la déléguée syndicale CGT de Tati est émue. La veille, le tribunal de commerce a désigné le repreneur du groupe et le sauvetage de 1 428 emplois sur 1 700. « Au départ, les lois Macron permettaient au groupe Éram de ne pas mettre un centime après notre liquidation judiciaire. Ces lois nous ont démolis, en réduisant les obligations des grands groupes en matière de plan social. Nous nous sommes battus et nous avons obtenu que le groupe donne 1 million d’euros pour le PSE.

C’est pourquoi il faut encore se battre contre les nouvelles lois Macron, qui sont là pour détruire les salariés. » Tout comme les électriciens qui ont obtenu que leur statut d’IEG (industries électriques et gazières) ne soit pas à l’ordre du jour des ordonnances en cours d’habilitation. « Nous avions prévu une journée de mobilisation le 22 juin, raconte Cédric, de la CGT énergie, mais le premier ministre a vite réagi pour nous assurer qu’il ne serait pas question des IEG dans les ordonnances. Quand on lutte, tout est possible. » C’est cette certitude qui en a mené plus d’un sur l’esplanade des Invalides hier midi, que ces militants appartiennent au secteur privé comme au secteur public.

« On sent déjà dans la fonction publique des déclinaisons de la loi travail, explique Pascal Courant, assistant social en Seine-Maritime, syndiqué SUD. Comme vouloir signer des accords sur les conditions de travail et les rémunérations au niveau des entreprises, au plus près des employeurs… Des élus locaux appliquent déjà le principe de la libre administration, qui permet de négocier des choses comme les RTT des agents mais dans un cadre restreint pour l’instant. Certaines collectivités territoriales se sont aussi saisies d’une nouvelle façon de calculer les indemnités incluant une part variable de rémunération au mérite. » On individualise les cas, les rémunérations, avec des conséquences néfastes sur les collectifs de travail. Et sur le service public rendu. « On installe la pénurie pour dégrader le fonctionnement des hôpitaux et justifier leur fermeture, ne décolère pas Pascal, infirmier à l’hôpital Beaujon, arborant un badge FO. Si, avec la loi Macron, c’est l’élargissement de la loi El Khomri et l’accroissement de l’inversion de la hiérarchie des normes, avec les lois Bachelot, Touraine et les groupements hospitaliers de territoire (GHT), c’est l’inversion de la hiérarchie des soins. En regroupant les hôpitaux Beaujon et Bichat, on supprime 2 500 postes. Cette logique purement comptable est inacceptable. »

À l’instar des salariés du privé, les fonctionnaires s’inquiètent de ce gouvernement qui parle de « renforcer le dialogue social » mais écrit en catimini des lois qui le réduisent. L’intersyndicale de la fonction publique devrait bientôt reprendre du service et s’associer aux autres mouvements de protestation en gestation pour la rentrée. Les « lignes rouges » de Jean-Claude Mailly (FO) Lors d’un séminaire organisé par Force ouvrière (FO) au Conseil économique, social et environnemental (Cese), jeudi dernier, le secrétaire général du syndicat, Jean-Claude Mailly, est revenu sur la concertation en amont de la réforme du Code du travail. Il y voit « un  vrai problème de  procédure, sur la méthode  et sur le calendrier ». Selon lui, « trois problèmes » de fond persistent et constituent des « lignes  rouges » que le gouvernement ne devra pas franchir. D’abord, « nous n’avons toujours pas  de garantie sur les points  qui devront être négociés  au niveau de la branche et  de l’entreprise ». Ensuite, « le  gouvernement nous ressort  le CDI de chantier, un  contrat précaire qui  s’imposera au détriment du  CDI classique ».

Enfin, « nous voyons ressurgir ce  qui a été supprimé à deux  reprises, notamment lors  des débats houleux sur la  loi El Khomri, à savoir la  question du périmètre  d’application des difficultés  économiques ». Sur ce dernier point, le dirigeant de FO rappelle qu’« une  entreprise sait très bien  assécher financièrement  une de ses filiales pour la  fermer » et insiste pour que « la dimension de groupe  demeure afin de protéger  les salariés ». Alors que plusieurs réunions doivent encore avoir lieu avec les syndicats et le patronat, Jean-Claude Mailly renvoie Emmanuel Macron à ses responsabilités : « C’est à lui  de trancher en dernier  lieu. »

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Comment répondre aux aspirations populaires – Prendre en compte la diversité des classes et catégories sociales qui les composent (suite 4)

Posté par jacques LAUPIES le 28 juin 2017

Est-il nécessaire de revenir sur les transformations sociologiques qui marquent chacune de nos époques ? Nombre de militants et plus particulièrement les jeunes le font ils en ce début de XXIème siècle. Le Parti Communiste contribue-t-il à les former à cette  réalité  ? Et les plus anciens ? Hormis ceux qui exercent des responsabilités dans nos directions ou appartiennent à ces catégories d’intellectuels entendus ou non par ces Directions mais qui s’expriment souvent dans l’Humanité, voient ils l’impact que ces transformations peuvent avoir sur l’engagement politique ?

Parfois j’en doute ! En tout cas dès lors que nous nous adressons aux jeunes, bien que curieux de politique, ils se défilent souvent et ne font pas le lien entre la vision de la  politique et la condition sociale. Pourtant cette relation est fondamentale. Ne pas en avoir conscience conduit tout droit à la confusion, à l’idée que les politiques n’ont qu’une préoccupation : satisfaire un intérêt personnel et qu’en définitive ils sont tous les mêmes. Evidemment cette approche ne concerne pas que les jeunes.

Pourtant l’implication politique et citoyenne a considérablement à voir avec son appartenance de classe (ou de catégorie de classe) et la conscience que l’on en a. Banalité, c’est le b.a.-ba !  Je me souviens d’un temps où l’on discutait ferme sur l’importance qu’il y avait à cibler telle ou telle catégorie de la classe ouvrière, plutôt que telle autre pour plus d’efficacité dans la diffusion de nos idées, tant du point de vue électoral que dans les luttes revendicatives.

Je ne prétendrai pas que cette analyse ne se fait pas, d’autant qu’une analyse aussi bonne soit-elle suppose pour être vérifiée et pour atteindre des objectifs idéologiques et d’actions concrètes, par la lutte ou le vote, que l’on puisse se faire entendre. Donc de moyens dont l’essentiel (le nombre de militant, un accès et une utilisation judicieuse des médias) nous fait défaut ou n’est pas au niveau de nos besoins. C’est un autre sujet sur lequel il nous faudra revenir.

1 -  Comportement des classes sociales et catégories sociales tel que nous pouvons les ressentir

Comme il se doit la première interrogation porte sur l’échec relatif que les communistes subissent dans la mobilisation de la classe ouvrière. Sans entrer dans une vision théorique mais plutôt en partant de nos expériences quotidiennes nous pouvons faire quelques constats qui expliquent ces échecs. Des constats  non dénués certes d’une certaine subjectivité de notre part.

Il y a à nos échecs deux raisons essentielles : une insuffisance d’intérêt porté et à la reconnaissance du rôle de cette catégorie dont nombre d’anciens militants se plaignent en évoquant les abandons concernant l’organisation du parti à l’entreprise mais également l’absence d’une approche globale et plus fine de la conditions ouvrière (et salariale en général)

1-1 – L’insuffisance de prise en compte du rôle de la classe ouvrière est provoquée par divers éléments que nous ne contrôlons pas : l’adaptation de l’entreprise à des formes nouvelles d’organisations dictées par des nouvelles techniques de production (robotisation, numérique, etc.)  l’éloignement des centres de décision provoqués par la modification de l’apport des capitaux et l’origine de l’actionnariat diversifiée qui peuvent d’ailleurs expliquer certaines oppositions et contradictions qui ont des conséquences politiques non négligeables et trouvent des expressions politiques dans les comportements des partis libéraux (Social démocratie, social libéralisme, libéralisme sous ses formes classique modérées ou extrêmes et même d’une gauche radicale) 

D’autres facteurs plus maitrisables ne semblent pas être pris en compte ou par défaut de moyens et de volonté politique, abandonnés : l’action et la relation parti/syndicat ou pour le moins un rôle plus actif des communistes dans l’organisation syndicale en respectant la démocratie  et en s’efforçant de la faire vivre, qu’il s’agisse des niveaux professionnels. Ne pas s’interdire de donner notre avis sur les questions revendicatives, économiques.

1-2 – Pour une approche convenable de la « question ouvrière » nous devons nous pencher sur les transformations qu’a subi la classe ouvrière et, sans privilégier telle ou telle catégorie, bien discerner les différences qui les affectent tant sur l’origine et le niveau de leurs ressources que sur leurs conditions de travail ou encore sur les différences culturelles qui nécessairement interviennent dans leur conscience de classe. Les salariés dans de grandes entreprises ne peuvent réagir de la même manière entreprises à l’exploitation de leur force de travail que moyennes et petites, de même que ceux exposés à la précarité et ceux qui bénéficient d’un statut plus protecteur (grandes entreprises et secteur public ou nationalisé), de même que ceux qui doivent affronter des travaux pénibles ou domine la main d’œuvre immigrée, de même ceux qui relèvent du secteur industriel et ceux du secteur commercial, voire du secteur bancaire et des assurances,  etc.

Et les distinctions vont au delà des actifs et concernent les retraités dont bon nombre, sans pour autant être des privilégiés, comme le laissent supposer les propagandistes du pouvoir vivent plus aisément en disposant de retraites dont le montant est supérieur à la moyenne des salaires, en particulier des jeunes accédant à l’emploi sans omettre la multitude condamnés au chômage et à la précarité également. La pénétration de la « rente » dans certaines catégories aggrave, lorsque la culture politique n’y met un frein, le déplacement vers les populismes de droite.

1-3- Il est aisé de dire que nous enfonçons la une porte ouverte en rappelant succinctement  qu’un parti qui se dit révolutionnaire se doit d’avoir une action privilégiée en direction de toutes ces catégories ouvrières (ou en les qualifiant simplement de salariées) Encore faut-il que ce parti se donne une organisation adéquate avec des responsabilités  bien assumées et contrôlées (voir nos propositions plus loin) S’il est relativement juste de considérer que notre société compte 99 % de victimes de la domination du 1% qui les exploite, on ne peut balayer dans un parti qui veut transformer fondamentalement la société, la diversité et les différences qui les accompagne, de ces 99 %.

 

(à suivre)

 

 

 

Frédéric Boccara

Intervention au Conseil National du PCF – 23 juin 2017

 

Il s’agit avant tout de ne pas éviter le bilan. La tonalité qui se dégage du rapport et des interventions du groupe dirigeant est celle de dire « ok, nos résultats ne sont pas bons, et de ne parler que de transformations du PCF », sans parler de bilan des décisions prises, ni d’orientation politique, ni, encore moins, de la direction nationale. Au motif de ne pas « rejouer » les débats de l’automne, on ne peut pas éviter des débats clairs, ni les responsabilités qui ont été engagées, tout particulièrement par le groupe dirigeant qui s’est fortement impliqué, mais aussi au regard des décisions du congrès de juin 2016.

1.      Gravité de la situation

Avec E. Macron, le néo-libéralisme a remporté une victoire politique mais aussi idéologique. Il cristallise le consensus sur le libéralisme qui s’était constitué peu à peu entre la droite et une partie du PS. Il va chercher à consolider, structurer et faire agir ce consensus. Il est porté par la couche sociale de la techno-finance (technocrates + monde de la finance) et d’un certain patronat. Ces couches sociales supérieures sont emmenées vers le néo-libéralisme pour dominer les couches sociales moyennes, tandis que les couches sociales populaires, si elles ne sont pas séduites, le système tend à les dévier vers le FN où à stériliser leur protestation vers la FI.

2.      Notre situation

 

L’élection de 11 députés communistes est une bonne chose qui témoigne de certaines capacités de résistance et constitue un atout pour la suite. Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt et notre score aux législatives est un échec, d’autant plus qu’avec une défaite du PS notre parti aurait dû voir son nombre de députés progresser considérablement.

Notre absence organisée à l’élection présidentielle a joué un rôle considérable dans ce résultat, car c’est bien cette campagne qui, avec en outre les passages télé, a construit l’identification des différentes forces politiques que l’on retrouve aux législatives. Ce n’est pas faute d’avoir alerté sur ce point. Il s’agissait de capter une colère pour en faire une force de transformation sociale dans le bon sens, mais pour cela notre repérabilité était nécessaire à la présidentielle. Pas d’organiser nous-mêmes notre absence des médias qui, déjà, ne nous font pas de cadeaux.

 

3.      Effacement et confusion

 

Face aux besoins de transformation profonde de la société – de révolution – avec les défis du capital financier et des révolutions technologique et sociétale d’une part, écologique de l’autre, l’effacement et la confusion ont dominé.

L’effacement, c’est notre absence à l’élection présidentielle alors que la télévision joue un rôle majeur. Un effacement que la décision prise en novembre a construit et dont il faut faire le bilan.

La confusion, c’est l’idée que Mélenchon et nous aurions le même programme à peu de choses près. Alors que nous avons des différences stratégiques fortes et des différences de programme. Pour Mélenchon, c’est l’Etat qui est mis en avant de façon très keynésienne, sans mettre en cause la responsabilité des entreprises, des banques et du grand capital. Plus précisément, sans insister sur le besoin que l’Etat agisse sur les entreprises. Un exemple typique en est la proposition faite pour l’emploi que l’Etat d’une part dépense quelques milliards d’investissements censés créer des emplois automatiquement et que d’autre part l’Etat embauche directement les chômeurs restants (« droit opposable à l’emploi »). Mais il y a aussi l’insistance sur la répartition, sans voir les enjeux de classe, avec le souhait que CSG remplace les cotisations sociales. Ou encore l’écologie opposée au social et coupée des entreprises, de leurs critères de gestion et de la production.

 

4.      Porter les idées communistes nouvelles dans les luttes d’idées et sociales

 

Les idées communistes nouvelles qui ont été développées dans nos rangs n’ont pas été portées politiquement de façon nationale et tenace. Que ce soit notre bataille sur le coût du capital, arrêtée si vite, alors qu’elle portait ; que ce soit la bataille pour une sécurité d’emploi et de formation, laissée à A. Chassaigne, à la commission économique et à des fédérations ou sections volontaires, mais dont l’Humanité aurait pu faire la pédagogie dans une mise en débat avec les travailleurs.ses, les intellectuels, les syndicalistes, les juristes, sociologues et économistes, chantier par chantier ; ou que ce soit la bataille sur l’Europe avec notre revendication totalement inconnue d’un Fonds européen pour les services publics, que la BCE devrait alimenter. Elles sont portées et adoptées dans nos textes de congrès, mais ensuite la Direction nationale fait fort peu de travail pour les populariser et pour organiser concrètement leur utilisation créative dans les luttes politiques idéologiques et sociales.

Il y a un vrai problème de Direction au niveau national : un congrès est fait auquel on tourne le dos le lendemain. A-t-on une direction « qui y croit » ? Après un aussi grave échec le CEN devrait remettre son mandat au CN durant toute la préparation du congrès.

 

5.      Sur les propositions de travail

 

a. Je suis d’accord avec la proposition de consultation des communistes depuis la base dans la perspective de faire tout remonter pour une conférence des animateurs de section à l’automne. Mais cela pose 2 questions

-        Cette consultation doit être libre et ne nécessite pas un balisage préalable. C’ets pourquoi je propose de retirer de la résolution l’énumération d’une liste de points à discuter, et de la remplacer par une référence au rapport et au compte-rendu de discussion du CN

-        Il y a un besoin de transparence et de circulation de l’information. Une commission de transparence doit être nommée pour assurer celles-ci, de façon démocratique, d’ici l’assemblée nationale des animateurs de section.

 

b. On doit discuter du fond, mais on ne doit pas non plus « noyer le poisson » dans un processus de type universitaire qui parfois évoque un peu trop le congrès de Martigues.

 

c. Ne faudrait-il pas plutôt, à partir de la riposte à Macron, prendre un fil systémique et le tirer, le dérouler, de façon à décliner à partir de lui et en ouvrant, un maximum de problématiques ? On entamerait une bataille sur les questions de droits et pouvoirs nouveau sur l’utilisation de l’argent des entreprises et des banques pour l’emploi, pour une véritable efficacité économique en cherchant à montrer l’intérêt d’une réponse de type SEF (sécurité d’emploi et de formation) alors que leurs marges n’ont jamais été aussi élevées, suite au CICE, et alors qu’elles versent des dividendes, spéculent et délocalisent comme jamais.

 

En ce sens, j’attire l’attention sur la table-ronde sur les ordonnances organisée par Economie & Politique avec des juristes et des économistes, à paraître en juillet.

 

d. Sur la proportionnelle, le piège est de la découpler de la présidentialisation ultra-renforcée qu’a créé l’inversion du calendrier et la réduction à 5 ans. Notre revendication doit être « vraie proportionnelle et découplage des présidentielles ».

 

Voilà au total, les orientations qu’il nous faudrait discuter, dans la clarté et en se dotant d’un outil démocratique de type « commission transparence ».

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Comment répondre aux aspirations populaires ? Le point sur la situation (suite 3)

Posté par jacques LAUPIES le 27 juin 2017

Je viens de recevoir ce jour quatre interventions au dernier CN (Cristian Piquet,  Denis Durand, Jean Marc Durand, Fabienne Lefebvre) Ces interventions ne font que confirmer un constat d’échec bien réel mais n’apportent pas encore – et c’est bien naturel étant donné la proximité des évènements politiques qui ont sonné pas mal de communistes – de suggestions fortes pour nous tirer du fameux mauvais (faux) pas que j’évoquais dans mes deux premiers textes.

Mais il s’agit, chacun l’aura bien compris, plus que d’un faux pas, car celui ci s’est produit dans un mauvais chemin emprunté depuis des décades et n’est que le résultat de cette mauvaise route.

Comme il se doit – dans un parti qui se réclame souvent de Marx, de Jaurès, de son action depuis sa création en 1920, et ne manque pas de faire référence parfois à de grands révolutionnaires à l’échelle planétaire, parfois oubliés, tout autant qu’à de grands dirigeants nationaux (mais la on est encore plus timide) nous devons avant de conclure sur des programmes et des stratégies  faire l’analyse de notre société de sa transformation économique, sociologique et des conséquences que cela a pu avoir sur la situation politique d’aujourd’hui.

Une remise à plat est donc nécessaire et gageons qu’elle ne manquera pas de mettre en évidence des bouleversements importants dans la composition des deux classes fondamentales mais en aucun cas n’aboutira à leur disparition pas plus qu’à celle de la contradiction qu’elle génère à différents niveaux : mondial et national (avec les spécificités régionales propres à chaque continent)

Il peut paraître ambitieux pour un militant, en retrait de ces différentes dimensions, privé d’une vraie culture et des connaissances indispensables à une telle analyse, de prétendre approcher ce que devrait-être la meilleure façon de mener un combat politique. Mais confronté à la réalité de terrain et accédant vaille que vaille à des informations rendant compte des réponses que formulent une multitude d’intervenants (camarades de parti, alliés potentiels et adversaires issus d’autres organisations politiques) il serait irresponsable de ne pas formuler un point de vue, notamment sur la meilleure façon de conduire le combat de classe.

Ne serait-ce que pour se trouver en accord avec soi-même !

A suivre

Pierre Laurent. « Il ne s’agit pas de sauver une gauche en perdition mais de construire un projet politique capable de porter les intérêts des 99 %  »

Entretien réalisé par J. H.
Lundi, 26 Juin, 2017
L’Humanité

Face à un nouveau modèle libéral, incarné par Emmanuel Macron, le PCF, explique Pierre Laurent, secrétaire national, a l’ambition à la fois de s’opposer aux réformes annoncées et de se réinventer.

 

Le Conseil des ministres examine mercredi le projet de loi d’habilitation à agir par ordonnances pour réformer le Code du travail. Dans la foulée des élections, dont Emmanuel Macron espère tirer une légitimité, comment s’y opposer ?

Pierre Laurent Cette bataille, nous la mènerons dans l’Hémicycle et dans tout le pays. Elle doit s’engager en faisant la clarté sur le contenu du projet : la mise en pièces du Code du travail et une généralisation du dumping social. Et en dénonçant le coup de force que constitue le recours aux ordonnances. Cette démonstration, nous la ferons tout l’été auprès des salariés, sur leur lieu de travail, dans les grandes zones d’emplois saisonniers, dans les quartiers et les communes. Partout, nous populariserons notre proposition de loi, déposée en février à l’Assemblée, pour une sécurité d’emploi et de formation. C’est un contre-projet aux ordonnances Macron qui permet des réponses innovantes. Notre objectif est de préparer les conditions d’une mobilisation de masse en septembre, en soutenant toutes les initiatives syndicales. La Fête de l’Humanité doit être un très grand rendez-vous de ces mobilisations. Parallèlement, nous lutterons contre l’inscription dans la loi ordinaire des dispositions de l’état d’urgence. Les libertés publiques sont en danger. La loi annoncée par le gouvernement Philippe ferait de la France le pays d’Europe disposant de la législation la plus régressive en la matière. Nous engagerons aussi une bataille nationale pour l’instauration de la proportionnelle intégrale à toutes les élections, car des millions de Français vont vite découvrir le piège dans lequel les a enfermés la présidentialisation à outrance. Nous voulons rouvrir sans attendre le débat sur la nature du régime présidentiel et pour une autre République.

Les relations du PCF avec la France insoumise ont été tumultueuses ces derniers mois. Comment envisagez-vous la suite ?

Pierre Laurent Nos 11 députés et les députés de la France insoumise et d’Ensemble ! sont dès demain les seuls qui s’opposeront avec clarté à la majorité Macron. Nous allons avoir besoin de leur unité d’action et de notre propre liberté de parole et d’initiatives. Les députés communistes ont pris une double décision : former un groupe et proposer aux Insoumis de constituer un comité de liaison pour coordonner la bataille législative. J’espère que le groupe des Insoumis, qui en discute demain, acceptera cette proposition. Plus globalement, les débats que nous avons eus ne vont pas disparaître parce qu’ils portent sur des conceptions différentes des constructions politiques à venir. Pour nous, cela ne se résume pas à un problème de rapport avec la FI. Le Parti communiste estime nécessaire de procéder à un réexamen complet de la situation et de notre rôle. Notre Conseil national propose aux communistes la tenue d’un congrès extraordinaire en 2018.

Malgré un nombre de députés accru, vous parlez d’« échec électoral ». Quel premier bilan faites-vous de ces derniers mois ?

Pierre Laurent L’avis de notre Conseil national est très clair : les résultats des élections législatives, historiquement bas, sont un échec. Nous entrons dans une nouvelle période politique, inédite sous la Ve République. C’est la fin d’une séquence de quarante ans scandée par l’alternance entre une gauche dominée par le PS et une droite emmenée par LR ou ses prédécesseurs. Les forces libérales tentent de construire un nouveau modèle politique qui allie une sorte de grande coalition à la française et un néopopulisme libéral. Elles voudraient à travers cette synthèse étouffer toute alternative de transformation sociale en occupant l’écrasante majorité du champ politique. Elles veulent aussi marginaliser dans les consciences le conflit qui oppose les grands intérêts capitalistes aux intérêts de l’immense majorité de la population, masquer le conflit de classes qui est au cœur de la mondialisation capitaliste et de l’Europe libérale. L’élection de nos 11 députés et la constitution d’un groupe font de nous une des forces politiques qui ont résisté à cette tornade mais nous sommes conscients d’avoir devant nous le chantier d’une réinvention profonde, pour reconstruire les conditions d’un rassemblement populaire majoritaire capable de transformer la société.

Le PCF a lancé ce week-end le chantier de sa reconstruction. Cela dépasse-t-il vos propres rangs ?

Pierre Laurent Toute la gauche est concernée. Elle a historiquement représenté le camp des classes populaires. Mais, aujourd’hui, elle est profondément abîmée et brouillée du fait des trahisons socialistes successives et du quinquennat Hollande. Le camp Macron veut profiter de ce brouillage du clivage droite-gauche pour imposer sa domination. La reconstruction se fera à partir d’une nouvelle identification des causes de la crise, des formes de domination du capital, et de nouvelles pratiques politiques pour porter un projet d’émancipation. Il ne s’agit pas de sauver une gauche en perdition mais de construire un nouveau projet politique large à gauche capable de porter les intérêts des 99 % face à la confiscation de la finance. Nous concernant, nous avions décidé déjà de procéder à de profondes transformations ; elles sont plus nécessaires que jamais. Nous voulons tout mettre sur la table et dans les mains des communistes.

Cette « réinvention » va donc au-delà de la question du nom de votre parti ?

Pierre Laurent Bien évidemment. Nous avons conscience que notre problème de communication, au sens le plus profond, est un problème d’identification politique. De quoi notre communisme au XXIe siècle est-il le nom ? Nous devons résoudre cette question avec plus de force et de lisibilité. Nous ne partons pas d’une feuille blanche. Nous sommes riches d’idées, de projets, de pratiques, d’une grande force militante. Et, en même temps, nous avons besoin d’un changement qualitatif pour inventer un nouveau modèle d’organisation plus pertinent et plus efficace dans le monde d’aujourd’hui.

La période a été marquée par l’émergence de nouvelles formations. Les partis classiques sont-ils dépassés ?

Pierre Laurent La question des nouvelles formes d’engagement politique fait partie des débats que nous voulons mener. Nous ne le ferons pas en miroir de telle ou telle formation mais en réinventant notre rôle et notre propre modèle. Cela ne signifie en aucun cas une adhésion à la thèse de la mort des partis. D’ailleurs, je constate que ceux qui crient à la mort des partis en créent de nouveaux. Ils le font à partir de plateformes numériques et de nouveaux modèles de marketing politique qui leur donnent une réelle efficacité. Mais aucune de ces nouvelles forces n’a résolu des questions centrales pour réussir dans la durée la transformation sociale à laquelle nous travaillons. Et singulièrement celui de l’intervention consciente et durable des dominés pour construire par eux-mêmes leur propre émancipation.

Malgré ces nouvelles offres politiques, l’abstention a encore atteint des sommets…

Pierre Laurent L’abstention est l’expression la plus forte du paradoxe de la situation. La société française a exprimé un désir très profond de balayer le système politique. Macron l’a emporté en captant ce besoin de renouveau mais de nombreux électeurs ont voté par défaut. Il reste une très grande défiance et beaucoup à inventer pour y remédier, singulièrement avec les milieux populaires, qui ne trouveront pas leur compte, bien au contraire, dans la politique du gouvernement. Dans le salariat éclaté d’aujourd’hui ou dans les quartiers populaires, on doit pouvoir, non pas seulement s’identifier à un candidat à la présidentielle, mais trouver la place d’une intervention politique consciente, croissante et durable. Le PCF a à réinventer un modèle qui le permet. Cela va de pair avec la conquête citoyenne de nouveaux droits et pouvoirs, qui ne peut être renvoyée à plus tard ou à un modèle de prise du pouvoir centralisé.

 

 

 

 

 

 

 

 

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Comment répondre aux aspirations populaires ? Le point sur la situation (suite)

Posté par jacques LAUPIES le 26 juin 2017

 

J’évoquais hier le faux pas que constituent les résultats obtenus par la gauche aux dernières élections. Du coup doutant comme toujours de ma maitrise du vocabulaire, je suis revenu vers la définition du faux pas : « pas manqué » au sens propre et au sens figuré « démarche inopportune, erreur de discernement dans une affaire ». Ma foi je ne me suis guère trompé en qualifiant de faux pas, celui effectué par la gauche dans son ensemble et le PCF en particulier.

Que la gauche dans son ensemble, hors le PCF, porte une lourde responsabilité dans ses  échecs ne fait aucun doute, mais il me parait important de ne pas omettre que ce qui est dans la nature des autres (social démocratie, écologie, et autres produits de notre société) ne doit en aucun cas effacer nos propres insuffisances. Qu’on les ait plus ou moins acceptées au fil des débats interne, qu’on les ait parfois dénoncées !

Les autres partis, les autres leaders de ces partis ne sont pas étranger à des représentations sociologiques bien précises qu’il est aisé de retrouver et qui expliquent leur navigation à vue. Pour  la plupart ils manquent  à la fois de la base sociale qui produit les militants formés à l’aune de l’expérience du combat de classe, de la théorie qui leur permet de s’identifier dans ce combat et au final de l’organisation qui prend appui sur ces deux éléments !

Certes comme la conscience  politique des individus a horreur du vide il leur faut remplir cette conscience de toutes sortes d’apports idéologiques, stratégiques, susceptibles de leur donner espérance (ou désespérance) Le plus simple pour cela étant de jouer avec les apparences. Sinon comment expliquerait-on que le Front National progresse parmi les ouvriers et les catégories populaires. La mise en concurrence de la main d’œuvre immigrée avec la mains d’œuvre pseudo française est bien la meilleure preuve de ce jeu absurde de l’apparence que bien entendu l’on conforte en spéculant sur les différences religieuses et culturelles.

S’agissant d’autres catégories il est plus aisé de jouer sur leur positionnement  »intellectuel » plus déterminant et  flatteur à leur égard que leur statut économique et social, qui souffrent très souvent  d’une insuffisance de reconnaissance et supportent mal – souvent à cause de leurs origines – la « radicalité économique ouvrière » et lui substituent la « radicalité intellectuelle petite bourgeoise » utilisant leur savoir à des fins que je qualifierai de secondaires sans évidemment en nier la portée (combats sociétaux, combats de l’écologie, combats humanitaires)

A gauche et à droite, mais surtout à gauche on exploite largement ces créneaux, ce qui conduit finalement à éloigner du véritable mal qui ronge l’équilibre de la société : l’exploitation du travail. Un mal qui devrait permettre de trouver un remède commun !

 

(à suivre)

 

Résolution du Conseil national du PCF adoptée le 24 juin 2017 : Vers un congrès extraordinaire en 2018

 

Résolution du Conseil national du PCF – 24 juin 2017

 

Un séisme électoral et politique inédit

La situation issue des campagnes et élections présidentielles et législatives 2017 ne constitue pas seulement un nouveau et profond séisme de la vie politique française, elle en accélère le remodelage de façon inédite.

Les deux principales formations politiques qui ont dirigé le pays n’ont pu accéder au second tour de l’élection présidentielle. Et l’abstention a atteint, aux élections législatives de juin, un niveau historique dramatique qu’il faut comprendre comme une forme de rejet des pratiques et des institutions politiques confisquées et sclérosées. La nature même du régime est en plein bouleversement, et les libertés et droits démocratiques, humains et sociaux de notre peuple sont menacés.

Le président Emmanuel Macron sort conforté d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale pour mettre en œuvre sans plus tarder ses projets de destruction du modèle social français. Le Parti communiste français, ses militant-e-s et ses élu-e-s, seront dès cette semaine dans toutes les luttes et tous les rassemblements pour imposer des reculs au chef de l’Etat, à son gouvernement, sa majorité et au Medef dont président, ministres et député-e-s d’En Marche ! protègent les intérêts.

 

La question de l’avenir de notre combat posée

La nouvelle situation politique interpelle directement toutes les forces politiques, et pour ce qui nous concerne, elle pose directement la question du rôle et de l’avenir de notre parti.

Dans un contexte de profondes divisions de la gauche de transformation sociale, divisions que le PCF, malgré ses initiatives, n’a pas été en mesure de résorber, le Parti communiste essuie un véritable échec électoral même si l’élection et la réélection de 11 député-e-s manifestent une réelle capacité de mobilisation, de rassemblement et de résistance. Notre parti reste confronté aux problèmes institutionnels du présidentialisme qu’il n’a pas su à ce jour résoudre.

Le Conseil national du PCF tient à remercier chaleureusement les 524 candidates et candidats, les secrétaires fédéraux qui les ont appuyés dans leurs campagnes, les milliers de militantes et militants du Parti qui sont allé-e-s partout à la bataille pour arracher des avancées électorales, et la victoire dans les 11 circonscriptions de nos député-e-s.

Le Conseil national félicite ces derniers pour leur élection ainsi que toutes celles et ceux élu-e-s au second tour grâce au rassemblement de la gauche auquel le PCF a contribué.

Nous saluons également l’entrée au Parlement européen de notre camarade Marie-Pierre Vieu qui vient renforcer le groupe GUE-NGL dont Patrick Le Hyaric est vice-président.

Nous voulons enfin adresser nos amitiés aux député-e-s sortant-e-s du groupe GDR qui ne se représentaient pas ou n’ont pas été réélu-e-s.

Nos député-e-s et le groupe qu’elles et ils ont décidé de former avec 4 député-e-s des Outre-Mers seront un point d’appui précieux pour les luttes qui s’annoncent et les conquêtes à venir du mouvement social et citoyen de notre pays. Leur volonté de rassemblement reste intacte puisque les député-e-s communistes proposent la création d’un « comité de liaison » avec le groupe France insoumise afin de coordonner au mieux l’activité législative et de faire obstacle efficacement aux mauvais coups du gouvernement d’Edouard Philippe.

 

Pour un processus de débats et d’actions vers un congrès extraordinaire en 2018

Le Parti communiste français est appelé à se réinventer s’il tient à contribuer dans les mois et années à venir à l’amorce d’un processus de transformation sociale au service des intérêts populaires de notre pays.

Le PCF se doit de remettre en chantier une stratégie et des pratiques de conquêtes et de victoires durables pour la transformation sociale. Cela exige de notre part de nous réinventer pour être un parti communiste du XXIe siècle à la hauteur de cet objectif tout en travaillant à l’émergence d’une construction politique, à vocation majoritaire, de l’ensemble de la gauche de transformation sociale.

Le Conseil national du PCF invite les communistes à ouvrir dès à présent un processus de débats, d’actions et d’élaboration collective qui verrait son aboutissement en 2018 par la tenue d’un congrès national extraordinaire dont les thèmes et questions à trancher seront élaborés par les adhérents du Parti eux-mêmes.

 

Pour un bilan approfondi et collectif

Le Conseil national s’accorde sur le fait qu’un bilan poussé et collectif s’impose à présent à notre parti et à ses directions.

Un bilan qui permette de faire, clairement et lucidement, la part des problèmes politiques présents et de l’expérience de ces 15 derniers mois, de celle des problèmes structurels et stratégiques qui sont les nôtres depuis des années.

Ce travail, pour aboutir, a besoin de l’intelligence collective des communistes, et oblige par conséquent les directions à tous les échelons du Parti à travailler pour réunir les conditions les plus favorables, sous toutes les formes, à la participation de chaque communiste aux débats, élaborations, décisions et leurs mises en œuvre.

 

Une première liste ouverte de questions à traiter

Le Conseil national a commencé à échanger autour de problématiques que soulèvent les débats des communistes et qui demanderaient un travail collectif de conception et d’action :

  • Comment redevenir le parti des classes populaires, au travail, à l’entreprise, dans les quartiers populaires et la ruralité ?

  • Quelle stratégie de transformation concrète de la société, comment devenir un parti de la conquête citoyenne, dans une visée révolutionnaire ?

  • Comment, à partir de nos bonnes pratiques locales et du travail de nos élu-e-s, de toutes nos expérimentations militantes, construire des outils de notre stratégie nationale de transformation sociale ?

  • Quel rassemblement voulons-nous, avec qui, comment ?

  • Quel nouveau modèle d’organisation ?

  • Quelle conception des collectifs de direction ?

  • Comment reconstruire notre communication et notre identification ?

  • Quels moyens humains et financiers pour mettre en œuvre ces politiques ?

Ces premiers éléments doivent être critiqués et enrichis par les communistes eux-mêmes au cours de l’été au moyen d’un document permettant de formuler les questions politiques à traiter au congrès.

 

Une proposition de calendrier

Nous proposons qu’une première phase de discussions et de prises d’initiatives se déroule d’ici au 14 octobre 2017avec la tenue d’une assemblée nationale des animatrices et animateurs de section. Celle-ci tirera le bilan de cette phase de consultation et contribuera à établir l’ordre du jour du congrès avant validation par le Conseil national.

Le Conseil national souhaite que ce travail, le plus collectif et commun possible, soit animé au-delà de lui-même et du Comité exécutif national par des groupes de travail composés de responsables fédéraux et locaux, de militant-e-s et d’élu-e-s engagé-e-s concrètement sur les questions à traiter.

La date elle-même du Congrès extraordinaire – soit avant l’été 2018, soit à l’automne 2018 – sera déterminée par les adhérent-e-s lors d’une consultation nationale.

Le Conseil national se réunira en séminaire de travail le 25 août, à l’Université d’été du PCF, pour préparer l’Assemblée nationale des animatrices et animateurs de section d’octobre 2017.

L’Université d’été du PCF (Angers, 25-27 août) et la Fête de l’Humanité 2017 (La Courneuve, 15-17 septembre) constitueront deux rendez-vous nationaux importants dans ce processus général.

Pour débuter, les travaux de la réunion de juin du Conseil national doivent faire l’objet de comptes-rendus dans toutes les sections et fédérations du Parti, de journées de travail locales, et les débats, propositions et demandes des communistes consignés par écrit et transmis à la présidence du Conseil national pour une diffusion plus large.

 

Des mobilisations immédiates à engager

Le PCF affrontera tous les défis de la nouvelle période – ceux auxquels notre peuple et notre pays font face, ceux qui le concernent directement et ceux d’une gauche fracturée et émiettée – dans la lutte et l’action.

Le PCF appelle à la mobilisation de toutes les forces, individuelles et collectives, de la transformation sociale, démocratique et citoyenne, pour relever ensemble tous ces défis.

Le président Macron et son gouvernement veulent clore leur prétendue concertation sociale avant de l’ouvrir réellement en faisant adopter par ordonnances leur projet de flexibilisation maximale du travail.

Le PCF s’engage dans la bataille contre ces lois d’ordonnances et pour une loi de sécurisation de l’emploi et de la formation afin de lutter efficacement contre le chômage. Pour contribuer à la mobilisation populaire la plus large possible, les communistes organiseront pendant toute la période estivale, partout en France, des initiatives publiques de la campagne « L’été n’est pas fait pour casser le Code du travail », lancée le 1er juin.

Le PCF, engagé également dans la bataille pour la démocratisation des institutions et la défense des libertés publiques, appelle à se mobiliser pour la mise en place du scrutin proportionnel, et prendra une part active à toutes les mobilisations contre le projet d’introduction de l’état d’urgence dans le droit commun.

Le PCF entend faire de ces trois mois à venir l’été des solidarités et de la fraternité en organisant notamment avec toutes celles et tous ceux qui le souhaitent des journées à la mer et des ventes de fruits et légumes solidaires directes du producteur au consommateur.

Du 4 au 9 septembre, semaine de la rentrée scolaire, les communistes de tout le pays prendront des initiatives de mobilisation pour un grand service public de l’école.

La Fête de l’Humanité 2017, fête de la fraternité, de la liberté et de l’égalité, fête des solidarités populaires et de la grande paix humaine, sera en septembre le lieu de centaines de débats politiques sur les défis du moment et un rendez-vous national de lutte et de riposte. Plus que jamais à cette heure, elle est la Fête de L’Humain d’abord face « au chacun pour soi et l’argent pour quelques-uns ».

La diffusion de sa vignette-bon de soutien sous l’impulsion du collectif national, animé par Nathalie Simonnet, sera lancée nationalement le 28 juin à 19h lors de l’initiative publique sur le parvis du siège du Parti avec Patrick Le Hyaric, directeur du journal, Fabien Gay, directeur de la Fête, Nathalie Simonnet et Pierre Laurent.

Les élections sénatoriales de septembre constitueront la troisième et dernière étape du cycle électoral 2017. Leurs enjeux, malgré le type de scrutin, concernent directement l’avenir de nos communes et territoires dont la cohésion et le développement exigent des politiques fondées sur l’ambition d’une République pour tou-te-s. L’élection de nombreuses sénatrices et nombreux sénateurs communistes et de candidat-e-s soutenu-e-s par notre parti constituera une force de résistance et d’alternative offensive au Sénat contre les projets gouvernementaux.

 

Ouvrir un débat large pour réinventer à gauche

Le Parti communiste français ne se résout pas à la crise et l’affaiblissement historique de la gauche dans notre pays, et relève le défi de la reconstruction de la gauche. Il invite l’ensemble de ses organisations locales et départementales à s’adresser aux millions de femmes et d’hommes de notre pays qui veulent redonner à la gauche tout son sens et qui sont prêt-e-s à réfléchir, débattre et agir avec toutes les forces engagées au service du mouvement populaire et citoyen dans cet objectif, tout particulièrement dans le cadre de luttes politiques et sociales de riposte à la politique d’Emmanuel Macron.

Pour sa part, le PCF, son secrétaire national Pierre Laurent, invitent à l’Université d’été du PCF puis à la Fête de l’Humanité, plusieurs dizaines de personnalités avec lesquelles ce dialogue est en cours et la volonté d’agir est partagée.

 

 

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