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La honte ou le combat ?

Posté par jacques LAUPIES le 31 octobre 2016

DSC_0977Aux puces de St Etienne du Grès 

 

Bravo Monsieur Torreton ! Comme vous j’ai regardé BFM, comme vous j’ai remarqué les housses en plastique, comme vous au final je pourrais avoir honte d’être français !

Et oui j’ai honte aussi ! Mais ma honte s’efface comme vous sans doute quand j’écris.

Elle s’efface aussi quand je distribue un tract même si je rencontre un imbécile qui me dit que 2000 algériens ont pris le pouvoir à Marseille et qu’il faut se préparer et acheter un matériel pour fabriquer des armes. Est-il sérieux ? Le fantasme de la guerre civile prendrait il corps ?

Passons sur ces délires.

J’en ai marre d’entendre non des opinions mais des imbécilités. Nous arrivons à un stade où le débat d’idée disparaît parce que les idées de l’adversaire politique sont des vociférations, des bavures, des peurs empreintes de débilité.

Alors que faire ? Mettre en garde, expliquer nos objectifs et nos programmes, appeler à l’engagement à nos côtés ?

Oui et inlassablement pour ne pas être dans le camp de la honte mais dans celui du combat !

 

Housses of cars

Vendredi, 28 Octobre, 2016
L’Humanité
La honte ou le combat ? dans POLITIQUE

Photo : AFP

Les mots qui fâchent par Philippe Torreton. « Il y a des paroles et des images qui nous envahissent de honte, c’est dans mon pays que ça se passe et dans mon pays que ça se dit. »

Ils quittent la « jungle » de Calais, je regarde ça sur BFM, on nous montre des visages souvent impatients de laisser derrière eux cet enfer fait de froid, de palettes, de tôles, de pluie et de bâches en plastique, où régnaient la promiscuité, la loi du plus fort, du plus organisé, du plus débrouillard, du plus riche parmi les plus pauvres. Ils prennent place dans d’interminables files d’attente très tôt le matin, ils se poussent, se pressent, filtrés par des policiers en armure, on leur pose des bracelets de couleur en fonction de leur futur point de chute puis ils passent dans un sas et dès que le quota de 50 est rempli ils grimpent dans un car. Les caméras de BFM nous expliquent tout ça, elles suivent un garçon heureux de partir, il va dans les Pays de la Loire, ça lui va, il a été à Nantes par le passé, il dit qu’il y connaît quelques personnes, ça le rassure, les fonctionnaires ont le sourire, leur tâche est positive, on nous les montre rassurants et pédagogiques. Les caméras suivent le garçon dans le car, il prend place au fond, dernières questions, et puis je ne l’écoute plus. Un détail dans le cadre de la caméra m’envahit l’esprit et je ne vois plus que cela, un truc derrière ce garçon, mais aussi derrière ses compagnons de voyage, la même chose à côté et sous eux, je regarde mieux l’écran, oui c’est bien du plastique, les sièges du car sont tous recouverts de bâches transparentes en plastique.

La compagnie de transport tenait à protéger ses sièges contre les salissures de ces migrants, pour que les sièges restent propres lorsque le car transportera des Français de souche aux ancêtres propres.

Pour cette compagnie, un migrant est sans doute sale par définition, le cul plein de merde, les cheveux pleins de poux et le corps rempli de bacilles. Pourtant, les caméras nous montraient des gens bien habillés de vêtements propres, ils étaient toilettés pour partir ailleurs.

Cela me rappelle cette imbécile de mère de famille qui devant une autre caméra d’une chaîne d’info osait nous dire que ces migrants posent un problème d’hygiène pour ses chers petits. La France, pays des Lumières devenu pays des rombières qui protègent leurs canapés en velours et napperons brodés d’une housse lorsque les petits-enfants arrivent mais laissent leurs clébards s’étaler dessus sans protection en regardant Michel Drucker le dimanche soir une fois les gosses repartis.

Il y a des paroles et des images qui nous envahissent de honte, c’est dans mon pays que ça se passe et dans mon pays que ça se dit et il s’y trouve de plus en plus de politiques pour relayer cette bave et justifier ces actes indignes et dégradants.

 

Police : Il faut écouter les policiers qui expriment colère et épuisement (Fabien Gauillaud-Bataille – PCF)

 

Depuis plusieurs jours les policiers se rassemblent spontanément dans de nombreuses villes de France. Ils expriment une colère et un épuisement. Ils réagissent après l’agression violente et à la volonté meurtrière de Viry-Châtillon.

L’épuisement trouve ses sources dans le rythme terrible qui est imposé aux effectifs de Police depuis les attentats du 7 janvier à Charlie Hebdo et qui s’est vu renforcé depuis le 13 novembre et le 14 juillet. Congés reportés, mobilisation permanente, heures supplémentaires sont devenus le quotidien de la Police Nationale. Cette pression accrue est venue s’ajouter à des dysfonctionnements déjà existants, rendant la situation insupportable.

 

D’abord, il faut embaucher, renforcer le nombre et la présence quotidienne de la Police Nationale dans tous les territoires et en particulier auprès de ceux qui souffrent le plus de la crise et de la délinquance quotidienne. Les syndicats de policiers avancent des chiffres qu’il faut écouter et auxquels il faut répondre rapidement.

 

Ensuite, nous devons aussi nous interroger sur leurs missions, à commencer par la règle qui détermine leurs actions depuis le passage de Nicolas Sarkozy à l’intérieur : celle du chiffre.

La logique de rentabilité capitaliste qui s’applique depuis lors est en train de détruire, de dévoyer le rôle du service public de Police nationale. Elle vide de son sens le métier, brise les vocations et donne de l’importance à des actions qui sont rentables pour les statistiques mais peu pour la sécurité des citoyens de France.

C’est le cas des contrôles d’identité systématiques, des contrôles routiers inopinés ou encore des îlotages sans buts précis. Certes, ils permettent souvent de faire coup double pour les statistiques avec une infraction constatée et une verbalisation immédiate entrant dans la colonne faits résolus sans trop de temps, mais cela détourne de nombreux policiers de taches plus importantes ou de la proximité avec les habitant-es.

 

Il faut casser cette dynamique. C’est elle qui organise la pression, justifie les méthodes de management les plus dures sur les agents. Chaque année des dizaines de policiers mettent fin à leur jour avec leur arme de service ou sur leur lieu de travail.

Nous avons besoin d’une autre police. Le PCF souhaite que cette crise soit l’occasion de prendre le virage de la proximité, du sens du métier, du retour au service public auquel les citoyennes et citoyens de ce pays ont droit.

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Les situations de contre révolution se ressemblent…

Posté par jacques LAUPIES le 30 octobre 2016

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Partout dans le monde les peuples sont confrontés, quel que soit le contexte, aux forces réactionnaires qui font feu de tous bois pour déstabiliser les gouvernements issus de mouvements progressistes.

Il fallait s’y attendre au Venezuela. Bien évidemment les méthodes changent et lorsque les coups d’état militaires ne  paraissent pas appropriés, le processus qui consiste à créer le mécontentement social et l’exploiter en utilisant les couches intermédiaires de la bourgeoisie est un classique Chili, Argentine et récemment Brésil)

D’autres pays d’Amérique latine l’ont particulièrement subi et il serait bien naïfs de penser que la puissance impérialiste des Etats Unis n’y est pour rien.

Ces forces anti progressistes trouvent par ailleurs des relais importants sur le plan médiatique à l’interne et à l’externe. Il suffit d’entendre ceux qui en France, dans la plupart des chaines de télé, des radios et de la presse crie à la dictature de Maduro et tentent d’empoisonner l’opinion des français. Ce qui est un moyen de s’en prendre aux forces de gauches qui mettent actuellement en difficulté la droite et la social démocratie.

Si la théorie de la révolution permanente a fait son temps, la nécessité de la solidarité de classe à l’échelle mondiale s’avère de plus en plus nécessaire.

Cuba a su résister et résiste encore ! Cela mérite de se demander pourquoi ?

 

Maduro affronte à son tour un coup d’État institutionnel

Venezuela
Lina Sankari
Jeudi, 27 Octobre, 2016
L’Humanité

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Nicolas Maduro lors d’un rassemblement devant le Palais présidentiel de Miraflores à Caracas, mardi dernier.<br /><br /><br />

Nicolas Maduro lors d’un rassemblement devant le Palais présidentiel de Miraflores à Caracas, mardi dernier.
Photo : Reuters

Le Parlement vénézuélien, contrôlé par la droite, a approuvé mardi l’ouverture d’un procès en destitution contre le président de la République bolivarienne. Une procédure non conforme à la Constitution.

Après le Honduras en 2009, le Paraguay en 2012, le Brésil en août, le Venezuela est à son tour frappé par une tentative de coup d’État institutionnel. Mardi, le Parlement vénézuélien, contrôlé par la droite, a approuvé l’ouverture d’un procès en destitution contre le président Maduro, dont le mandat expire légalement en 2019. Officiellement, la procédure est chargée d’examiner sa « responsabilité pénale, politique et son abandon de poste ».

Problème : le procès en destitution n’est inscrit nulle part dans la Constitution mais les juristes, acquis à la droite, soulignent que la procédure pour manquements au devoir de sa charge serait légale. Des questions subsistent néanmoins sur le rôle du Tribunal suprême de justice (TSJ), qui a bloqué tous les projets de loi du Parlement depuis janvier. Le TSJ considère depuis Nicolas Maduro, qui ne reconnaît plus le Parlement, en infraction. Hier, le président de la République bolivarienne, de retour d’une tournée au Moyen-Orient et d’une entrevue avec le pape François, convoquait un conseil de défense national.

Mardi et mercredi, l’opposition tentait également de faire pression dans la rue en organisant des manifestations. Elle poursuit ainsi sa tactique d’affrontements dans la rue qui s’était soldée, en 2014, par la mort d’une quarantaine de personnes.

Cette crise est orchestrée de toutes pièces par le patronat

Dans les faits, l’opposition s’appuie sur la profonde crise économique, qui se traduit par une pénurie de 80 % des aliments et l’inflation la plus élevée au monde (475 % cette année et 1 660 % en 2017, selon le FMI). Cette crise est pourtant orchestrée de toutes pièces par le patronat, qui organise le blocage économique sur le modèle chilien des années 1970.

Dans cette stratégie, les parlementaires de droite constituent un relais de poids. Lorsqu’en mai dernier Nicolas Maduro a décrété l’« état d’exception et d’urgence économique » afin de protéger le pays des interventionnismes étrangers et de la guerre économique lancée par le patronat, la droite a voté contre.

Un putsch fomenté par la droite avec l’appui de l’étranger

Après de longues tergiversations, symbole des divisions de la coalition de la Table pour l’unité démocratique (MUD), l’offre de dialogue a finalement été acceptée par la droite… avant d’être de nouveau conditionnée à un changement de lieu. L’opposition exige que la réunion, prévue dimanche sur l’île Margarita (nord) en présence du chef de l’État, se tienne dans la capitale. Lieu de toutes les tensions. Le président du Parlement, Henry Ramos Allup, n’a quant à lui pas encore indiqué s’il s’y rendait.

Confirmant l’idée d’un putsch fomenté par la droite et le patronat, le premier vice-président du Parti socialiste uni du Venezuela, Diosdado Cabello, a livré samedi des détails sur un plan retrouvé dans le téléphone d’un militant de Volonté populaire (extrême droite), arrêté le 18 octobre avec grenades et bombes lacrymogènes destinées à l’attaque du siège du gouvernement.

Ce plan « Condor Rock and Roll », dont le nom aux apparences fantasques ne laisse en fait aucun doute, devait se dérouler en quatre phases et se solder sans surprise par le renversement de Nicolas Maduro. En plus de l’instauration du concept anticonstitutionnel de « référendum révocatoire populaire », une grève nationale, le barrage des routes principales et l’attaque de casernes de l’armée et des forces armées nationales bolivariennes étaient prévus. Avec l’appui de l’étranger, l’opposition entendait marcher sur le palais présidentiel de Miraflores.

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Rencontres en distribuant le tract : « ce que veut le peuple »

Posté par jacques LAUPIES le 29 octobre 2016

DSC_0964La treille et les barreaux 

Apres les rencontres dans un lieu ou viennent se détendre les travailleurs maghrébins, que j’ai évoquée hier, me voila à discuter dans un endroit où se pratique une activité que je classerai artisanale et où, à défaut de client, le maitre du lieu est en conversation avec un de ses pairs également artisan.

Après avoir examiné le tract ce dernier m’indique poliment que je peux le garder mais son hôte, une vieille connaissance de qui j’avais été un client passager autrefois le prend  soigneusement et le parcourt rapidement avant de le ranger dans sa boutique.

Bref la discussion s’engage, les deux compères ne tardent pas à dévoiler leur cheminement politique tous deux admettant qu’ils ont voté à gauche dans le passé, tous deux ayant même voté communiste. L’un incarne parfaitement le poujadisme tempêtant contre le système de protection sociale des artisans et commerçants, relatant des combats menés dans le syndicalisme de ces catégories et des déboires qu’il a subi et l’ont conduit à se dissocier d’une organisation dont certains éléments avaient subi la pire des violence. Le type parfait du sympathisant d’extrême droite avec à sa décharge toutes les difficultés que peuvent rencontrer les classes moyennes non salariées.

Evidemment j’ai droit au chapelet d’arguments anti communistes essentiellement puisés dans l’expérience « socialiste » soviétique et à tous les raccourcis que permet une courte de vue de l’histoire de cet état et de ses origines. Dans ces cas là il est toujours bon de rappeler que les révolutions progressistes ne peuvent échapper face aux agressions internationales et une mobilisation des classes dominantes à l’intérieur comme à l’extérieur, à la nécessité de durcir le pouvoir politique ce qui conduit souvent à des Dictatures sanglantes.

La révolution française ne pouvait ainsi qu’être évoquée et elle le fut avec toutes les simplifications classiques que l’on sert à ceux qui, comme votre serviteur, en défendent le rôle grandement républicain. Robespierre, pourtant pacifiste et conscient qu’il fallait chercher des compromis avec une bourgeoisie pleine d’ambition ( et de corruptions) est fustigé par mes interlocuteurs et Napoléon divinisé par l’un, pourtant plus modéré que son collègue lequel dit son admiration pour Louis XVI et sa détestation pour De Gaulle. Tous deux d’accord pour ne pas reconnaître le rôle majeur des communistes et de la classe ouvrière dans la mise en œuvre du programme du Conseil National de la Résistance. Cela allait de soi pour des électeurs de droite sous pression depuis trente ans de « néolibéralisme »

Etonnement cependant quand je leur rappelle que ce sont les organisation professionnelles de commerçants et artisans qui ont rejeté le rattachement de leur protection sociale au systèmes de Sécurité Sociale mis en place en 1946 !

Je ne peux ici rappeler tout ce qui a pu se dire dans notre discussion malgré tout courtoise. Ce serait trop fastidieux.

Simplement j’en ai conclu qu’un effort d’explication s’impose, qu’il y a une réponse, des arguments à développer à ceux qui continuent à  se laisser influencer par la droite et l’extrême droite. Que le temps perdu a détourner la pratique politique comme le font les médias vers des querelles factices, à droite comme à gauche, ne peuvent conduire qu’à l’aggravation des conditions de vie des français et développer l’obscurantisme régnant, dangereux pour les générations à venir !

Je ne peux que conseiller la lecture de l’entretien ci dessous publié et pourrait aider à comprendre les origines de cette droitisation  inquiétante qui appelle une réaction des forces progressistes de ce pays !

 

à suivre demain troisième rencontre en diffusant « ce que demande le peuple »

 

« La droitisation du monde touche l’ensemble de nos existences »

Entretien réalisé par Lucie Fougeron
Jeudi, 20 Octobre, 2016
Humanité Dimanche
Rencontres en distribuant le tract :

Photo : Audrey Cerdan

« Droitisation » : le mot a envahi les analyses de la vie politique, souvent dans un cadre franco-français. Dans son dernier ouvrage, « la Droitisation du monde », c’est à l’ensemble de la planète que François Cusset étend l’analyse de cette lame de fond. Écrivain, chercheur en histoire intellectuelle et politique contemporaine, professeur d’études américaines à l’université de Nanterre, il détache son point de vue des seuls cadres nationaux, échiquiers politiques et calendriers électoraux, et met au jour un processus aussi profond que contemporain ­ à peine un demi-siècle ­, toujours en cours, dans une perspective d’histoire et de pensée critiques. Pour le comprendre dans toute son ampleur et, partant, déceler les issues émancipatrices possibles dans un paysage confus et bouleversé. Entretien.

HD. Pour rendre lisible notre monde complexe, vous proposez l’hypothèse de sa droitisation. Sur quoi la fondez-vous ?

François Cusset. Le dernier demi-siècle est marqué par un cycle contre-révolutionnaire qui constitue un retournement. Le cycle émancipateur, progressiste du milieu du XXe siècle – décolonisation des deux tiers de la planète, émergence d’une culture jeune, protestations étudiantes et ouvrières, État providence… – a suscité en réaction, dialectiquement, à partir du milieu des années 1970, un retour de bâton de la classe dirigeante, dont les lignes sont variées mais se mêlent. Le capitalisme familial, national et protectionniste, est devenu spéculatif, actionnarial et mondialisé ; l’économie de production est devenue financière et spéculative ; la consommation définit désormais entièrement notre existence individuelle et collective… La fin du bloc de l’Est a ouvert au capitalisme un territoire nouveau, tout en mettant en deuil les tenants des politiques émancipatrices ou progressistes. Le « sud » de la planète a émergé à la fois économiquement et culturellement – pas encore politiquement. Est également survenu le désastre écologique, accélération hyperbolique des ravages produits par le capitalisme. Enfin, la révolution technologique constitue à la fois une immense métamorphose économique et une révolution existentielle rendant nos vies ubiquitaires, virtuelles, à la fois hypersocialisées et totalement individualisées. S’ajoutent les questions identitaires nouvelles : si la « théorie » du « choc des civilisations » relève de la propagande néoconservatrice, des tensions religieuses et ethniques existent. Toutes ces lignes vont dans le même sens : un énorme cran supplémentaire dans l’histoire moderne vers la droite, pas seulement sur l’échiquier politique, mais aussi en termes de valeurs, de modes de vie, de visions du monde et même de pratiques collectives – désormais incarnées par l’équipe de foot, la Manif pour tous, la communauté religieuse ou le réseau social… –, dont sont absentes les formes sociales progressistes du XXe siècle.

HD. Vous analysez ce processus de « droitisation du monde » tout en estimant qu’on peut aujourd’hui se passer des catégories droite-gauche. N’est-ce pas paradoxal ?

François Cusset. À gauche, s’est creusé un abîme entre la gauche de gouvernement, gestionnaire et « efficace », plus austéritaire et sécuritaire que ses homologues de droite depuis la triade Clinton-Blair-Schröder, et une gauche de combat en miettes, prise en étau entre une tentation électorale illusoire, une nostalgie du grand soir et une mobilisation qui ne se reconnaît pas en elle : Nuit debout, Occupy Wall Street, les Indignés… Au sein de la droite classique, deux lignes historiquement en contradiction ont formé une alliance stratégique : la droite des marchés, du libre-échange radicalisé, de la haine de l’État et de la suppression de toutes les barrières à la mondialisation économique, et la droite des valeurs patrimoniales, chrétiennes et identitaires. Sous le prétexte de la « guerre des civilisations », après le 11 septembre 2001, mais cela repose fondamentalement sur la défense des intérêts des classes dirigeantes.

HD. Que devient le rôle de l’État dans ce grand virage ?

François Cusset. La doctrine néolibérale élaborée après guerre lui vouait une haine viscérale. Ensuite, ses tenants et les acteurs économiques sont devenus les meilleurs amis d’un État qui a sauvé le système lors de la crise des subprimes, d’un État austéritaire à l’échelle européenne et d’un État sécuritaire qui, sous prétexte d’état d’urgence, endigue les mouvements sociaux… Ce sont les fonctions mêmes de l’État qui ont changé. Historiquement vouées à protéger, compenser, instruire, égaliser partiellement, elles sont désormais de trois ordres en Occident : présenter aux marchés une administration rentable en supprimant ses fonctions sociales dépensières ; une fonction diplomatico-politique de service aux entreprises ; une fonction militaro-policière, qui va de l’interventionnisme aux quatre coins du monde sous prétexte de lutte antiterroriste à une hypersurveillance généralisée poliçant nos existences.

HD. En quoi le développement de la « biopolitique » est-il une expression de cette droitisation ?

François Cusset. Ce terme, dû à Michel Foucault, désigne le rapport entre les formes de pouvoir politique et les formes de vie à la fois organique, existentielle, morale, normative. La biopolitique a émergé avec la mise en œuvre par les États de politiques natalistes, par exemple, s’insinuant dans des aspects de nos existences qui n’étaient pas de leur ressort. Un siècle plus tard, l’extension du capitalisme se fait dans deux directions simultanées. À la fois vers le plus volatil – la spéculation qui déstabilise l’économie, précarise le travail et sacrifie la production – et vers le plus concret, organique, intime – ces dimensions de nos existences qui ne relèvent pas du domaine de la marchandise, de la vie de « l’âme » à la sexualité en passant par la rentabilisation du temps disponible avec l’ubérisation. En nous incitant à optimiser nos existences, la biopolitique individualise radicalement nos façons de faire et impose des normes, légifère. C’est, en outre, un secteur économique en plein boom. Invention des États, la biopolitique est désormais l’apanage d’immenses multinationales privées – le rachat de Monsanto par Bayer en est un exemple spectaculaire. En fait, trois domaines fondamentaux sont passés de la gauche à la droite. La nation, invention des peuples de gauche et des révolutions du XIXe siècle. Le vitalisme, situé à gauche, et les biopolitiques étatiques progressistes au XIXe siècle (elles étaient en même temps coloniales…), désormais de droite, où la vie doit être rentabilisée. Enfin, la culture : au cycle de l’après-guerre, avant-gardiste, indissociable du changement social et de la déstabilisation des pouvoirs en place, a succédé l’extension de la culture à tous les aspects de l’existence, une industrie devenue le moteur de l’économie mondiale, sphère de loisirs pour oublier les rapports de forces. La lame de fond de la massification de l’accès à l’éducation et à la culture, mais aussi aux droits sociaux, change la donne : créateur et consommateur sont deux fonctions indifférenciées, ce qui va aussi bien dans le sens d’une reprise en main du pouvoir culturel par les gens que dans le sens du nivellement par le bas, du démantèlement des points de repère, sans rien avoir à mettre à leur place…

HD. Que deviennent alors les questions et les perspectives sociales et collectives ?

François Cusset. Les formes de mobilisation collective antérieures ont perdu la plus grande part de leur crédibilité ou de leur efficacité. Et en même temps, il y a du nouveau : les ZAD, les mouvements de quartier, la jeunesse mobilisée pour occuper les places… Ces phénomènes, mondiaux, convergents dans le temps depuis les printemps arabes, sont le signe d’une réinvention des formes de mobilisation, encore minoritaires et réticentes à l’organisation et donc insuffisamment stratégiques. Le mouvement social unitaire, avec ses formes d’organisation traditionnelles, n’a pas d’autre choix, face au moloch de droite, que d’avancer main dans la main avec ces nouveaux combats.

« Droitisation » : le mot a envahi les analyses de la vie politique, souvent dans un cadre franco-français. Dans son dernier ouvrage, « la Droitisation du monde », c’est à l’ensemble de la planète que François Cusset étend l’analyse de cette lame de fond. Écrivain, chercheur en histoire intellectuelle et politique contemporaine, professeur d’études américaines à l’université de Nanterre, il détache son point de vue des seuls cadres nationaux, échiquiers politiques et calendriers électoraux, et met au jour un processus aussi profond que contemporain – à peine un demi-siècle –, toujours en cours, dans une perspective d’histoire et de pensée critiques. Pour le comprendre dans toute son ampleur et, partant, déceler les issues émancipatrices possibles dans un paysage confus et bouleversé. Entretien.

François Cusset est écrivain, historien des idées, professeur à l’université Paris-Ouest Nanterre-la Défense

 

« LA DROITISATION DU MONDE », DE FRANÇOIS CUSSET, CONVERSATION AVEC RÉGIS MEYRAN, ÉDITIONS TEXTUEL, 2016, 192 PAGES, 15 EUROS.

Un ouvrage de mise au point, selon son auteur ­ dont les travaux portent depuis longtemps sur le tournant néolibéral des dernières décennies, mais aussi sur ses opposants, des mouvements sociaux aux contre-cultures ­, qui s’attache ici à dénouer les fils du grand virage droitier à l’échelle mondiale ­ initié dès l’aube des années 1970 ­, entremêlés et composés des diverses facettes de notre présent. Détaillant ce long « retour de bâton », réactionnaire et individualiste, cynique et guerrier, bienveillant et divertissant, il interroge ses reconfigurations et ce que peuvent encore les forces de résistance et d’émancipation. François Cusset a publié, notamment, « French Theory » et « la Décennie : le grand cauchemar des années 1980 » (la Découverte, 2003 et 2006), et dirigé « Une histoire (critique) des années 1990 » (Centre Pompidou-Metz, 2014). Il est aussi l’auteur de deux romans, « À l’abri du déclin du monde » et « les Jours et les jours » (P.O.L, 2012 et 2015).

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Rencontres en distribuant le tract : « ce que demande le peuple »

Posté par jacques LAUPIES le 28 octobre 2016

 

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Hier j’évoquais ma déception à la suite de diverses rencontres effectuées au cours d’une distribution de tracts et  qui m’ont évidemment affecté.

La première de ces rencontres a eu lieu dans un local d’association fréquenté essentiellement par des personnes immigrées, essentiellement  d’origine maghrébine. L’accueil est relativement poli et l’étonnement transparait au niveau des présents de voir quelqu’un leur apporter un tract communiste. Difficile de savoir si certains vont le lire, s’ils y trouveront un intérêt. Si je connais nombre de travailleurs installés dans cette ville (cela remonte aux grèves de 1968 ou 1500 grévistes se battaient sous l’impulsion d’une CGT au sein de laquelle j’assumais le responsabilité de Secrétaire local) le lien s’est évidemment distendu avec les générations qui ont suivi.

Fort heureusement l’intégration sociale s’est pour une bonne part réalisée mais demeurent encore, notamment parmi les derniers arrivants, un grand nombre d’exclus du travail. Des jeunes notamment qui désespèrent de trouver des conditions de formation appropriées à des scolarités souvent défaillantes.

Du coup j’ai recherché ce qui pouvait dans le tract que je distribuais ce qui pourrait les intéresser et j’ai trouvé dans le paragraphe

« investir pour demain »

Libérer le travail, donner la priorité à la jeunesse, investir dans l’éducation, la culture, le sport et le numérique : telles sont nos priorités pour changer de société et construire une France de demain.

Notre première mesure : l’abrogation de la loi El Khomri au profit d’une loi de la sécurisation de l’emploi et de la formation, du passage au 32 h et de la retraite à 60 ans.

Bien entendu les propositions du PCF sont à prendre dans leur ensemble tout comme elles concernent l’ensemble des français et c’est bien sur cela que les jeunes devraient réfléchir et agir.

A suivre demain : Ce que demande le peuple « réaction de sympathisants de droite »

 

 

 

Le Front de gauche dénonce un budget bâti sur le dos des assurés

Protection sociale
Aurélien Soucheyre
Jeudi, 27 Octobre, 2016
Marisol Touraine, hier à l’Assemblée, s’est félicitée d’être une excellente comptable.<br /><br /><br />

Le gouvernement veut poursuivre la baisse du déficit de la Sécurité sociale en diminuant les prestations, et prétend atteindre l’équilibre en 2017. Les députés Front de gauche dénoncent un bluff et des choix qui détériorent la qualité des soins. Ils proposent d’autres pistes de financement.

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A la base : la politique victime du rejet, de la révolte et du silence

Posté par jacques LAUPIES le 27 octobre 2016

 

 

Lorsque je me contente de commenter un article généralement  sélectionné dans le site de l’Humanité, j’essaie de faire un lien avec l’information que je reçois ainsi que l’analyse qui l’accompagne.

Chacun pourra constater que je suis rarement en désaccord.

j’ose même avoir la prétention d’avoir anticipé cette analyse. Je n’ai pas grand mérite car consultant la télé très souvent entre 8 h 00 et minuit et souvent au delà, la température est prise et j’ai largement le temps de transposer ce que nous racontent les chaines d’info qui n’est guère différent de ce baragouinent les chaines généralistes.

Toutefois en cette période il faut être attentif et bien suivre car la crise politique génère des scoops (si j’ose dire) quasi quotidien. Rien ne semble aller dans le camp de la bourgeoisie et les trois axes de pouvoir politique qu’elle s’est donnée : la social démocratie, la droite réformiste ou ultra (faut bien quelques qualificatifs pour faire des distinctions) et enfin la droite qui se dit nationale et patriote, alternent sur les écrans et s’imposent tour à tour.

Les différentes candidatures sont un beau prétexte pour  diffuser une pensée dominante enrobée différemment pour créer l’illusion du débat.

Et pour le cas ou la ficelle parait trop grosse les faux contestataires ont leur petit moment de parole !

La social démocratie incarnée dans sa triste splendeur par Le duo Valls-Hollande est tellement à mal et dévaluée que le temps des années antérieures à 2012 semble révolu pour elle et que toutes les hypothèses de renflouement de ces deux possibles candidats à la présidentielle sont fortement compromises. La promotion précipitée de Macron n’offre aucune garantie sérieuse, pas plus l’espérance de réunification avec une primaire qui va piéger tout le monde dans la boutique socialiste.

La droite LR et ses associés centristes ne vit que de l’espoir d’un effondrement prévisible du PS et mise sur deux candidats promettant le pire socialement parlant avec des outsider dont on se demande quel sera le meilleur avocat du patronat.

Le FN qui risque fort de bénéficier du dégout généralisé provoqué par les deux précédentes familles politiques est à l’affut de ce qui, en son temps; pourrait devenir la solution avec l’agrément d’une fraction de la bourgeoisie qui ne trouve pas son compte dans le foutoir politique actuel.

Reste donc cette gauche « alternative » qui peine à se rassembler sur des objectifs que la plupart des composantes porte. Ambitions personnelle ou (et) recherche d’un rapport de force plus favorable. Dans tous les cas l’échec est assuré, car la bourgeoisie veille et comme elle le fait sur la planète entière elle agit pour préserver son hégémonie, instaurant des régimes à son service et au besoin provoquant la guerre entre eux !

Cette réalité crève les  yeux et cependant elle n’est pas perçue. Il suffit comme je viens de le faire cet après midi en diffusant un tract intitulé « ce que veut le peuple »  de s’arrêter et débattre au hasard de quelques rencontres pour mesurer les dégâts causés par cette irresponsabilité que le PCF dénonce et dans une certaine mesure la difficulté à faire entendre notre message, privés que nous sommes d’un réel appui médiatique.

Défaitiste je ne l’ai jamais été ! Je dois cependant dire que je n’ai jamais constaté autant de rejet de la politique d’une part et d’obstination dans les vieilleries éternelles qui  provoquent tout autant l’abandon qu’une révolte préoccupante, le tout parfois dans des silences qui en disent long.

 

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L’aggiornamento de Valls

 

Parti socialiste
Adrien Rouchaleou
Mercredi, 26 Octobre, 2016
L’Humanité

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A la base : la politique victime du rejet, de la révolte et du silence dans POLITIQUE

afp

Le discours du premier ministre a fortement changé depuis quelques jours

Il y a maintenant deux Manuel Valls. Le premier ministre en exercice et le désormais potentiel candidat de substitution dans le cas où François Hollande, prenant enfin conscience de son échec inévitable, renoncerait à briguer cinq années de plus à l’Élysée. Le problème, c’est que les deux Manuel Valls sont souvent en désaccord. Le premier avait récemment acté la scission entre « deux gauches irréconciliables, et c’est tant mieux » ; le nouveau Valls appelle maintenant au rassemblement de la gauche.

Début avril, le premier ministre estimait que la présidentielle se jouerait sur « la bataille culturelle et identitaire » alors que, samedi dernier, le nouveau « joker » du PS estimait que « la fonction publique » serait « le grand chantier du prochain quinquennat », et promettait « de nouvelles protections », notamment un revenu universel.

En janvier, l’occupant de Matignon avait révolté la communauté des sciences humaines et au-delà en déclarant que, « expliquer le djihadisme, c’est déjà vouloir un peu excuser » ; une position désavouée lundi par Manuel Valls nouvelle version, qui estimait que la lutte contre la radicalisation devait s’appuyer « sur des bases scientifiques toujours plus solides » et annonçait l’augmentation des « moyens alloués à ce terrain d’étude », des créations de postes et des bourses de recherche. Il y aura même pour moitié d’universitaires dans le conseil scientifique prévu par le plan d’action contre la radicalisation. Que de contradictions chez Manuel Valls, que nous ne tenterons pas d’expliquer, de peur qu’il pense que ce soit excuser son bilan.

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