N’est pas poète qui veut !
Posté par jacques LAUPIES le 31 décembre 2015
Que n’ai je entendu cette phrase qui cloue le bec !
Cependant il m’arrive d’avoir envie de lâcher des mots sortant de l’incohérence de mon inconscient et que vainement j’essaie d’accommoder, de triturer pour les rendre audible et ,sans doute, moins révélateurs de la confusion qu’ils expriment. Cette sale manie que nous avons à dissimuler ce qui est en nous tant les autres en font une arme contre nous !
Evidemment quand on lit Aragon et tant d’autres qui eux savent si bien accommoder, ranger et faire dire aux mots tant de choses que beaucoup savent déjà et n’osent exprimer, on est en quelque sorte diminué, épaté et l’on voudrait avoir ce talent. Et s’il n’est pas universel ce talent, il est sans doute plus répandu qu’on ne le croit.
Mais lorsqu’il émerge d’un esprit, ne serait il pas le fruit d’un hasard ou se rencontrent l’apprentissage précoce permettant à une mystérieuse « génétique » de développer une accumulation de savoirs et un réel présent assez déterminants pour anticiper et prévenir les autres.
Le poète a cette faculté et c’est en cela qu’il l’est : avoir du plus profond de ses origines et de celle du monde d’où il émerge ce pouvoir, cette force « donnée », acquise et cultivée, pour nous éveiller aux réalités difficilement perceptibles qui lui permette d’oser dire ce que sera demain.
N’est pas poète qui veut c’est sur mais n’est il pas permis d’espérer que plus nombreux seront demain les poètes ?
Liberté retrouvée
(pour les profanes : rassurez-vous ce n’est pas d’Aragon)
Dans le bleu gris du soir qui tombe
Sur champ de blé aux lourds épis
Je sens comme dans une tombe
Se couvrir la vie qui finit
Devant moi un sombre verger
Porte l’or de multiples fruits
Et dans l’ombre de ses allées
Déjà s’installe une vraie nuit
Sous la voûte obscure du ciel
Tout s’éteint tout devient inerte
Seul un généreux arc en ciel
Se manifeste en pure perte
Ici plus rien n’est au sauvage
Et sur ces terres cultivées
Le moindre des petits orages
Devient une calamité
Cependant dans cette nature
Domestiquée par les humains
Je suis tranquille et me rassure
D’y voir de multiples chemins
Soudain miraculeusement
Apparaît derrière un nuage
Un soleil qui comme un enfant
Sourit d’un éclat sans ambages
L’astre dans le soir illumine
Ce jour que je croyais en fin
La plaine change et se ranime
Ouvrant des horizons lointains
D’un olivier au premier plan
J’observe le gris des Alpilles
Au bout d’un pays verdoyant
De forêts de pins qui l’habillent
Je quitte l’immense horizon
Et me tournant à contre jour
Je vois se dresser les maisons
Vers qui j’amorce mon retour
A quoi bon se presser le soir
Quand les hautes herbes de mai
Donnent à notre vie l’espoir
Que peut être viendra l’été
De fuir dans un désert de sable Quand les sentiers bordés de fleurs
Nous ramènent à l’agréable
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