Comme l’eau vive
Posté par jacques LAUPIES le 17 septembre 2015
Ma génération a évidemment été marquée par ce chanteur, faiseur de musique populaire en un temps où la chanson française brillait d’un éclat qu’il parait bien difficile de reproduire aujourd’hui.
Avec Brel, Brassens, Ferré et Ferrat, le mot concurrence (préférons lui celui de complémentarité dans tous les sens) pouvait parfois être utilisé parfois alors qu’ils constituaient un formidable bouquet que des interprètes prestigieux venaient compléter (Mouloudji, Montand, Patachou, Piaf et ensuite Reggiani, pour ne citer que ceux la) sans omettre tous ces autres auteurs interprètes.
Heureux temps où me semble-t-il les artistes, parfois un peu catégorisés en fonction de leurs engagements, nous rapprochaient de l’écriture et de la poésie. Le « système » aujourd’hui nous prive sans doute de ceux qui pourraient-être leurs héritiers.
Les musiques hurlent des souffrances mais aussi cachent les mots qui les décrivent…
Et nous savons tous que les cris ne suffisent pas pour faire avancer ce monde.
Guy Béart lui ne criait pas mais il savait nous charmer, nous bercer même avec ses mélodies qui resteront dans les têtes.
L’auteur-compositeur-interprète Guy Béart est mort
Guy Béart : « Les mots aident à vivre »
Guy Béart réapparaît tel qu’en lui-même avec ce nouvel album (1). L’âge importe peu. L’essentiel est sa démarche artistique avec les thèmes qui lui sont chers depuis si longtemps. Ainsi :« Le meilleur des choses ne coûte rien / Tout ce qui vraiment nous fait du bien »… Chaque couplet de cette chanson d’entrée en matière prouve, s’il en était besoin, la sensibilité de Guy Béart. Il fustige la Télé Attila, en version courte et longue : « Des présentateurs très drôles / Qu’on ne comprend pas / Ils vous coupent la parole / Pendant les débats / Et se donnent le beau rôle / Ces grands Attilas. »
La part belle à la chanson d’amour
Guy Béart fait toujours la part belle à la chanson d’amour, d’autres sont fraternelles comme cet hommage au guitariste Marcel Dadi. Ce nouveau CD, le Meilleur des choses s’écoute avec plaisir et intérêt.
Simultanément, il sort un best of de trois CD réunissant tous ses grands succès soit soixante titres (2). Cela commence par l’Eau vive, créée en 1958, cela se termine par Bonne Année, bonne chance. Entre-temps, il faut citer le Grand Chambardement, Bal chez Temporel, Qui suis-je ?, les Grands Principes, la Vérité, Qu’on est bien dans les bras d’une personne du sexe opposé, Il n’y a plus d’après à Saint-Germain-des-Prés.
Elles sont si gravées dans notre mémoire que l’on pourrait presque les citer toutes ! Guy Béart s’explique : « Le verbe est le reflet de mes préoccupations, les mots nous aident à vivre. Chaque homme est, selon moi, créatif. Nous vivons une époque terrible. C’est de plus en plus un monde sauvage. Je suis de toutes les couleurs. On a tant besoin de petites joies et un grand idéal. Il faut crier ce qu’on a sur le cœur ! »
La liesse et l’allégresse
Tout a débuté à la Colombe animé par Michel Valette. Puis Guy s’est produit dans tous les music-halls et a donné des récitals dans presque tous les pays du monde. Il a signé au moins cinq cents chansons et plusieurs livres de poèmes. Pour lui, le comble de la misère, c’est de perdre toute espérance.
On a peut-être oublié que Béart a produit et animé à la télévision des années 1970, Bienvenue, réalisées par l’ami Raoul Sangla. Ces émissions réunissaient des artistes en tout genre ainsi que les personnalités les plus diverses. Elles ont ouvert la porte au Grand Échiquier…
J’ai vu Guy Béart un peu partout et deux fois à la fête de l’Humanité en particulier, fête pour laquelle Guy Béart me disait, en 1971, avoir gardé un souvenir extraordinaire : « À dire vrai, quand on arrive sur la scène, on est un peu paniqué ! Je dois reconnaître que j’ai été ému. Puis les gens ont chanté avec moi. C’était vraiment le bonheur partagé. La Fête de l’Humanité a su devenir une fête populaire. À l’intérieur, on y trouve des petites fêtes. Quand je n’y chante pas, je vais m’y promener. C’est la liesse et l’allégresse. On est frappé de constater la pureté, la bonté des regards. La joie est simple. J’apprécie la diversité des plaisirs. C’est tout à la fois les nourritures terrestres et les rencontres culturelles. »
(1) Le Meilleur des choses, 2010. Production Bienvenue, Sony Music.
(2) Best of avec 3 CD, Disque Temporel, Sony Music.
Guy Silva
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