Guerre de civilisation ! Et la lutte des classes dans tout ça ?
Posté par jacques LAUPIES le 30 juin 2015
L’obsédé que je suis de vouloir mettre la lutte des classes à toutes les sauces, se trouve une fois de plus ramené à ce qui effectivement devient mon idée fixe ! Comme disent beaucoup de mes proches et amis parlant de moi : « A son âge on ne le changera pas ! »
A voir ? Mais enfin comme dans la plupart des cas je pourrais penser d’eux la même chose je les pardonne, bien à tort car, leur changement selon moi a généralement plus à voir avec la régression qu’avec l’évolution.
Bref mon propos n’est pas là puisque je voudrais simplement rappeler qu’en ramenant la plupart des conflits à des affrontements de classe on a une explication plus rationnelle de leur véritable nature.
Au lieu de s’embourber dans des débats sibyllins sur ce qu’est une civilisation : ensemble cohérent de société ou de cultures (selon le Larousse) en parlant de guerre de civilisation à propos de ce qui se passe dans l’ensemble des pays arabes et parfois au delà qui conduit aux interventions des pays occidentaux, nos responsables politiques ( de droite et de gauche) feraient mieux de parler d’affrontement d’intérêts économiques et géopolitique qui sont essentiellement à la base des conflits.
Mais ces intérêts résultent avant tout de la domination qu’exercent certaines classes et catégories dans tous les pays concernés qu’il s’agisse des pays d’Amériques, d’Europe, d’Afrique ou du proche et moyen orient, les conduisent a des difficultés - de maintien de ces intérêts – face aux ambitions d’opposants internes et externes à leur territoire.
Et surtout, ce que l’on oublie très souvent, face à des peuples en souffrance, dont les divisions d’ordre religieux, parfois tribal, parfois nationales, deviennent prétexte et sont instrumentalisés.
Qu’ensuite naissent des violences dont certaines atteignent des degrés de barbarie innommable n’est que le résultat de ce processus qui peut conduire effectivement à justifier des guerres civiles, coloniales mondiales mêmes où l’horreur n’est finalement qu’un épiphénomène que personne ne niera.
Quand Bush, ce bandit de grand chemin, a trompé son opinion et le monde entier pour justifier l’intervention en Irak il agissait en leader du complexe militaro industriel américain, pour défendre des intérêts pétroliers et cela contre les peuples arabes et un peuple américain bafoué. Il a déclenché ainsi le désastre que nous connaissons.
Ce n’était pas un conflit de civilisation et cela ne l’est pas pour autant devenu en 2015 parce que nous assistons partout dans le monde à des crimes qui hélas nous rappellent que dans notre propre civilisation il en été commis de pire.
Et si en France certains se sentent une âme de redresseurs de torts au nom de valeurs qu’ils prétendent défendre qu’ils sachent bien que nous ne sommes pas dupes et pour paraphraser Anatole France, nous ne feront pas la guerre pour les industriels en croyant la faire pour la patrie.
Que les jeunes méditent bien sur la question et se gardent bien de prendre aux sérieux des politiques et des hommes d’état qui nous font le coup de la défense de notre civilisation. Qu’ils n’oublient pas, ces jeunes, que demain ils seront (si tout va bien) des travailleurs salariés avant tout dépendant de ceux qui les feront travailler pour en tirer un profit ! A moins qu’ils les maintienne toute une vie au chômage !
Manuel Valls parle de « guerre de civilisation »
« Nous devons aux Français d’être vigilants quant aux mots que nous employons » avait lancé Manuel Valls le 13 janvier dernier, lors de son discours devant l’Assemblée nationale en hommage aux victimes des attentats. Dimanche 28 juin, lors d’une prise de parole après ce nouvel attentat qui a frappé la France dans l’Isère, le premier ministre a pour la toute première fois choisi d’utiliser l’expression très connotée à droite de « guerre de civilisation », jusqu’à présent honnie à gauche et au parti socialiste. « Non, nous ne pouvons pas perdre cette guerre. Parce que c’est au fond une guerre de civilisation. C’est notre société, notre civilisation, nos valeurs, que nous défendons » a-t-il lancé au sujet de la « lutte contre le terrorisme, le djihadisme et l’islamisme radical. »
Le chef du gouvernement a de suite ajouté que « ce n’est pas une guerre entre l’Occident et l’Islam, mais une guerre au nom même des valeurs qui sont les nôtres et que nous partageons au-delà même de l’Europe. » Cette « bataille » a-t-il précisé, se situe « aussi, et c’est très important de le dire, au sein de l’islam. Entre d’un côté un islam aux valeurs humanistes, universelles, et de l’autre un islamisme obscurantiste et totalitaire qui veut imposer sa vision à la société. (…) Et je rappelle et je rappellerai toujours que les premières victimes de ce terrorisme sont les musulmans. »
Manuel Valls avait déjà parlé de « guerre » le 13 janvier 2015 : « il faut toujours dire les choses clairement : oui, la France est en guerre contre le terrorisme, le djihadisme et l’islamisme radical. La France n’est pas en guerre contre une religion. La France n’est pas en guerre contre l’islam et les Musulmans. » Mais c’est la première fois que l’hôte de Matignon parle de « guerre de civilisation ». Un terme souvent utilisé par George W. Bush, et par Nicolas Sarkozy, qui avait subi une levée de boucliers en l’appliquant au 21 janvier dernier, justement au sujet des attentats en France. La gauche avait condamné l’usage du terme, ainsi qu’une partie de la droite, dont Dominique de Villepin, François Fillon et Rachida Dati, qui avait déclaré : « De quelle civilisation parle-t-on ? Daesh, c’est une civilisation ? La barbarie, c’est une civilisation ? L’horreur, l’inacceptable, c’est une civilisation ? (…) Non ! On est en guerre contre des barbares. »
L’ancien ministre de l’intérieur, toujours soucieux de prouver qu’il peut incarner l’ordre et la sécurité, reprend donc des mots de la droite, ce que n’ont pas manqué de souligner de nombreuses figures des « Républicains », Eric Ciotti et Christian Estrosi en tête. Il met surtout pour la première fois à l’honneur, dans son camp et entre les lignes, la thèse du « Choc des civilisations », du nom de l’essai de l’américain Samuel Huntington, souvent utilisée par George W. Bush pour accréditer ses guerres en Afghanistan et en Irak. Un ouvrage bancal et dangereux, qui polarise le monde en différente aires de civilisations maladroitement définies, et amenées à entrer en conflit les unes contre les autres. Manuel Valls, en parlant de « bataille » au sein de l’islam, reprend d’ailleurs l’un des points soulignés dans ce pamphlet réactionnaire. Mais il s’en écarte aussi grandement en déclarant : « ce n’est pas une guerre entre l’Occident et l’Islam, mais une guerre au nom même des valeurs qui sont les nôtres et que nous partageons au-delà même de l’Europe », rejetant par là même l’idée de pôles antinomiques et très difficilement réconciliables d’Huntington.
Au final, en dépit de ses mises en garde contre un « bloc réactionnaire », Manuel Valls, dans cette sortie, occupe une nouvelle fois le terrain de la droite.
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