Les armes ne doivent pas être vendues
Posté par jacques LAUPIES le 31 décembre 2013
Je reproduis le communiqué qui suit qui me parait essentiel suite à des discussions que l’on peut avoir ici ou là avec des travailleurs d’origine des pays du Maghreb qui ne font pas toujours la différence entre les politiques des régimes du Qatar, de l’Arabie Saoudite, de la Turquie. Et ne voient pas une convergence de fait avec l’attitude d’Israël qui elle aussi ne peut que favoriser le développement des conflits au Moyen Orient.
Lorsque nous disions depuis bien longtemps que les interventions militaires des occidentaux risquaient d’enflammer le situation dans cette région du monde o combien nous avions hélas raison ! Il y a dans le monde arabe des forces, l’aurait – on oublié, de peuples qui depuis des lustres luttent pour leur indépendance et des régimes plus démocratiques.
Nul n’ignore ce que représentent pour les économies des pays occidentaux les industries d’armement. Que ce soit aux Etats-Unis, en France, en Angleterre, qu’on le veuille ou non, elles influent sur les choix en matière de politique étrangère, en favorisant les interventions militaires, ou encore en développant le commerce des armes. Et chacun sait bien que les affaires priment sur les considérations humanitaires.
La France n’échappe pas à cette triste constatation au point qu’il n’est pas rare d’entendre dire : « si nous ne vendons pas des armes d’autres le feront à notre place ». Au point qu’il nous arrive de vendre des armes à ceux la mêmes qui vont les utiliser contre nous, ce qui est le comble de la criminalité ! N’y a-t-il pas mieux à faire ?
Mais en ce domaine comme en bien d’autres une nation doit, tout en assurant sa défense nationale et la production de ses armements, se libérer de ce marchandage honteux. Nous avons à développer en matière de production industrielle avec la recherche et les technologies dont nous disposons de quoi répondre aux besoins de notre pays autant qu’à la demande des autres nations aux économies dont la puissance est dominante ou émergente.
La France au lendemain de la deuxième guerre mondiale s’est orientée vers cette politique de défense nationale autonome dont De Gaulle fut un ardent défenseur. Elle ne s’en est pas tenue à cela puisque conduite à pénétrer le marché de la course aux armements.
Quel humaniste peut-il accepter cela ? Déjà s’armer soi-même constitue une grande prise de responsabilité ! Ne serait-ce par le truchement d’une démocratie falsifiée et donc pas réelle, de la prétendue défense de nos valeurs (liberté de conscience, droits de l’homme, droits sociaux, etc.)
On pressent les dangers d’avoir un fusil entre les mains au prétexte de l’attaque préventive ou de la légitime défense dont on sait ce que peuvent en faire les individus et même les états.
Alors armer les autres n’est ni plus ni moins que ressusciter l’usage de la violence encore moins contrôlable, puisque nous en offrons ainsi aux autres la possibilité.
FRANCOIS HOLLANDE EN ARABIE SAOUDITE À LA VEILLE DU NOUVEL AN : À CONTRE-COURANT DE L’HISTOIRE (PCF)
La visite officielle du président de la République François Hollande, les 29 et 30 décembre, en Arabie saoudite fait suite à un précédent déplacement en novembre 2012, et à déjà trois visites du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian depuis mai 2012.
On doit cet engouement des autorités françaises pour la monarchie pétrolière la plus conservatrice de la région à des convergences diplomatiques et à la perspective de juteux contrats de vente d’armes, de frégates et de sous-marins. Pourtant, Ryad est le premier financier et fournisseur d’armes des groupes djihadistes en Syrie et a exprimé de fortes réticences au récent accord sur le nucléaire iranien.
Alors que va faire la France dans cette galère diplomatique, en se retrouvant aux côtés d’un régime qui alimente les groupes islamistes qui cherchent à s’implanter dans la région, et au Sahel, et qui freine toute initiative favorisant la détente avec l’Iran ? Est-ce ainsi qu’il faut comprendre le Livre Blanc de la Défense pour lequel « le Golfe arabo-persique devient, au plan militaire, une zone prioritaire pour la défense et la sécurité de la France ».
Au lieu d’attiser les tensions, la France devrait au contraire oeuvrer à l’émergence de solutions politiques partout où il y a conflit, et favoriser le dialogue. Il s’agit ainsi d’appuyer avec détermination la tenue sans conditions, et de viser la réussite, de la Conférence internationale pour la paix en Syrie, dite Genève II, afin de mettre fin au calvaire du peuple syrien, pris en tenaille entre l’armée du régime et les groupes djihadistes. Cela exige, de la France, de presser son nouvel allié, le roi Abdallah, de mettre un terme aux surenchères guerrières sans avenir.
La France devrait sans plus tarder s’engager de manière résolue dans la solidarité avec les réfugiés syriens, et palestiniens, dont l’effroyable sort appelle des mesures exceptionnelles de la communauté internationale. C’est ainsi que notre pays retrouverait une crédibilité perdue aux yeux de nombreux démocrates et progressistes de la région.
La France préside en ce mois de décembre le Conseil de sécurité des Nations unies, sa voix peut être déterminante – il est de son devoir d’user de cette présidence pour ouvrir le chemin de la paix, du droit, de la justice, du désarmement et de la démocratie en accord avec la volonté des peuples de disposer d’eux-mêmes au Proche et Moyen-Orient, et partout dans le monde.
À l’instar du Parti communiste français, la majorité des femmes et hommes de gauche et de progrès de notre pays rejette les orientations actuelles d’une politique extérieure française qui a renoncé à toute rupture avec ses prédécesseurs.
À vouloir nouer, à tout prix, des relations privilégiées avec des Etats tels que l’Arabie saoudite, le Qatar, la Turquie et Israël dont les politiques aujourd’hui sont celles de la domination des puissances et du chaos prétendument « contrôlé » – au détriment des intérêts des peuples et de la paix – les autorités françaises vont à contre-courant de l’histoire. Cela n’est pas, cela n’a jamais été, la France.
Parti communiste français Paris, le 27 décembre 2013
Publié dans POLITIQUE | Commentaires fermés