Droit au congé parental : soutien aux « pères » ou palliatif au chômage ?
Posté par jacques LAUPIES le 30 septembre 2013
« Ils viennent ici pour faire des enfants et encaisser les allocations familiales » Voilà une réflexion que probablement vous avez déja entendue émanant d’un nombre de plus en plus grand de certains de nos débonnaires* concitoyens que la vue d’un foulard irrite tout autant que quelque conciliabule de moustachus bruns et frisés au coin d’une rue de notre bonne ville ou « tout le monde se connait » ou devrait.
Il y a de cela quelques années ces honorables citoyens vous auraient glissé cela dans l’oreille, confus et coupables. Aujourd’hui sachant que nous n’êtes pas du genre à accepter ce propos, ils sont condescendants et se croient obligés de préciser que « vous ne voyez pas les choses en face », que « vous n’avez pas évolué ».
Mais il y a pire que ces censeurs de notre « angélisme », de notre « sectarisme politique », de notre « dépassement ». Il y a tous ceux qui se sont une vie durant foutus complètement du sort des travailleurs immigrés, tout comme d’ailleurs des guerres coloniales, qu’ils en aient été victimes, protagonistes ou pas, et se découvrent soudain redresseurs de torts, fustigeant un renouveau fascisant que leur douce vie à pourtant laissé s’installer au fil des années. Et qui, n’en déplaise aux plus modérés d’entre eux, les habite sans qu’ils s’en rendent compte.
Il y a aussi la diversité de ces résistants nouveaux de la dernière heure : ceux qui se sont rangés dans le système, attachés à une carrière sécurisante, considérant que vie professionnelle et vie politique étaient incompatibles, ceux qui ont succombé aux pièges d’une contestation de tout ou d’un « faire contre mauvaise fortune bon coeur », ceux enfin qui ne peuvent décoller du bourbier du juste milieu, dans une peur panique des pseudos extrêmes. Il y a aussi ceux, et l’on peut espérer que c’est la majorité qui, pris dans les difficultés de toutes sortes, petits revenus, chômage, précarité, endettement, se sont éloignés ou ont été éloignés des luttes sociales nécessaires.
Et puis il y a nous, conscients du développement exponentiel des sciences et techniques et de la relative et parfois absolue reculade sur le plan social, un pied dans le système, l’autre dans un bavardage entre contestataires pour que ça change, trop repliés peut-être, privilégiant des actions considérées plus gratifiantes que la politique (engagement dans l’économie sociale, le mouvement associatif ou mutualiste, l’humanitaire, etc.)
Le réveil, s’il survient, nous oblige à comprendre tout ce mouvement qui nous interpelle, à nous adapter aux mutations sociétales, pourtant espérées pour certains d’entre nous, supporter les inégalités sociales persistantes, supporter la défaite idéologique, et faire de l’âge un accès à la liberté, à une émancipation. Ne concéder aux autres que ce qui ne nous conduit pas, selon nous, à de nouveaux reculs !
Apparait donc une obligation presque empreinte de mégalomanie contrôlée : voir plus grand pour mieux analyser, faire face aux trompe-l’oeil des puissants, à l’échelle de la mondialisation, digérer les mutations des pays socialistes au libéralisme, comprendre l’émergence de pays sous développés ou se sont déplacés les exploiteurs, évaluer les contradictions d’un capitalisme international hétérogène se disputant les matières premières, terres et force de travail. Evaluer la portée des révoltes, des révolutions, des conservatismes, de l’instrumentalisation des religions !
Alors le congé parental dans tout ça ? Comme le reste des réformes qui s’imposent à notre temps, elles résultent de causes dont elles les effets ne peuvent-être dissociés et oubliés. On attribue la poussée des « papas poules » à la soudaines prise de conscience de l’existence de besoins affectifs paternels, à l’accroissement des divorces, séparations, aux recompositions familiales, à la mutation qu’occasionne le rapport à la mère qui travaille et parfois assure revenu essentiel de la famille. Celui là est probablement le plus déterminant. Attention cependant à ses effets pervers dont celui de faire de la procréation, de la progression de la natalité une fonction sous rémunérée mais attrayante pour des couples, voire femmes seules, en difficulté d’emploi.
Les aspects psychologiques, les mutations socio culturelles, rendent légitime une égalité de droit dans ce domaine et je ne suis pas de ceux qui s’y opposent mais, examinées d’un point de vue de classe, elles nécessitent que s’affirment des droits de rémunération, de logement, d’accès à l’éducation renforcés pour les familles.
Tout comme pour les jeunes qui doivent bénéficier comme je l’ai souvent exprimé ici, d’allocations d’autonomie, de droits et obligations à formation continue.
Le raisonnement vaut pour les retraités dont la disponibilité appelle des actions libres, choisies mais empreintes d’une utilité sociale gratifiante pour eux-mêmes exemptes de toute contrainte. Le droit à la paresse, aux loisirs leur étant reconnus, rendu possible !
* débonnaire = bon jusqu’à la faiblesse. L’allusion est a prendre au second degré vous l’aurez compris !
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