Tourneveste est un voisin, presque un ami. Depuis des lustres nous discutons ensembles de politique. Tourneveste n’a pas de travail. Pour en trouver il a voté Mitterrand, puis Chirac, puis Sarkosy, puis Hollande. Rien n’y fait !
Il était trop jeune pour voter Giscard en 1974 et bébé pour voter Pompidou.
Il vient de m’annoncer qu’il votera Sarkosy s’il se représente. Tourneveste fait parti de ces gens qui sans le savoir font l’alternance. Il en serait fier s’il connaissait ce pouvoir qui l’habite à son insu.
Tourneveste n’a toujours pas de travail. Il met tous ses espoirs dans ses votes. Il dit que Marine est une folle et que Mélenchon est méchant. Il regarde assidument la télévision, s’indigne d’apprendre que des fous tuent les passants, que des immeubles s’écroulent sur de pauvres ouvrières, et s’estime heureux de ne pas avoir été en Chine pour y subir le dernier tremblement de terres comme il a eu la chance de ne pas être japonais lors du sunami.
Une autre vrai chance il ne regarde pas trop les débats télévisés. Tous ces mecs qui rabachent toujours la même chose ça le saoule.
Têtu son voisin de palier, lui a un travail. Incertain et mal payé son emploi, mais il en a un ! Tourneveste le désespère, il pense même qu’on ne tirera rien de lui. Têtu dit que Hollande est un traitre, que Sarkosy est l’homme de la finance, que Marine Le Pen est fasciste, que les communistes se font embarquer par Mélenchon.
Tourneveste et Têtu sont cependant l’objet de l’attention des dignes et indignes représentants des chefs d’état adorés un jour, détestés le lendemain et peut-être réadorés le surlendemain ou même détestés quoiqu’il arrive.
Ces représentants observent leurs fantasmes, leurs délires, leur folie. Ils se posent la question : comment les gagner à ma cause ? Que leur donner ? Du travail, cela va faire des jaloux car il y en a des centaines qui cherchent. De meilleurs salaires, ce n’est pas eux les payeurs et la haut ils ne veulent pas faire la loi pour ça ! Pareil pour le logement ! De plus en plus difficile la récupoération…
Alors une seule solution les tenir éloignés de la politique, les dégoûter de ces députés qui gagnent trop, de ces ministres tricheurs, et si cela ne suffit pas démolir leurs espoirs en ce qui reste de propre dans ce monde. Mais pour cela il faut salir, inventer des épouvantails, les fabriquer au besoin. Ah ça c’est une idée et si on faisait de Tourneveste et d’Obtu des épouvantails ! Déjà ils pourraient se faire peur entre eux !
Rien à voir avec lui…
Paru dans l’Huma

Social-Eco -
le 30 Avril 2013
Fiscalité
Hollande passe du baume fiscal sur les patrons
Hier, le président de la République a engraissé les « pigeons » en distribuant de nouveaux allégements fiscaux, et vanté les louanges de l’entrepreneuriat dès le plus jeune âge.
Devant un parterre de plus de 300 patrons, François Hollande a lancé, hier, une grande opération séduction sous les dorures de l’Élysée. Un discours, mais surtout des mesures à l’attention de ceux qui, chaque jour, sont de plus en plus inquiets lorsque la courbe du chômage grimpe indéfiniment et dont les salaires sont à l’arrêt. Mais n’épargnant aucun âge de la vie quant il s’agit de « stimuler l’esprit d’entreprendre ». Ainsi a-t-il annoncé que, de la 6e à la faculté, les enfants auront droit à des enseignements spécifiques et même à des accompagnements « à la création d’entreprise ». Un dispositif « Entrepreneur étudiant » sera aussi créé pour ceux qui montent une entreprise à la sortie de leurs études. Outre les incantations à l’esprit d’entreprendre en forme de flatterie, le président de la République s’est adressé aux patrons, les bras chargés de mesures, dont la plus attendue ou la plus médiatisée restait la réforme de la fiscalité des plus-values de cession.
Des abattements généreux
Les chefs d’entreprise qui vendent leur société ou les actionnaires qui cèdent leurs actions seront désormais taxés sous le barème de l’impôt sur le revenu, mais ils bénéficieront d’un abattement suivant la durée de la détention de leur part. Pour une détention inférieure à deux ans, aucun abattement ne s’appliquera, le prélèvement sera de 44 %. Pour une détention comprise entre deux et huit ans, un abattement de 50 % sera appliqué et pour une détention à plus de huit ans, l’abattement sera de 65 %. Une progressivité pour « inciter les investisseurs à garder leurs actions plus longtemps ». Une proposition qui n’est autre qu’une forme d’allégeance aux « pigeons », ce regroupement de quelques dizaines de PDG de start-up qui, en septembre dernier, avaient envahi la Toile, puis battu le pavé pour protéger leur niche. Ces « pigeons » étaient mécontents que leur pécule se retrouve soumis au barème de l’impôt sur le revenu, ce qui aboutissait à un prélèvement pouvant aller jusqu’à 62 % alors que, sous la droite, ce taux avoisinait 34,5 %.
D’autant que le gouvernement va plus loin encore, quitte à rendre quasi inexistante la taxation des plus-values de cession. À côté de ce régime de droit commun, un régime incitatif s’appliquera aux actionnaires de PME de moins de dix ans, aux personnes partant en retraite, aux « jeunes entreprises innovantes », et aux cessions intrafamiliales. Avec une déduction d’impôt de 50 % entre un an et quatre ans, de 65 % entre quatre ans et huit ans, et de 85 % pour une détention supérieure à huit ans… Et pour les patrons partant en retraite, une ristourne fiscale supplémentaire de 500 000 euros sera appliquée.
Un cadeau sera également attribué aux grands groupes, sous couvert d’« un amortissement fiscal sur cinq ans » à condition… qu’ils prennent une participation dans les jeunes PME innovantes. Alors que la semaine dernière, le gouvernement a refusé l’amnistie aux syndicalistes condamnés sous Sarkozy, hier, le président de la République a enfin décrété un « droit à la seconde chance » pour les patrons ayant déposé le bilan qui se retrouvent fichés à la Banque de France.