La décision politique : toujours une affaire d’intérêt de classe
Posté par jacques LAUPIES le 14 janvier 2013
Reçu d’un lecteur de mon blog a qui je demandais de développer sa critique de mon article sur le Mali
> Bonjour
> je développe un peu; c’est surtout à l’attention du PCF que, me semble-t-il vous représentez.
> Le Mali une Gabegie! après tout c’est votre droit de le penser! L’aventure Communiste a duré + de 70 ans, n’était ce pas là une gabegie autrement plus meurtrière et inhumaine avec tout ce qui, témoignages, archives après archives a été révélé!
> Oui quelle Société voulez vous? L’intégrisme et le terrorisme? Nos Démocraties ne sont pas en guerre mais on leur fait la guerre depuis des décennies par prise d’otage et d’attentats interposés ! Vous allez me répondre Impérialisme, mais là il n’y en a aucun!!!!
> Le Mali est aussi et avant tout une affaire Africaine et c’est à ces pays de réagir et ils vont le faire avec leurs moyens!
> Faire la juxtaposition de l’accord conclu entre syndicats et Patronat avec ces évènements est limite! Bien sur cet accord n’est pas parfait et aurait du aller plus loin, notamment dans la taxation de l’intérim qui a échappé à cette batterie de mesures.
> Vous donnez beaucoup de conseils et de leçons, et là aussi c’est votre droit, je vais vous en donnez un à mon tour.
> Que le PCF soit crédible et cela passe par la présentation aux élections d’un candidat du cru et non d’une pièce rapportée, qui ne vous a d’ailleurs rien rapporté, si ce n’est 2 défaites consécutives et mai et juin dernier. Mélenchon est un homme seul qui a joué dans cette affaire sa carte personnelle avec l’appui « partiel » du PCF. Aujourd’hui pour exister il est obligé de prendre le contre pied de toutes les propositions!!!
> Vous traitez Hollande de guerrier, mais contre qui ou quoi se bat on aujourd’hui? Doit-on laisser en permanence les fenêtres fermées et les volets clos???
> Voilà ce que j’avais à vous dire!
Réponse
Bonsoir,
Merci de votre réponse. Je préfère répondre à des arguments même si je considère qu’ils ne sont pas crédibles que de répondre à des allusions sur la crédibilité de mes propos.
Je retrouve là tout l’arsenal de l’anticommunisme classique. Et je ne vous ferai pas le procès d’en être un pratiquant !
Bien sûr que le stalinisme ne fut pas une promenade de santé.
Bien sûr que des communistes français ont cru aux vertus des révolutionnaires russes. Bien sûr qu’au nom de la lutte des classes ils ont accepté la dictature d’un Parti qu’ils ont identifié et substitué à la classe ouvrière. Bien sur qu’une poignée de dirigeants se sont emparés de la direction de ce parti au point de faire de l’un d’eux le « petit père du peuple ».
Bien sûr que ce parti et ses dirigeants ont substitué à une stratégie de conviction et de cohabitation avec des classes sociales moyennes dont la paysannerie (les koulaks) une stratégie abominable d’élimination physique. Lénine lui-même avait mis en garde sur cette erreur à ne pas commettre.
Bien sûr que d’autres pays dans le monde ont combattu les couches d’intellectuels (la révolution culturelle en chine) au nom de la révolution.
Bien sûr qu’il reste de ces pratiques dans le monde (Corée du Nord notamment)
Bien sûr que les communistes français, dont je suis, ont mis du temps à comprendre cela et en ont souffert.
Mais la construction du communisme dont il faut se garder d’avoir une vision dogmatique, repose sur le principe qu’il faut en finir avant tout avec l’exploitation de l’homme par l’homme. La constitution du capital n’étant que le résultat de cette exploitation. Au cœur de cette confrontation la contradiction entre le travail devenu social, par l’intervention de millions de prolétaires, et la propriété privée des moyens de production, d’une poignée de plus en plus réduite, doit être dépassée.
Partant du principe que l’histoire se fait dans la lutte entre les deux classes fondamentales d’une société, les communistes considèrent que l’humanité ne pourra s’émanciper que par l’extinction de ces classes. Le prolétariat (salariés du manœuvre à l’ingénieur et au chercheur) ayant cette mission historique selon des stratégies qui prennent en compte les rapports de force entre la classe dominante et la classe émancipatrice dominée.
Considérer que transformer des rapports d’exploitations entre humains en rapports de coopération peut se faire sans heurts, sans violences, dans un temps historiquement court, sans erreurs, sans avancées et reculs significatifs, est proprement irréalistes.
Même le recours à des organisations révolutionnaires, théoriquement instruites, ne peut empêcher les déviations que provoquent les pratiques de l’ordre ancien soumises aux superstructures religieuses, politiques. C’est un peu comme si l’on considérait que les sociétés modernes, sous domination bourgeoise n’avaient pas été contrariées, et elles le sont encore, par les vestiges idéologiques de l’ancien régime féodal. Au point que même les élites républicaines en ont été corrompues.
Alors et je conclurai là-dessus :
- comment peut-on juger d’un conflit armé quel qu’il soit (le Mali par exemple), d’un combat électoral quel qu’il soit (la présidentielle avec candidature Mélenchon) un fait sociétal (comme l’exigence du mariage du mariage pour tous) hors de ces éléments essentiels que sont le développement des forces productives, les rapports socio-économiques qui les accompagnent dans l’espace et le temps, les réponses politiques de classe, etc ?
- Comment peut-on accepter que des millions de pauvres mais en fait au total 95 % de la population soit enfermée dans des analyses faites hors des processus historiques passés, dans l’illusion du présent, dans les perspectives à court terme, que des citoyens soient mis devant le fait accompli, sans que soient prises en compte les causes qui font la réalité d’aujourd’hui ?
Ce qui m’intéresse est moins la nature des décisions que ce qui a contribué à créer la réalité à laquelle on est confronté et qui détermine ces décisions. Je souhaiterais également que le choix se fasse dans un cadre prospectif.
Qu’il s’agisse de choix sociaux, sociétaux ou pris dans le cadre des politiques étrangères il y a un avant et un après, il y a des confrontations d’intérêts, il y a des prises d’otages, et les peuples en sont autant victimes dans leur globalité que les individus.
C’est cela qui me détermine pour juger des décisions ou des positions gouvernementales sur les trois aspects évoqués. Et même si je les comprends voir si elles me satisfont, je crois utile d’en évoquer ce qui je considère être à leur origine autant que ce qui risque d’en résulter.
A noter que dire que Hollande est un guerrier, j’en conviens, n’est pas du meilleur goût.
Complément de réponse à propos du Mali :
L’intervention française se voit appuyer par les USA, l’Angleterre et quelques pays limitrophes. Pouvons-nous considérer ces états et les bourgeoisies qui en sont les maîtres agissent en philanthropes quand on sait ce que recèlent dans leur sous-sol certains territoires maliens ?
A chaque conflit j’ai pour habitude de rappeler la célèbre phrase d’Anatole France : « on croit faire la guerre pour des idées mais on la fait pour des industriels »
Mais direz-vous : on ne peut abandonner des populations à des fascismes modernes qu’incarne l’islamisme intégriste ! Sans doute mais on aurait pu penser, auparavant, à neutraliser leurs méfaits ! Ne serait-ce qu’en donnant aux peuples des pays concernés de quoi développer leurs économies au lieu de les piller.
De jeunes soldats français et maliens ainsi que des populations innocentes vont payer cher notre entrée en guerre. Les uns et les autres dans leur immense majorité, comme mon lecteur de blog, ne pense pas comme moi, est-il prétentieux (et bien triste et regrettable) de dire que ça va tôt ou tard leur coûter cher…
Et surtout que l’on ne me dise pas qu’il n’y a pas de présence impérialiste dans cette affaire ? Le pire est que les politiques social-démocrates la confortent, parées de la bonne conscience républicaine !
Photo parue dans l’Hum
PS : je n’interviens pas sur ce blog en représentant du PCF mais en simple adhérent qui dit ce qu’il pense en sa qualité de militant entièrement libre et responsable comme doit l’être une personne animée par l’idéal communiste !
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