Mali : pour y voir plus clair
Posté par jacques LAUPIES le 15 janvier 2013
Hors des généralités des origines des conflits que l’on peut affirmer en évoquant les politiques passées (coloniales et néocoloniales) qui sont à la base des conflits, il y a évidemment nécessité d’une connaissance de l’état actuel des rapports de forces entre les différents groupes « rebelles » d’une part et entre eux et les états impliqués au premier plan duquel se trouve l’état malien.
Visiblement, si l’on veut un peu raccourcir l’analyse, il est clair que le fanatisme religieux des islamistes trouve, ou peut trouver un appui dans l’oubli ou le mépris où sont abandonnées des peuples ou des fractions de ces derniers. Est évoquée souvent la jeunesse laquelle placée sans perspective peut être enrolée dans les causes les plus ignobles.
Et quand la jeunesse entre dans un combat, pour peu qu’on lui en donne les moyens et qu’idéologiquement on profite de son inexpérience, les dangers sont là. Où que ce soit ! Pour peu qu’on lui donne une fausse image dévalorisée non seulement des pouvoirs politiques en place mais également des oppositions qui les combattent.
Le phénomène vaut d’ailleurs chez nous et je parle d’expérience pour discuter suffisammment avec les jeunes en particulier qui radicalisent leur position dans une sens ou l’autre (y compris d’ailleurs dans celui de l’extrême droite) parce qu’ils sont désespérés de ne pas trouver de perspective dans cette société ou règne argent et individualisme.
Mais enfin, quand comprendrons-nous, que nous avons un devoir de formation et d’information permanente sur le plan tant idéologique que politique ?
Il faut en finir avec le silence sur les guerres de slogans et de petites phrases, sur les débats à pensée unique que nous offrent quotidiennement les médias. Tous ceux qui dans les familles, les groupes où ils sont présent laissent faire prennent une lourde responsabilité.
Pour en revenir au Mali, nous devons éclairer les français sur les causes d’un conflit dans lequel nous sommes entrainés. Nous ne pouvons nous limiter à soutenir béatement un peuple qui va en souffrir. Même si l’on considére que le temps n’est pas à laisser faire des fanatismes religieux ou pseudo religieux !
Nous devons expliquer et revenir aux fondamentaux, comme on le dit si souvent, sans le faire !
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Ce Vendredi à 18 h 00, 35 rue Monge à Tarascon : soirée de débats !
Nous pourrons évoquer la question la question malienne
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LISEZ L’HUMANITE
Les forces armées françaises sur le front Nord-Malien
André Bourgeot « Les djihadistes se sont implantés au nord du Mali par la force, la peur, la terreur »
Pour l’anthropologue André Bourgeot, spécialiste de la zone saharo-sahélienne, l’affrontement armé risque d’activer les solidarités djihadistes dans la région.
Comment expliquez-vous la subite décision de Paris, vendredi, d’engager unilatéralement ses troupes sur le font malien ?
André Bourgeot. La décision paraît rapide dans sa diffusion publique mais elle semble avoir été mûrement réfléchie et préparée. Après les entretiens qui ont eu lieu entre les présidents Hollande et Bouteflika à Alger, qui ont porté, entre autres, sur la situation au nord du Mali, et au vu de la déclaration des autorités algériennes, il apparaît que
– cette intervention n’est pas condamnée ;
– la préservation de l’intégrité territoriale telle que définie lors des indépendances est réitérée ;
– la démarche du président intérimaire Dioncounda Traoré est approuvée. Or celui-ci a fait appel, après cinquante ans d’indépendance, à la France. Ce qui revient à dire que l’Algérie reconnaît le bien-fondé de cette intervention : s’agit-il d’un blanc-seing ?
Pourquoi les islamistes d’Ansar Eddine se sont-ils retirés du processus de négociation ?
André Bourgeot. Probablement parce que Iyad Ag Ghali, chef du mouvement Ansar Eddin, n’a pas dû obtenir les garanties requises pour son maintien au pouvoir et que sa stratégie ne correspondait pas aux intérêts de la politique algérienne. J’en déduis que la volte-face d’Ansar Eddin résulte de l’échec des négociations entre l’Algérie et Iyad Ag Ghali. Le comportement de cet ex-chef de la rébellion touareg des années 1990 est un bon baromètre de l’influence de la politique et de la diplomatie algériennes dans la sous-région.
Comment évaluez-vous le poids des différents groupes djihadistes ?
André Bourgeot. Leur implantation se fait par la force, la terreur, donc la peur. Mais certaines franges de la population, minoritaires, adhèrent à la conception salafiste de l’islam qui est perçue comme un retour à l’ordre s’inscrivant dans des relations de pouvoir opportunistes, dans un pays soumis à l’anarchie et aux abus de tous ordres (viols, vols, exactions multiples) imputés au MNLA. L’impunité prévalait dans une zone de non-droit où l’autorité de l’État brillait par son absence. Mais on ne peut pas parler d’une assise sociale. Quant à une évaluation quantitative, on parle de plusieurs milliers d’hommes.
Les craintes d’enlisement sont-elles, selon vous, fondées ?
André Bourgeot. Elles existent. La guerre est d’abord celle des villes (Konna, Douentza pour l’heure, puis Tombouctou, Gao, Kidal), qui pourront être reprises grâce à la force de frappe aérienne. Or, la stratégie des djihadistes est de se replier dans le désert où ils excellent. Ce sera alors une guérilla qui changera la nature des opérations militaires. Avec des conséquences sur la sous-région, plus particulièrement sur l’Algérie qui partage 1 400 kilomètres de frontières avec le Mali. Il sera difficile de les en déloger. La solidarité djihadiste se manifestera avec la secte Boko Haram au Nigeria, avec des partisans de la charia en Libye et dans d’autres pays, ce qui renforcera le nombre de moudjahidines et donnera un caractère international à ces affrontements. Des attentats kamikazes ne sont pas à exclure, ils déstabiliseraient les pays de la sous-région. Enfin, hypothèse gravissime, si ces groupes sont détenteurs de missiles sol-air, ils peuvent, à partir de la base aérienne de Tessalit, proche de la frontière algéro-malienne, dégommer des avions de lignes : psychose !
À l’origine de cette crise, il y a la question touareg. Le conflit peut-il avoir des répercussions sur les pays voisins, où vivent des populations touareg ?
André Bourgeot. Il y a quelques mois, une intervention militaire aurait pu entraîner un risque de solidarité ethnique active de la part de Touareg nigériens. Pour l’heure, le problème ne se pose plus de la même manière, car le MNLA est considérablement affaibli politiquement, diplomatiquement et militairement. Il peine à rebondir. Il n’est pas la cible d’attaques perpétrées par les militaires dont l’ennemi est le djihad. Le MNLA ne règne plus sur un espace significatif, son discours victimaire dénonçant un « génocide » des Touaregs peine à se faire entendre.
Solidaires du peuple malien, l’éditorial de Jean-Paul Piérot
Déjà plus de 100 morts lors de l’intervention de la France au Mali
Débat: Nord du Mali: faut-il intervenir militairement
Entretien réalisé par Rosa Moussaoui


