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Mariage pour tous – 4

Posté par jacques LAUPIES le 30 janvier 2013

Parfois on est heureux de dire que la Gauche réformiste n’est pas à confondre avec la droite ! Taubira nous donne cette occasion ! Et c’est un vrai plaisir de républicain, fut-il communiste !

Je n’ai pas trop l’habitude de plaindre ceux qui ne pensent pas comme moi dont ces intégristes et autres embourbés dans l’obscurantisme religieux, mais là ils me font vraiment de la peine.

Sans aller aux extêmes il faut bien reconnaitre que la bataille de l’égalité n’est pas gagnée dans toutes les consciences. La loi qui sera votée, marquera cependant une étape importante dans la reconnaissance du droit à vivre son amour comme on l’entend et avec les mêmes droits pour tous.

Resteront les préjugés idiots d’une société qui tend parfois à rejeter ce qu’elle produit.

 

 

Mariage pour tous - 4 dans POLITIQUE taubira_0

 

Politique –   humanite dans POLITIQUE le 30 Janvier 2013

 

Mariage pour tous : le discours sans faute de Taubira

Mots clés : famille,           homosexualité,           homoparentalité,           christiane taubira,           mariage pour tous,           droits des homosexuels,      

 

 

La garde des Sceaux a ouvert, hier, le débat parlementaire sur le mariage pour tous par un discours de haute volée, restituant la portée historique et républicaine de la réforme. (Vidéo du discours en intégralité)

Dans une langue déliée et démonstrative, érudite sans être inaccessible, Christiane Taubira a prononcé hier un discours qui fera probablement date dans l’histoire du Parlement. Sans même regarder ses notes, la garde des Sceaux a placé d’emblée la discussion sur le mariage pour tous à un niveau très élevé, sur le plan du sens historique et philosophique du projet de loi. Comme pour disqualifier par avance toute sortie de bas étage aux relents discriminatoires, registre dans lequel la droite excelle, à l’image des propos sexistes et vulgaires entendus dans la discussion sur la parité au Sénat.

«Liberté de se choisir»

En ouvrant le débat, la ministre a inscrit les évolutions du mariage civil dans un « mouvement général de laïcisation de la société » à l’œuvre depuis la Révolution française, voire même avant, le présent projet de loi n’échappant pas à cette tendance générale. « Jean Carbonnier (spécialiste du droit matrimonial – NDLR) a défini le mariage civil comme la gloire cachée de la République », a cité l’oratrice, évoquant les vifs débats qui ont accompagné la contractualisation du mariage et l’instauration du droit au divorce, et saluant l’œuvre du « constituant de 1791 » comme une « révolution » dans l’institution du mariage.

Christiane Taubira a ainsi réanimé la cohorte des proscrits du mariage dans l’histoire de France, à l’instar des protestants et des juifs après la révocation de l’édit de Nantes, puis finalement autorisés, à partir de 1787, à convoler en justes noces comme tous les croyants, mais non encore les comédiens, exclus de ce droit au nom de leurs supposées « pratiques infâmes »… Pour la ministre, au même titre que le divorce a fait du mariage civil « essentiellement une liberté », car « la liberté des parties ne se conçoit qu’avec la liberté de divorcer », le droit de se marier ouvert à tous les couples ne fait que « parachever l’évolution née avec la laïcisation du mariage », qui « porte la marque de l’égalité, de la laïcité et de la liberté ». « Le mariage pour tous illustre bien la devise de la République », a estimé Christiane Taubira : « liberté de se choisir », « égalité de tous les couples », « fraternité, parce qu’aucune différence ne peut servir de prétexte à des discriminations d’État ».

Puis, regardant droit dans les yeux les députés de l’opposition, la ministre a lancé : « Quels droits le mariage pour tous va-t-il enlever aux couples hétérosexuels ? S’il n’en enlève aucun, nous allons oser poser des mots sur des sentiments et des comportements » qualifiés de « campagne de panique ».

L’oratrice s’est ensuite évertuée à répondre aux arguments de ses détracteurs. Le « droit à l’enfant » sera-t-il reconnu aux couples homosexuels ? Faux, rétorque la ministre, car « le droit à l’enfant n’existe pas » dans le Code civil, seuls les droits existants à l’adoption et au mariage seront ouverts « dans les mêmes conditions » pour tous les couples. En revanche, « vous refusez des droits à des enfants que vous choisissez de ne pas voir ! » a-t-elle lancé à l’adresse des opposants au texte. Christiane Taubira a également dénoncé comme des « mensonges », les « pseudo-suppressions des mots de père et de mère du Code civil et du livret de famille ». Et de conclure : « Nous sommes fiers de ce que nous faisons. »

Prière de rue anti-mariage gay
Certains extrémistes, réfractaires à tous les progrès de la civilisation, en sont venus à faire ce qu’ils ne cessent de vilipender, les rares fois où cela se produit et quand cela met en cause l’islam : la prière de rue. Ainsi, hier soir, aux abords de l’Assemblée nationale, l’Institut Civitas, proche des milieux catholiques intégristes, a appelé à une veillée de prières afin de lutter « contre les forces du mal » et la réforme « contre-nature » que représente, à leurs yeux, le projet de loi gouvernemental instituant le mariage pour les personnes de même sexe. Interrogés sur cette initiatives, les parlementaires de droite, qui ont côtoyé ces intégristes 
le 13 janvier, paraissaient gênés par ce type de manifestation

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Mariage pour tous ?

Posté par jacques LAUPIES le 29 janvier 2013

Pour ma part je ne peux envisager le mariage étant autre chose qu’une construction culturelle; autrement dit l’une de ces institutions que pour des commodités d’ordre économique, social certaines sociétés ont mis en place, prenant appui sur la procréation, les affections naturelles qui peuvent les précéder ou, dans les sociétés primitives, la multitude de paternités possibles reposant sur des rapports sexuels dans un cadre polygamique ou polyandrique.

La nécessité aussi d’asseoir l’éducation et surtout la protection de l’enfant par l’intervention de son entourage adulte a donc vu l’apparition de la notion de famille qui n’a pas toujours été, selon les civilisation, réduite au père à la mère et aux enfants. En témoignent des sociétés ou l’enfant était pris en charge par le clan, la horde, par un seul parent ou par des parents multiples (frères ou soeurs du père  ou de la mère)

A des formes évolutives de la famille, qui sont d’ailleurs visibles de nos jours de manière très évidente (famille recomposée, monoparentale, ou homoparentale) ont correspondu des formes mariages sacralisés par les religions et les états ou de simples pouvoirs politiques. Nous ne sommes qu’au bout de cette chaîne de transformation des rapports et associations des individus pour répondre à cette nécessité : une vie familiale adaptée aux transformations économiques, sociales et aux rapports et moeurs liés au sexe et à la sexualité.

Mais la question n’est-elle finalement dans le décalage, le retard qu’il y a entre la vie réelle et les règles que nous imposent les lois tardivement élaborée.

Je conseille la lecture de « L’origine de la famille »   d’Engels qui me parait d’une  extrême actualité lorsque l’on prétend aborder une nouvelle législation sur la famille.

Alors lorsque l’on veut bien prendre en compte cette oeuvre de la fin du 19ème siècle écrite par l’un des fondateurs des théories qui ont largement influencé les sciences sociale du siècle suivant, on a une vision plus claire du débat qui secoue actuellement notre vieille France.

Engels ne serait-il plus à la mode parce que son portrait accolé à celui de Marx à  trop été exhibé  dans les pays de l’est ? En tous cas même l’Huma en parle peu ! C’est le moment Camarades…

 

 

Mariage pour tous ? dans POLITIQUE mariagepma

 

Société – humanite dans POLITIQUE le 28 Janvier 2013

Mariage pour tous

« Le modèle “père, mère, enfant” est bien une construction culturelle »

Mots clés : famille,           psychanalyse,           homosexualité,           entretien,           homoparentalité,           droit à l’adoption,           mariage pour tous,           PMA,           Geneviève Delaisi de Parseval,

 

 

Alors que les discussions autour du projet de loi sur le mariage pour tous débutent ce mardi à l’Assemblée nationale, la psychanalyste Geneviève Delaisi de Parseval, affirme qu’au-delà du mariage, c’est l’ensemble des questions 
de filiation qu’il faut remettre à plat. Elle appelle dans ce contexte à lever l’anonymat des tiers procréateurs.

Geneviève Delaisi de Parseval, psychanalyste et consultante en bioéthique, accompagne des couples hétéros et homos depuis trente ans dans des parcours d’adoption ou d’assistance médicale à la procréation.

Vous faites le constat qu’il n’y a pas 
de brevet de parentalité. 
Que le modèle hétérosexuel 
est une construction culturelle…

delaisiGeneviève Delaisi de Parseval. Oui, le modèle familial « père, mère, enfant », le modèle PME, est bien une construction culturelle. 
Ma première formation, 
c’est l’anthropologie. Depuis une vingtaine d’années que je travaille sur le sujet, je suis retournée 
à mes sources. Des anthropologues comme Françoise Héritier (lire l’entretien paru dans notre édition du 18 janvier – NDLR) confirment qu’il s’agit de quelque chose 
de culturel, qui n’est pas un modèle général dans toutes les cultures 
et dans tous les temps. Mais ce qui fait famille, c’est l’arrivée d’un enfant. Un enfant a été engendré et/ou élevé par des procréateurs, qui ne sont pas forcément les parents, mais il y a toujours eu des parents. Le psychanalyste anglais Donald Winnicott dit qu’un enfant tout seul, un bébé tout seul, ça n’existe pas, car s’il est tout seul il meurt. 
Il a besoin de bras dès qu’il sort 
du ventre de la mère, de bras 
qui ne sont pas forcément ceux 
de la mère, mais il a besoin de bras pour vivre. À la différence 
des autres mammifères, comme 
un petit poulain ou un petit veau qui se débrouillent tout seuls dès 
la naissance, qui vont téter 
le sein de leur mère tout seuls. 
Le nourrisson humain non. La famille commence là. Qui s’occupe de ce nourrisson qui débarque ?

Le modèle PME – papa, maman, enfant – est pourtant celui 
que défendent les opposants 
au projet de loi…

Geneviève Delaisi de Parseval. Je pense que les gens qui ont défilé contre 
le projet de loi sur le mariage 
pour tous sont descendus dans 
la rue pour une cause qui n’est pas vraiment celle du défilé. La vraie question n’est pas l’homosexualité ou l’hétérosexualité, mais plutôt celle de la filiation. Qui est l’enfant de qui ? D’où vient l’enfant ? 
Est-ce que l’origine, c’est la filiation, 
l’ADN, la biologie, ou est-ce que l’origine, c’est plutôt quelque chose de l’ordre de l’histoire ? Ce sont deux questions fondamentales 
et qui n’ont pas été abordées dans le défilé des « anti ». Pourtant, l’homosexualité n’est pas inconnue des gens qui défilent contre, 
ni les familles recomposées 
ou monoparentales. D’ailleurs, 
les questions qui préoccupent 
les ministres en charge de ce dossier aujourd’hui sont celles soulevées par la procréation médicalement assistée (PMA) pour les lesbiennes puis par la gestation pour autrui pour les couples hommes, 
qu’il faudra bien aborder au nom du principe de non-discrimination. Personne n’ose trop le dire. 
Et personne n’est encore au clair sur la question de l’origine.

C’est pour cela que vous souhaitez que les lois de bioéthique soient remises à plat au moment 
de la discussion sur la PMA 
aux couples de femmes. Vous demandez d’ailleurs la levée 
de l’anonymat des tiers procréateurs. Pouvez-vous expliquer cette position ?

Geneviève Delaisi de Parseval. La loi de bioéthique a été votée en 1994, après dix ans de débats. Elle a été revotée tous les cinq ans jusqu’en 2011 sans un poil de changement. Et sur la question de la levée 
de l’anonymat, cela s’est joué à très peu. En octobre 2010, Roselyne Bachelot était d’ailleurs favorable à cette disposition. S’en est suivie, trois mois plus tard, une offensive parlementaire incroyable. Et 
le maintien de l’anonymat est passé. 
Depuis vingt ou trente ans, nous faisons appel à des donneurs pour les couples hétérosexuels infertiles. Ces donneurs sont des humains 
qui acceptent de donner du sperme 
ou des ovocytes de manière bénévole. Ces gens ne sont pas des étalons, ni des produits de laboratoire, mais de vraies personnes. Les receveurs sont, eux, des couples à qui l’on dit qu’ils reçoivent un don anonyme. 
Au départ, ils sont contents, 
ça les arrange. Quant aux enfants nés d’une insémination artificielle – les plus vieux sont aujourd’hui adultes –, ils se posent des questions. 
Ils ne cherchent pas un père, 
ils veulent savoir pourquoi ils ont les cheveux bruns, pourquoi ils ont de l’eczéma… Ces questions 
se posent pour l’adoption, mais 
la loi française permet désormais 
à ceux qui le souhaitent d’avoir accès à leur dossier d’origine dès la 
majorité. S’il n’y a rien dans le dossier, OK, mais s’il y a le nom des parents de naissance, on le dit. Pour certains, cela suffit. D’autres cherchent, et trouvent. En général, cela leur suffit de discuter avec leur mère ou leur père biologique, 
qui leur explique le pourquoi 
de leur abandon. Cela les conforte dans le fait que leurs vrais parents sont les parents qui les ont adoptés. Il n’y a rien de dangereux.

Vous réclamez donc cette même transparence pour les dons exercés dans le cadre d’une PMA ?

Geneviève Delaisi de Parseval. Oui. Ce que je veux dire, c’est que nous ne sommes pas des produits de ferme. Un sujet humain, né d’un homme et d’une femme, a besoin de savoir cela. Surtout, il est anormal qu’une institution le sache et ne vous le dise pas. Ces questions se posent pour le donneur, pour les parents et pour l’enfant. Ces gens se sont exprimés devant les députés pendant dix ans sans avoir été entendus.

Mais si on lève l’anonymat, 
n’y aura-t-il pas moins de donneurs ?

Geneviève Delaisi de Parseval. D’abord, la loi ne sera jamais rétroactive. Les gens qui ont donné resteront anonymes. Cela pourrait s’appliquer pour ceux qui donneront demain. Donneront-ils moins ? L’expérience de pays comme la Grande-Bretagne ou la Suède, qui ont levé l’anonymat, montrent que d’autres donneurs se présentent, mieux informés, plus réfléchis, et qui assument qu’à la majorité de l’enfant ou vers ses trente ans, quand il deviendra parent, celui-ci pourra demander à les rencontrer. Et pourquoi pas ? C’est un acte généreux, positif, il n’y a aucun droit ni devoir affairant à la paternité ou maternité. Les paillettes de sperme ne sortent pas d’un laboratoire, ni d’une pharmacie. Les ovocytes viennent de femmes qui ont trimé pour ça. Ce n’est pas comme du sperme. Il faut faire une induction d’ovulation (sorte de stimulation – NDLR). Respectons ces femmes. Que tout cela soit transparent, 
sans réification de personne. 
Au final, nous avons affaire 
à des gens qui veulent des enfants, 
il n’y a selon moi pas de danger. Pensons simplement aux enfants 
qui veulent savoir de qui ils sont nés. Le danger, c’est le silence et le secret.

Famille à tout prix, de Geneviève Delaisi 
de Parseval. Éditions du Seuil, 2008, 389 pages, 21 euros.

  • Lire aussi :

« Le mariage, juste une question de droits »
Sur le mariage, la gauche renoue sacrément les liens
Contre le projet Taubira, la droite ne désarme pas

Entretien réalisé par Maud Dugrand

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Prenez connaissance, je n’ai pas le temps de commenter…

Posté par jacques LAUPIES le 29 janvier 2013

Prenez connaissance, je n'ai pas le temps de commenter... dans POLITIQUE ansar_dine

 Copié dans le site de l’Humanité. A noter que le Qatar est impliqué dans l’opposition à Al Assad en Syrie. De quoi faire réfléchir sur une intervention en faveur de la coalition qu’il soutient dans ce pays, même si la coalition regroupe des forces démocratiques ! Souvenez-vous de l’Iran…et de la Lybie. Et soyez vigilant sur le Mali…

Monde –   humanite dans POLITIQUE le 28 Janvier 2013

Enquête. Mali

Le jeu trouble du Qatar au Mali

Mots clés : qatar ,           islamistes,           mali,           al qaïda,           AQMI,           intervention militaire,           ansar dine,           djihadistes,           mujao,           nord mali,           opération serval mali,           gao,           croissant-rouge,      

Bamako (Mali), envoyé spécial. Le minuscule et pourtant richissime émirat du Golfe n’est pas vraiment en odeur de sainteté à Bamako. En plus du soutien politique apporté au Mujao ou à Ansar Eddine, les autorités de Doha sont accusées d’avoir tenté de les légitimer à travers une bien étrange intervention du Croissant-Rouge qatarien.

Quel jeu trouble joue donc le Qatar au Mali ? Dans la capitale, Bamako, l’influence de l’émirat est au cœur des conversations, son ingérence réelle ou fantasmée dans les affaires africaines suscite la rancœur de nombre de Maliens et d’une large frange des dirigeants politiques. Les rumeurs les plus folles circulent à propos de son soutien supposé aux groupes islamistes qui occupent (ou occupaient) les villes du nord et y appliquent la charia, en particulier Tombouctou, Kidal et Gao. Chacun y va de son anecdote, évoque tel avion en provenance de Doha et atterrissant de nuit à Gao ou Tessalit pour y livrer des cargaisons suspectes.

Sadou Diallo, le maire de Gao, qui a rejoint Bamako une semaine après l’arrivée, au mois d’avril 2012, du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), a abondamment évoqué ce sujet dans différents médias, allant jusqu’à accuser le Croissant-Rouge qatarien d’être « allé à Gao ces derniers mois avec des ambulances bourrées d’armes » ! Lui qui avait donc quitté sa ville lorsque le Croissant-Rouge de l’émirat est arrivé à Gao aux alentours du 20 juin 2012, dans des conditions effectivement très particulières. « Leur comportement a été tout simplement inacceptable », soupire un humanitaire de la Croix-Rouge (CICR), basé à Bamako. « Non seulement ils sont passés par le Niger, sans visas maliens et sans coordonner leurs actions avec la Croix-Rouge malienne (1), comme c’est l’usage, mais ils ont entre autres, et de leur propre initiative, versé des salaires mirobolants à une partie du personnel de l’hôpital de Gao », pourtant sous contrôle des islamistes du Mujao, qui y avait établi son quartier général.

Dans l’univers feutré de l’ONG suisse née en 1863, où chaque mot est pesé, et dont la discrétion et la neutralité lui permettent d’accéder à des zones extrêmement sensibles (2), l’épisode qatarien a visiblement laissé des traces. Au point que le Croissant-Rouge de l’émirat, qui bénéficie d’une puissance financière ad hoc, n’est plus vraiment en odeur de sainteté dans le nord du Mali. Il devrait cependant pouvoir y retourner prochainement puisqu’un accord tripartite (3) a été signé à Bamako le 16 janvier dernier, lequel (re)formalise des usages que seuls les Qataris avaient du mal à appliquer.

Rachid El Krouty se plait de voir son organisation trainée dans la boue dans la presse

Joint par téléphone, le responsable du Croissant-Rouge qatarien nommé Rachid El Krouty (de nationalité marocaine), qui se trouve actuellement au Niger, dément avec force toute livraison ou tout transport d’armes, et se plaint de voir son organisation traînée dans la boue dans la presse, surtout française. Selon lui, l’ONG est même intervenue en toute légalité : « Nous étions en règle, les visas ont été obtenus auprès de la représentation diplomatique du Mali au Niger. Une collaboratrice de la mairie de Gao nous accompagnait et a assisté à nos distributions de vivres. On nous accuse d’avoir donné trop d’argent au personnel de l’hôpital, mais ces gens étaient très mal payés. » Quant à l’absence de coordination avec l’organisation sœur de Bamako, il assure qu’« un accord a bien été signé à Doha avec les responsables de la Croix-Rouge malienne ».

Pour donner (a posteriori) un peu de vernis « légal » à l’intervention plutôt rocambolesque de Gao, le Croissant-Rouge du Qatar n’a pas ménagé sa peine. Présent lors de ce voyage express, le secrétaire général de l’antenne de Bamako ne souhaite pas s’exprimer sur cette affaire, mais son président confirme avoir été convié à visiter les fastes de Doha le 30 juillet 2012, tout en réfutant avoir été plus ou moins contraint d’apposer sa signature sur un document qui incluait des clauses rédigées en arabe. Un accord de toute façon « sans valeur », corrige un autre responsable du CICR, essentiellement conçu pour « sauver les apparences ».

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Magnanime, l’émir Al Thani a lui aussi invité le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, quelques semaines plus tard (le 20 octobre 2012). L’objectif de la rencontre effectuée au cours d’une visite de quatre jours, selon un membre de la coalition pour le Mali (4), impliqué dans les négociations politiques pour résoudre la crise au nord, était de « faire comprendre à l’émir qu’il valait mieux être au côté d’un État plutôt qu’avec des groupes armés ». Et la même source d’ajouter que Sa Majesté Al Thani, niant toute accointance avec les djihadistes et s’assurant impuissante dans l’imbroglio malien, entendait en revanche apporter « une contribution exceptionnelle » au pays… « mais seulement après la crise ».

Faut-il pour autant accuser le Qatar d’avoir misé sur un écroulement des autorités de transition et espéré une prise de pouvoir par islamistes ? Au Mali, les appels permanents à un « dialogue politique » qualifié d’« important et nécessaire » par les autorités de Doha, ont en tout cas été interprétés comme autant de mains tendues à ceux qui appliquent la charia et les amputations en public.

Dans un pays « occupé » par des bandes criminelles et où l’intervention française a été globalement plébiscitée, les prises de position de l’Égypte, de la Libye ou de la Tunisie (dont les partis au pouvoir sont notoirement appuyés par le Qatar) ont néanmoins considérablement fait bouger les lignes, y compris au sein du Haut Conseil islamique du Mali.

Son président, Mahmoud Dicko, considéré comme proche de l’islam wahhabite importé d’Arabie saoudite et du Qatar, a ainsi organisé une conférence de presse à Bamako le 22 janvier 2013 pour clarifier sa pensée, précisant que le Haut Conseil « soutenait » l’opération « Serval ». « C’est le contraire (d’une agression contre les musulmans), a-t-il assuré. C’est la France qui a volé au secours d’un peuple en détresse, qui a été abandonné par tous ces pays musulmans. Et nous parler aujourd’hui de croisade ou je ne sais quoi, nous ne pouvons l’accepter. » Plus surprenant encore, Mahmoud Dicko n’a pas hésité à épingler le prêcheur vedette de la chaîne qatarienne Al Djazira, dont les positions épousaient pourtant les siennes il y a encore quelques semaines : « Nous sommes obligés d’analyser très sérieusement la chose, pour savoir si certains pays ne sont pas derrière. Je pense à des pays comme le Qatar, parce que la personnalité la plus influente du monde musulman qui a eu à dénoncer cette intervention s’y trouve aujourd’hui. »

Il s’agit tout de même de lire cette touchante déclaration d’amour à l’armée française à l’aune des clivages politiques qui traversent le clergé malien. Concurrencé par le prêcheur Chérif Ousmane Madani Haïdara – le principal opposant à la réforme sunnite importée du Golfe – dans le commerce très rentable du contrôle des âmes maliennes, Mahmoud Dicko a peut-être senti le vent tourner. D’autant que des élections (repoussées à cause de la crise) devraient renouveler en 2013 les instances du Conseil. Les autorités religieuses pourraient par ailleurs être tentées de s’impliquer dans le processus politique post-intervention « Serval », profitant de l’immense discrédit auquel doivent faire face les élus maliens, auprès d’un électorat qui s’est massivement abstenu lors des derniers scrutins.

Les autorités qataries avaient appelé à un « dialogue permanent » avec les forces occupantes du Nord

En toile de fond, le Mali souffre comme la plupart des pays musulmans de la bataille planétaire à laquelle se livrent entre elles les puissances sunnites et les pays passés sous l’influence de la théocratie chiite iranienne (Liban, Syrie, Irak), dont la montée en puissance est considérée, en particulier à Doha et Riyad, comme un danger mortel. À Bamako, une prise de guerre symbolique peut baptiser un pont (comme le King Fahd d’Arabie saoudite), qui enjambe une avenue (Cheikh Zayed des Émirats arabes unis), laquelle jouxte d’imposants buildings construits avec l’argent du colonel Kadhafi.

« Depuis la révolution islamique iranienne, la famille royale saoudienne a investi partout où des musulmans pouvaient éventuellement contredire sa légitimité sur les lieux saints de l’islam », souligne Alain Chouet, ancien haut responsable à la DGSE (lire entretien ci-contre) .

Les rivalités religieuses ne sont peut-être pas les seuls facteurs en mesure d’expliquer l’appétit que l’on prête au Qatar dans le nord du Mali, une zone prometteuse en matière d’exploitation pétrolière et gazière. Mais le plus étonnant demeure le silence des autorités françaises face à ces soupçons d’ingérence. Le Canard enchaîné, qui fut le premier (dès le 26 mars 2012) à accuser l’émirat de financer les groupes islamistes de Gao ou Kidal, en s’appuyant notamment sur des notes de la DRM (direction du renseignement militaire), s’est aussi amusé de l’absence de réactions publiques suscitées par ses révélations, autant de la part des autorités françaises que qatariennes. Par contre, relève l’auteur de ces enquêtes, Claude Angeli, « l’ambassadeur du Qatar s’est plaint de nos articles au cours de diverses réceptions diplomatiques ».

Au vu des sommes faramineuses injectées par l’émirat dans une économie française en quasi-récession, y compris dans les mastodontes du CAC 40 – Vinci, Lagardère, Veolia, Total ou encore LVMH –, l’embarras vis-à-vis des ambiguïtés de Doha (où se bousculent des personnalités de droite comme de gauche) se comprend aisément.

Le gaz, cœur de la puissance qatarie Jusqu’à la prise de pouvoir de l’émir Al Thani, en 1995, qui a destitué son propre père accusé de manquer d’ambition pour son pays, le Qatar ne s’était pas vraiment illustré par son activisme sur la scène internationale. Craignant une invasion militaire du puissant voisin saoudien, qui a toujours considéré l’émirat comme une excroissance de son propre territoire, l’émir obtient la protection des États-Unis, qui y installent un des plus importants dispositifs militaires du Moyen-Orient. Et s’il soutient toute entreprise d’affaiblissement de son autre turbulent voisin iranien, c’est que les deux pays piochent dans la même immense poche de gaz (North Dome/South Pars), laquelle a fait la fortune colossale du Qatar.

(1) Le Croissant-Rouge algérien, qui était présent dans le nord du Mali à peu près 
au même moment, avait par exemple agi 
en parfaite coordination avec la Croix-Rouge malienne.

(2) Le CICR était ainsi intervenu en 2004 
dans la prison américaine d’Abou Ghraib 
en Irak, lorsque les GI torturaient 
et humiliaient des prisonniers irakiens.

(3) Regroupant la Fédération internationale du Croissant-Rouge, le CICR, et la Croix-Rouge malienne.

(4) Cité par Jeune Afrique, 26 octobre 2012.

Lire aussi :

Alain Chouet: « L’émirat récolte ce qu’il a semé » au Nord-Mali
Nord-Mali : la « Boucle du Niger » sous contrôle malien et Français
Mali: « L’aide au développement plutôt que les armes » (opinion)

Marc de Miramon

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LUSTUCRU VA DEVOIR PAYER

Posté par jacques LAUPIES le 28 janvier 2013

Bravo aux travailleurs de cette entreprise et à son organisation syndicale la CGT. Nous publions le communiqué de la CGT qui invite à une Conférence de presse ce mardi 29 janvier.

 

 

Après le Conseil des Prud’hommes en 2008, la Cour d’Appel d’Aix en 2010, la Cour de Cassation en 2011, au mois de novembre 2012, la Section Industrie du Conseil des Prud’hommes d’Arles, s’agissant des délégués du personnel et au Comité d’Entreprise Ex-Lustucru, rendait son verdict, identique à tous les autres : leur licenciement, comme celui de tous les autres Ex-Lustucru qui l’ont contesté, est jugé, encore une fois : « sans cause réelle et sérieuse ».

Cette dernière décision est « sans appel » puisque la direction de PANZANI, qui a usé et abusé de cette possibilité, renonce à faire appel de cette décision, qui confirme toutes les autres, acte et valide définitivement la démarche syndicale forte portée par le Syndicat CGT Lustucru-riz, l’Union Locale CGT d’Arles, l’Union Départementale CGT et la Fédération de l’Agroalimentaire CGT pour la défense du potentiel industriel et des emplois qui en découlent.

Depuis mars 2004, date de l’annonce de fermeture de l’usine Lustucru d’Arles par le groupe financier PAI PARTNERS, propriétaire du site, les salariés avec leurs organisations, n’ont eu de cesse de dénoncer et de se battre contre une décision économiquement injustifiée et humainement méprisable.

UN « PETIT HISTORIQUE » S’IMPOSE :


18 mois d’occupation déterminée du site, un projet de Scop créant 90 emplois soutenu par le Conseil Régional, la Mairie d’Arles, le Conseil Général et la population arlésienne, se sont heurtés à une décision politique sans appel : PANZANI – PAI PARTNERS, le gouvernement et son ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie de l’époque Nicolas SARKOZY, ont volontairement sacrifié 146 emplois, 146 familles et le développement de la filière rizicole dans le nord du département, faisant fi de l’intérêt général au nom de la rentabilité financière, au nom d’une cupidité qui n’a d’égale que le mépris affiché pour des femmes et des hommes qui voulaient continuer de vivre et travailler en Arles.

18 mois de salaires arrachés à PANZANI par l’occupation de l’usine,

1 site de 11 ha arraché à PANZANI et cédé au patrimoine public, la municipalité d’Arles, pour l’€ symbolique, site dont certaines entreprises bénéficient aujourd’hui.

Une réparation financière arrachée à PANZANI

ne peuvent, ne pourront jamais réparer le préjudice subi depuis 8 ans par les ex Lustucru dont la plupart sont toujours dans une situation d’une extrême précarité.

Ce dernier jugement met également en lumière la nécessité de renforcer l’intervention des salariés, des organisations syndicales, au travers des Institutions Représentatives du Personnel tels que les Comités d’Entreprise.

En cela, l’accord dit de « sécurisation de l’emploi », que la CGT n’a pas signé, va à contre sens de l’intérêt des salariés, de leurs droits les plus fondamentaux sans qu’aucune mesure soit prise pour faire reculer le chômage et la précarité de l’emploi.

De nombreuses dispositions immédiates vont accélérer les licenciements, les rendre moins coûteux pour l’entreprise et moins facilement contestables par les salariés. Elles vont accroître la précarité et la pression sur les salaires, généraliser la mobilité professionnelle forcée, tout en réduisant les moyens actuels de défense devant la justice. Les pouvoirs de l’employeur seront renforcés et de plus en plus dépendants de son bon vouloir au sein de chaque entreprise. Si ce texte devait être retranscrit en l’état dans une loi, comme le gouvernement en a l’intention, cela provoquerait de graves répercussions sur la vie de tous les salariés.

En clair, si les dispositions de cet accord avaient été effectives en 2004, date de fermeture de l’usine, les salariés Ex Lustucru et leurs organisations syndicales CGT n’auraient jamais pu en contester les causes pas plus qu’en obtenir réparation financière !

Pour toutes ces raisons et pour vous informer très précisément, nous vous invitons à une

CONFERENCE DE PRESSE

Le Mardi 29 janvier 2013 à 17 H 30

à l’Union Locale CGT d’Arles

Bourse du Travail – 3 rue Parmentier

à laquelle participeront les délégués CGT Ex-Lustucru,

 

Nous vous remercions par avance de votre présence.

Recevez, Madame, Monsieur le Rédacteur en Chef, nos meilleures salutations.

P/les organisations CGT

Nicole DEDIEU

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Onfray dépasse les bornes et lance le bouchon un peu loin.

Posté par jacques LAUPIES le 27 janvier 2013

Onfray dépasse les bornes et lance le bouchon un peu loin. dans POLITIQUE 018-300x225

Onfray dans l'émission "on n'est pas couché" A quand un historien ou un philosophe se réclamant du marxisme

Je l’ai dit et répété : j’ai apprécié les conférences de Michel Onfray dans le cadre de son l’université populaire crée à son initiative à Caen.

Ses positions sur la pensée de grands intellectuels, notamment les plus adulés au cours du siècle précédent, font l’objet de critiques sévères de Sartre à Freud en passant par Simone de Beauvoir. le dernier en date étant apparemment le philosophe communiste George Politzer. Je n’ai pas les capacités requises pour entrer dans une discussion sur les concepts philosophiques que soutient Michel Onfray donc je m’en tiens à ce qui semble être une démarche globale de cet écrivain.

Il est incontestable que la manière qu’a Michel Onfray de traiter certains sujets politique prend parfois tournure de provocation. Evidemment les médias dont il est très souvent l’invité ne manquent pas de retenir tout ce qui peut déclencher la polémique. Il en résulte souvent de graves interprétations de l’histoire, des amalgames parfois intolérables.

Un argument de poids de Michel Onfray est qu’il prend appui sur les œuvres, les écrits des personnes qu’il met en cause, qu’il les lit vraiment et s’intéresse aux correspondances et actes concrets dans des situations historiques particulières. Je suppose que ses confrères ne diffère guère dans la méthode, sinon il y a de quoi s’inquiéter !

Michel Onfray explique qu’il faut aller à la source de l’œuvre des personnages qu’il met en cause ou dont il fait une présentation élogieuse, en rappelant leur comportement et leur prise de positions  parfois en inadéquation avec ce qu’ils prétendent être.

Par exemple Sade auteur incontesté de faits criminels, fait l’apologie dans ses écrits des pires délits, les transposant sur ses personnages. Selon Onfray il ne peut – être un révolutionnaire ou un abolitionniste sincère. Mais un simple imposteur. Sartre et Simone de Beauvoir subissent la même accusation d’imposture tout comme Freud. Dernière mise en cause mais ce n’est pas nouveau chez Onfray, Politzer et le PC présentés comme acquis pendant deux ans à la collaboration. La destruction du mythe de Guy Moquet considéré fusillé en tant qu’otage seulement. Pour preuve les tracts  qu’il distribuait auraient prôné quasiment la collaboration avec l’Allemagne nazie et non la résistance.

Ainsi un jeune de 17 ans fils de député communiste est arrêté parce qu’il est communiste, mais le Parti communiste est en situation de collaboration (selon Michel Onfray). Qu’à cela ne tienne il est otage et à ce titre on va le fusiller par mesure de rétorsion contre des communistes qui eux commettent des attentats contre l’occupant

Pour preuve il y avait le pacte germano soviétique et seule l’entrée en guerre de l’Union Soviétique contre l’Allemagne nazie peut expliquer la rage des Allemands et la prise de conscience de Guy Moquet.

Il faut le faire. Et Michel Onfray, digne des nouveaux philosophes des années 60/70 qu’il fustige aussi, croit bon à coup de raccourcis démolir le PCF. C’est son droit et que Michel Onfray règle ses comptes avec des intellectuels marxistes ou proches des thèses marxistes, l’est aussi (Foucault, Deleuze, etc.)

Pourquoi ? Cela relève sans doute de son attachement au mouvement libertaire (il nous parle de socialisme libertaire) Si ce n’était que cela on pourrait reprendre les débats entre ces courants plus ou moins anarchisant qui s’en réclament et les marxistes qui les affrontaient déjà dans la deuxième moitié de 19ème siècle.  On pourrait évoquer les fausses interprétations de Marx qui ont conduit aux dérives totalitaires et tenter une critique plus fouillée que ne le font les propagandistes du libéralisme économique et de la mondialisation capitaliste. Que ne manque pas de renforcer avec ses critiques sommaires le philosophe qui ne me laisse cependant pas insensible lorsqu’il reconsidère l’histoire de la philosophie.

Mais voilà il se veut redresseur de torts de pas mal de ses semblables, d’hier et d’aujourd’hui, et là  j’ai parfois le sentiment que pour lui la fin justifie les moyens ! Pourquoi en serait-t-il là ? Je vous le demande ?

Si je disais que Freud pourrait donner une réponse, on va me taxer de stalinien partisan des internements politiques en cliniques psy. Brrr.

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