Quand Jean-Marc Ayrault peine à convaincre (analyse) (et commentaire)
Posté par jacques LAUPIES le 29 septembre 2012
Pour Jean-Paul Piérot, rédacteur en chef del’Humanité, Jean-Marc Ayrault, qui a annoncé « une nouvelle cure de rigueur » pour 2013, a « peiné à rassurer les salariés » sur le front de l’emploi et « a trahi le plus d’embarras lorsqu’il lui fallu plaider pour le vote par le parlement du traité budgétaire européen », jeudi soir sur France 2.
La première émission Des paroles et des actes sur France 2 à laquelle participait le premier ministre Jean-Marc Ayrault intervenait dans un contexte d’intense actualité politique, sociale et économique qui nourrit l’inquiétude de millions de familles modestes et du monde du travail. Face à la hausse continue depuis seize mois du chômage qui affecte, a reconnu le chef du gouvernement, quelque cinq millions de personnes, à l’annonce de plans sociaux chez PSA ou SANOFI pour lesquels l’action du gouvernement semble se limiter à la protestation verbale, Jean-Marc Ayrault aura peiné à rassurer les salariés.
« Tout faire » pour l’emploi
Il a fustigé les menaces de fermeture des hauts fourneaux de Florange par Arcelor Mittal, mais s’est borné à indiquer que l’Etat chercherait un repreneur et « prendrait ses responsabilités » Ces bonnes intentions affichées risquent d’être accueillies avec une légitime prudence par les sidérurgistes lorrains qui se rappellent qu’une semblable détermination avait été exprimée par le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg à propos de la fermeture de l’usine PSA d’Aulnay. Sur le front de l’emploi, le Premier ministre a déclaré qu’il « ferait tout » pour commencer à inverser la courbe du chômage d’ici un an, comme l’a annoncé récemment François Hollande sur TF1.
Pas de hausse de la TVA et de la CSG
Le budget 2013, dont les grandes lignes doivent être dévoilées ce vendredi, sera marqué du sceau de « l’effort dans la justice ». Manière d’annoncer sans le dire une nouvelle cure de rigueur au nom de la volonté martelée par Jean-Marc Ayrault de « dire stop à la dérive de la dette et des déficits » A propos d’éventuelles hausses de la TVA et de la CSG, il a exclu de telles décisions dans le budget 2013. Le Premier ministre n’a pas écarté que des efforts puissent être demandés aux retraités à partir d’un certain niveau de pension pour financer les dépenses générées par la dépendance avec l’allongement de la durée de la vie.
« Tout ce qui compte, c’est le reste »
Sans doute le Pemier ministre a trahi le plus d’embarras lorsqu’il lui fallu plaider pour le vote par le parlement du traité budgétaire européen. Dur de trouver des vertus à un texte qui a été négocié par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy. Pour la première fois, il a reconnu que ce traité n’avait pas fait l’objet réellement de renégociation, ajoutant : « Mais ce qui compte, c’est tout ce qui va avec: le paquet croissance, le paquet perspective pour enfin faire que l’Europe ne soit pas seulement une zone de libre échange ».
Enfin, c’était une gageure impossible de se montrer convaincant en rejetant le recours au référendum, exactement comme l’avait fait Nicolas Sarkozy en 2008 avec le traité de Lisbonne. Jean-Marc Ayrault a plaidé pour un vote positif au parlement pour soutenir François Hollande et accusé les adversaires du traité austéritaire de vouloir en fait la sortie de l’euro. Ce qui est pour le moins une contre vérité.
COMMENTAIRE
L’UNION EST UN COMBAT (Slogan du PCF des années soixante)
Difficile pour un militant communiste qui a appelé à voter Hollande, même en disant haut et fort que c’était pour battre Sarkosy, de devoir passer son temps à mettre en garde contre l’insuffisance de la politique gouvernementale qui débouche nécessairement sur l’amalgame avec l’ancien Président.
On s’entend dire : « alors c’est pareil qu’avec la droite », « au moins avec la droite on sait à qui l’on a à faire, là c’est l’illusion permanente », etc. Quand le peuple est mécontent il y a toujours une fraction qui oscille d’un camp à l’autre ! Le tort cependant serait de croire, sauf dans de grandes périodes révolutionnaires, que le bouleversement va être massif. Car s’il risque de l’être et menace la classe dominante, celle-ci sait fort bien trouver des voies de garage pour cette fraction qui prenant trop d’importance et risquerait de provoquer une sorte de révolution dans la mesure où, nombreuse, elle ne peut plus être contenue.
Tant que ces offres de voie de garage du type FN, voire d’une extrême gauche bornée, peuvent appaiser et réduire la pression du changement nécessaire et du système économique conservateur (en l’occurence du capitalisme) et des rapports sociaux qu’il engendre (rapport d’exploitation plus aigues, plus inhumains, basés sur la mise en exergue et l’utilisation de toutes les différences de classes, de catégories, d’origines etniques, etc.) tant que ces offres existent, la diversion est possible et le conservatisme prend appui sur des réflexes électoraux d »apparence modérés ! Quitte à recourir la aussi à des offres nouvelles du même type (opération Bayrou que je compare toujours à celle de Lecanuet qui dansles années 60 tentait la récupération centriste face aux difficultés du gaullisme et à la pression communiste)
Mais même affaiblies les droites ont leurs fidèles, tout comme la social démocratie, qui se cramponnent l’une et l’autre, par tradition parfois quasi familiale. La première très coopérante avec la bourgeoisie dont elle est l’émanation, l’autre plus réservée, dans cette coopération (on appelait cela collaboration de classe) eu égard aux petites exigences de sa base électorale. Et ça marche !
La droite dite « traditionnelle » ou « libérale » (qualificatifs très approximatifs) lance le bouchon du libéralisme économique le plus loin possible (rappel à Sarkosy) jusqu’où l’extrême droite à sa portée, la gauche social démocrate (Hollande) lance le bouchon de la collaboration de classe jusqu’où l’extrême gauche a sa portée.
S’il y a danger d’aller au delà de la limite, par exemple en organisant un référendum sur l’Europe, les deux joueurs préfèrent ne pas la dépasser, et s’arranger entre eux !
L’offre en la circonstance permet de retrouver les fidèles de chaque camp qui n’en sont plus à une couleuvre près. Car j’en reviens à l’électorat qui nous sert des « vous voyez bien que la crise oblige à des sacrifices » argument Copé ou Fillon où encore « il faudra du temps, l’héritage est lourd, trop lourd » argument d’Ayrault et ses ministres qui a tout de même sa part de réalité.
Et les médias se régalent autour de ces deux arguments ! Les plateaux de télévisions nous en rabatent les oreilles au point que toute autre analyse est effacée, jugée dépassée et inopérante !
Pour nous le PS n’est pas l’UMP (comme le prétend le FN mais jusqu’à quand pourra-t-il le dire, courtisé par ce dernier ?) mais on peut faire mauvais usage de leur différence pour maintenir la domination capitaliste, ce sur quoi nous mettons en garde les électeurs socialistes.
J’en rencontre tous les jours qui me disent : « tu avais raison » ou, moins culpabilisés qui s’associent à ce qu’ils croient-être une déception partagée avec celle que bien à tort ils me prêtent. On ne peut-etre déçu que si l’on n’a pas prévu ou envisagé !
Faut il les mettre à nouveau en garde, ces électeurs, contre des irréductibles dirigeants, comme il y en a dans tous les camps, qui vont inlassablement justifier l’injustifiable pour demain, à une prochaine élection locale par exemple, en prenant avec la droite un train à petite vitesse où à l’inverse en les embarquant dans une fusée sol air (sic), tentant une fois de plus de les éloigner de toute démarche constructive d’union de la gauche ?
Mieux vaut poser la question avant l’endormissement que de l’expliquer après le réveil douloureux…
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