Et si on parlait de « Nouvelle Démocratie » et de « Nouvelle société »
Posté par jacques LAUPIES le 28 juillet 2011
Il pense donc il est…
La démocratie pour être la mieux appliquée possible nécessite en priorité que chacun puisse donner et soumettre son point de vue pour qu’au niveau ou elle s’exerce (groupe, parti, institutions diverses, nation, union d’états ou états unis, et demain, espérons-le, planète tout entière) il ait accès à la connaissance et à la liberté d’expression.
Mais ces mêmes conditions en supposent d’autres essentielles c’est qu’il y ait égalité dans la possibilité d’exercice de ces droits : des conditions matérielles de vie excluant toute aliénation.
Le salarié modeste et parfois moyen, le paysan qui trime toute l’année pour produire ses fruits et légumes, le commerçant accablé par la concurrence et l’insuffisance de pouvoir d’achat grandissante, ont de la peine à s’informer autrement que par l’accès facile aux médias, notamment à la télévision. Le poids des obscurantismes, des peurs entretenues, paralysent les esprits critiques. Ils rendent plus sensibles aux apparences qu’au fond des choses.
Devant l’évidence des injustices, la culpabilisation est entretenue : « il y en a de plus malheureux que nous, ne nous plaignons pas trop ! » Il en résulte souvent démission ou soumission et quand n’y tenant plus, la révolte habite les opprimés, elle s’exprime sans projet cohérent et à la merci de toutes sortes de manipulations.
Pour les moins défavorisés, ou même en position confortable, toute idée de changement les effraie à la seule pensée de perdre leur position.
Autant de phénomènes qui éloignent des analyses objectives conduisant à des solutions de mise en œuvre de solidarités dans l’action (le travail, la gestion de la cité, etc.) car par delà la conscience du bien commun demeure enfoui en chacun le besoin de satisfaction des désirs immédiats, la sortie des échecs par des voies individuelles contre une société qui ne nous apporte pas ce que nous espérons.
La démocratie souffre de tout cela qui donne à ceux qui sont en position de domination la possibilité de manipuler. Ainsi elle peut devenir un instrument d’oppression sous des apparences libertaires. Laissant la place à la tyrannie : César ne valait-il pas mieux pour la plèbe que la république des riches ?
Nombre de dictateurs modernes jouent ce registre où le populaire sert leurs ambitions politiques et celles – plus économiques – des castes qui les entourent.
On assiste à cette démarche toutes droites confondues, extrême ou pas. A gauche certains rêvent, sous des formes modernes d’un triomphe à la Spartacus où les foules les plus exploitées se rallieraient à un groupe de gladiateurs en rébellion.
La solution n’est ni dans l’utilisation tronquée de la démocratie où seulement, sous l’égide du suffrage universel, un cinquième de l’électorat trouve le pouvoir, ni dans le grand soir qui peut conduire à une situation pire et sans issue. Elle est bien dans un suffrage universel à la proportionnelle qui place les forces vives de la nation au sein d’une assemblée nationale, où chaque parti (expression organisée des différents intérêts du peuple) aura, y compris avec des appuis populaires constants, le devoir et le droit de légiférer et de contrôler le gouvernement qui en sera nécessairement l’émanation.
Alors, me direz-vous, comment comptez vous l’imposer, en l’état actuel de nos institutions et compte tenu que las partis politiques dans leur majorité ne préconisent pas ce passage à un système électoral de ce type.
Républicain je vous répondrais : par le peuple ! S’il s’empare de ce mot d’ordre il en est seul capable. Il a seul la légitimité et le moyen pour que cela se fasse, quelles que soient les formes à utiliser. Et elles ne peuvent-etre que pacifiques !
Compter sur les effets d’une révolution spontanée et dépourvue d’objectif précis est un leurre. Par contre faire pénétrer l’idée que les institutions actuelles sont dépassées et qu’elles doivent-être remplacées par ce que viens d’énoncer, qui revient à élire une assemblée constituante qui comme le suggérait Rousseau, ne devait en aucun cas devenir législative, ne peut que trouver l’assentiment de tous. Certes les effets de classe, les affrontements qui en résulteront, le poids de l’argent, la corruption matérielle et intellectuelle seront toujours là pour empêcher la véritable émancipation populaire, mais la force du peuple est irrésistible. Encore faut-il qu’il l’exerce dans le sens de ses intérêts avec vigilance et unité.
Cela demande un travail en profondeur, une implication populaire sans précédent, à la hauteur des grandes révolutions qu’a connu la France, et ne soyons pas chauvins qu’ont ou que connaissent d’autres pays. Mais le peuple doit savoir ce qu’entend défendre comme objectif cette révolution que certains ont baptisé de citoyenne.
L’élection présidentielle peut être un temps pour favoriser cette prise de conscience qui doit créer les conditions de l’intervention populaire souveraine car rien ne sera possible avec le simulacre de démocratie que constitue la Vème République.
Serait-il compliqué, pour commencer, de dire à l’issue d’une élection présidentielle :
Elu je dissoudrais l’assemblée nationale et je ferais procéder à l’élection d’une assemblée constituante dont la mission serait de rétablir la souveraineté populaire pour permette d’atteindre des objectifs économiques, sociaux et culturels précisés, dans le cadre d’une juste répartition des richesses. Primat de l’intérêt général et collectif sur l’intérêt particulier et individuel.
Serait-il incompréhensible de dire : je décrète dans l’attente de la nouvelle constitution 3 secteurs d’orientation où s’imposent des mesures essentielles et immédiates et qui concernent.
1 – LE BUDGET DE L’ETAT
POUR LES RECETTES
- Le contrôle des banques à qui je fixe des objectifs clairs en matière d’utilisation de leurs avoirs (crédits à l’investissement productif des entreprises, soutien aux services publics, rémunération correcte de l’épargne populaire, etc.)
- Une fiscalité élaborée en fonction des revenus des personnes mais aussi de ceux du capital (bénéfice des entreprises, actionnariat, rente, produits du patrimoine, etc.) garantissant les ressources nécessaires à l’état et aux organismes de Sécurité sociale (santé, logement, garantie de ressources en cas de perte d’emploi, de situation de formation et d’études, etc.)
POUR LES DEPENSES
- Augmentation générale des salaires dans la fonction publique (avec institution d’une hiérarchie de 1 à 15)
- Affectation immédiate d’une dotation conséquente à la protection sociale, à la santé, à l’éducation nationale et à la recherche, à la justice et à la police (secteurs vitaux pour garantir le développement de la nation)
2 – L’ENSEMBLE ECONOMIQUE SOCIAL ET CULTUREL DU PAYS
- Augmentation générale des salaires que provoquerait une augmentation du SMIC à 1600 € net qui relève de la responsabilité de l’état et sur lesquelles les entreprises devraient négocier et élaborer des augmentations générale de salaires.
- Indexation des minimas sociaux à un niveau inférieur au SMIC mais valorisés (par exemple minimum vieillesse à 1200 €, institution d’une allocation d’autonomie pour les jeunes en formation à 900 € et pour toute personne sans emploi, non indemnisée à ce titre mais en capacité de suivre une formation ou des stages en entreprise) Le principe d’inactivité étant à proscrire
- Mise en élaboration par des débats citoyens des grands sujets concernant, l’éducation et la formation professionnelle, la santé, la sécurité sociale, la police, la justice, l’armée.
- Dans le cadre des institutions : débat sur la garantie des libertés individuelles, la démocratie dans la société (au sein des institutions et des collectivités publiques par l’élection des instances dirigeantes mais aussi dans l’entreprise par des pouvoirs étendus aux Comités d’Entreprise, déjà existants et en capacité d’intervenir dans le contrôle de la gestion)
3 - LA POLITIQUE INTERNATIONALE
On ne peut pas construire une nation et la consolider hors d’une action sur le plan international :
- Sur le plan économique en établissant des partenariats et des coopérations libérés du carcan des marchés financiers et de la pression des entreprises multinationales.
- Sur le plan social en incitant à l’harmonisation des systèmes de protection sociale
- Sur le plan politique en prônant et en respectant la non ingérence dans les affaires intérieures, ce qui ne saurait exclure des prises de positions unilatérales ou au niveau de l’organisation des nations unies en bannissant hors de cette institution nationale toute intervention militaire
- Ces orientations doivent être défendues au plan européen au sein duquel la France est une force non seulement économique mais aussi politique, pour faire de l’UE un lieu de coopération économique et d’action pour la liberté et la paix dans le monde.
Pourquoi en dire plus et en proposer confusément plus à un peuple qui veut la prise en compte de ses intérêts et, pour grand nombre, être dégagé de ses souffrances et de sa mise à l’écart ? Il y aurait là de quoi faire, de quoi mobiliser, plutôt que, comme le font nombre de politiques dans ce pays, de noyer le poisson dans des querelles, des discours d’apparatchik de toutes sortes que les médias relaient généreusement quant ils sont sur ce registre.
Ne serait-il pas nécessaire simplement de lui dire qu’il s’impose à lui-même l’obligation d’intervenir par le vote, mais également par l’action révolutionnaire, et donc de se mettre en condition de réflexion et de choix pour son avenir sans tarder ?
Nous sommes des millions, encartés ou pas, électeurs ou abstentionnistes, à attendre que perce celui, celle ou ceux qui seront capables de cesser de naviguer à vue et seront les vrais porte parole de la volonté populaire de changement qui ne demande à qu’a s’exprimer dans la cohérence !
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