Marcel Ginoux s’en va
Posté par jacques LAUPIES le 30 octobre 2010
Nombreux ceux qui sont venus rendre hommage à Marcel Ginoux dont le Maire de Noves puis Louis Minetti Sénateur communiste honoraire et Pierre Dhareville Secrétaire de la Fédération du PCF
J’ai déjà eu l’occasion, hélas, de parler de Camarades disparus. Marcel Ginoux était pour moi un Camarade que j’ai cotoyé surtout dans les premières années d’une activité qui a fait que je n’ai pas entretenu de relations militantes continues avec lui. Cependant je ne peux oublier son regard clair et chaleureux que j’ai rencontré trop rarement. A la fois interrogateur et convaincant.
Mais malgré cela je voudrais dire une dernière fois de Marcel Ginoux et à d’autres qui,comme moi le tenaient en grande estime, qu’il fut de ceux qui me rappellent l’admiration que je ressens à l’égard de cette génération de communistes qui précéda la mienne. Il fut de ceux qui suscitèrent en moi le plus grand respect par l’exemple qu’ils me donnaient.
Je dis cela parce qu’à cette génération l’on adresse parfois des reproches que certains historiens ou autres intellectuels et « créateurs » tendent à accentuer dans leurs écrits, dans leurs discours ou dans leur œuvres. Les communistes auraient été empétrés dans les contradictions du pacte germano soviétique, résistant sur le tard, imbu d’opportunisme politique au lendemain de la libération, voire assoiffé de pouvoir et de vengeance.
Et bien entendu on les qualifie systématiquement de staliniens ne sachant ou ne voulant pas savoir ce que signifiait dans le contexte de la guerre et de l’après guerre, un attachement à l’image que donnait l’Union Soviétique : liquidation de l’oligarchie tsariste, victoire déterminante contre le fascisme et ne l’oublions pas, rempart contre l’impérialisme capitaliste mondial ! Certains vont penser que le décès d’un militant n’est pas propice aux réflexions auxquelles je me livre.
Mais c’est précisément parce qu’il a assumé avec coeur et intelligence des fonctions d’élus au plus près de la population de sa ville, toujours présent là ou il fallait lutter pour défendre des catégories sociales menacées dans leur intérêts économiques et souvent en voie de disparaitre en tant que telles, qu’il faut évoquer ce douloureux évènement que constitue son décès et rappeler ce qu’il était comme l’ont fait ceux qui lui ont rendu hommage.
Parce que cet homme comme tant d’autres citoyens français a pris de risquer sa vie pour délivrer la France occupée et en finir avec le nazisme en s’engageant dans les forces françaises libres. Il a ensuite œuvré avec abnégation au combat politique pour répondre à son aspiration à une société plus juste. Oui il est vrai que par delà la tristesse que j’ai pu éprouver devant ce cercueil qui méritait au plus haut point qu’on le couvrit d’un drapeau tricolore ressurgit cette inquiétude de l’oubli, non pas seulement des hommes d’une génération, mais de ce que nous devons à cette génération !
Me voici, après leur combat qui pénétra mon enfance, révolté devant les amalgames auxquels se livrent des politiques, des hommes de médias et autres . Même masqués de grands airs de démocratie, de liberté, voire des droits de l’homme ils bafouent les grands principes « rousseauériste » de la révolution autant que des étapes considérablement progressistes du Front Populaire et celles qui suivirent la résistance.
Même s’il faut évidemment condamner avec fermeté toutes les fautes et bien plus, cela va de soi, les crimes impardonnables commis au nom de l’idéal communiste, dans d’autres pays dont l’histoire a toujours une particularité, il faut aussi réhabiliter, donner en exemple tous ces militants, ces combattants lesquels en dépit de la domination économique d’une classe impitoyable et non exempte des pires atrocités, lui ont résisté.
En France dans les périodes les plus sombres de l’occupation allemande et dans les années qui ont suivi, des communistes, et Marcel Ginoux fut de ceux là, ont apporté dans par leurs pensée et leurs actes, bien plus que ne l’ont fait d’autres souvent prisonniers d’appartenances politiques trop exposées à la domination de l’argent. Le danger est toujours présent et Marcel, j’en suis sûr parce qu’il fit preuve d’opiniâtreté dans le désir de communiquer son idéal, en était parfaitement conscient.
Un certain académicien, Gabriel de Broglie a écrit « l’histoire ne se répète pas mais ses rendez-vous se ressemblent » Cela me convient assez bien et une vie d’homme peut le prouver si tant est qu’on ait la sagesse de la comprendre.
Je suis de ceux qui ne disent pas adieu ni au revoir à un défunt. Mais la mémoire est là. Elle est notre richesse pour aller de l’avant. Elle se transmet.
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