Je vais vous faire une confidence !
En 1956 dans les arènes de Nîmes, je crois que c’était le 14 juillet, alors que s’ouvraient des manifestations pour fêter cette journée, la Marseillaise fut entonnée par une fanfare et comme il se doit tout le monde se leva pour saluer l’hymne national.
Eh bien je suis resté assis ! J’avais vingt ans ! Non seulement mes copains, de mon âge, présents à ce moment là eux-mêmes en furent offusqués. Quelques personne plus âgées s’approchèrent et marquèrent leur réprobation. Finalement j’ai du me lever.
En fait je ne me rappelle plus très bien de ma réponse mais ce dont je suis sur c’est de leur avoir indiqué que mon geste était une protestation contre ce qui, trois mois plus tard, allait me concerner : devoir partir en Afrique du Nord pour le cas échéant faire la guerre (beaucoup à l’époque parlaient de »maintien de l’ordre » ). Ce qui d’ailleurs fort heureusement, à l’inverse de mes nombreux camarades de travail ou d’enfance, me fut épargné puisque je devais rester vingt sept mois au Maroc à l’abri de cette guerre. D’autres n’eurent pas cette chance et s’ils n’y laissèrent pas leur vie en revinrent meurtris.
Mon irrespect pour l’hymne national, et cela je m’en souviens très bien, n’avait d’autre but que de dire à ce qui m’entouraient : quand vous vous inclinez devant La Marseillaise vous avez du mépris à mon égard car vous êtes complices d’un état qui se moque de sa jeunesse et m’envoie à l’abattoir.
Ma détermination résultait de mes premiers contacts avec jeunes ouvriers algériens durement exploités sur les chantiers de renouvellement des voies de chemins de fer, des premières explications que m’avaient apporté des militants communistes. Mais ce geste était improvisé à ma seule initiative.
Je me trompais assurément de symbole ! La Marseillaise ne représente pas la politique d’un état mais l’esprit de la révolution républicaine et de ses valeurs. Je n’avais pas perçu encore cela.
En est il autrement de ces jeunes qui la huent dans un stade ? Je répondrai clairement non ! Cette jeunesse a quelque chose à dire. Elle le dit peut être mal alors Messieurs les ministres et élus (de droite et parfois de gauche) qui jouaient les vierges effarouchées, avant de penser répression et interdiction de stade, pensez à l’éducation et au travail pour les nouvelles générations.
Certes votre façon de la tuer n’est plus celle d’il y a cinquante ans mais votre indifférence, forme de cruauté est bien présente (même si inconsciente pour certains) et elle les fait souffrir.
Un cri de souffrance ne se réfléchit pas ! Dommage que la Marseillaise en fasse les frais ! Mais d’autres la bafouent bien plus hypocritement en osant la chanter.